la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT
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Bilan Sur le coup, je me sens complètement frustrée par cette dernière séance qui n’en a pas été une. J’aurais aimé qu’il se passe des choses en rapport avec la musique, que Mme C puisse s’exprimer, dire, chanter ou jouer ses angoisses, ses craintes, ses contrariétés. J’ai le sentiment que cette séance a été bâclée, que j’aurais pu et que j’aurais dû mettre des mots sur les comportements de Mme C, l’aider à s’exprimer par des questions… Avec un peu de recul et après avoir parlé avec la psychologue et avec une maîtresse de maison qui connaissait bien Mme C, je réalise au contraire que Mme C s’est beaucoup exprimée aujourd’hui, même si ce n’est pas du tout de la façon dont je l’aurais souhaité. Mme C a énormément été marquée par l’abandon, l’abandon de son mari qui lui rend à présent visite seulement deux à trois fois par an et toujours accompagné d’une autre femme et qu’elle a probablement vécu la fin de nos séances comme un nouvel abandon. Elle a donc tenté de réduire, de rabaisser le travail que nous avons fait ensemble pour ne pas montrer à quel point il est douloureux pour elle de perdre tout cela. Je regrettais lors de la séance précédente de ne pas avoir pu parler à Mme C du fait qu’il s’agissait de l’avant-dernière fois que nous nous rencontrions, mais en réalité, son comportement qui ressemblait beaucoup à celui qu’elle à eu aujourd’hui permet de supposer qu’elle avait ressenti que la fin approchait. Son comportement de fuite à l’autre bout de la salle ou à l’autre bout du cantou n’est pas sans m’évoquer le récit des visites de son mari que m’a fait la maîtresse de maison, à savoir que lorsque son mari arrive avec sa nouvelle compagne, elle va se réfugier dans le fond de la pièce et reste muette et immobile. Depuis six mois, même si de nombreuses fois, Mme C a refusé de venir en séances ou une réunion m’a empêché de la prendre, je viens la voir toutes les semaines, je m’intéresse à elle et je lui consacre une demi-heure, un temps qui lui est exclusivement réservé. En plus d’être là pour lui permettre de s’exprimer, je suis son unique visite, une visite régulière qui n’a à peu près jamais manqué. Sa réaction violente peut donc aisément s’expliquer si l’on considère qu’elle a réalisé que ces visites allaient brutalement s’interrompre pour ne plus jamais se reproduire. 63
4. REFLEXION 4.1. L’apport de la musicothérapie pour Mme C Après ces douze séances, riches en événements plus ou moins encourageants, chargés en tout cas d’éléments pas toujours faciles à comprendre, il me paraît nécessaire de revenir sur les questions que j’avais soulevées au début de ce travail ainsi que sur les objectifs que je m’étais fixés en début de stage pour la thérapie de Mme C. Que c’est-il réellement passé si l’on tente d’avoir un regard global sur l’ensemble de la prise en soin ? Mes objectifs ont-ils été atteints ? Suis-je parvenue à répondre aux questionnements que je m’étais faits ? Que puis-je tirer de cette expérience pour mon métier futur ? Ma problématique touchait principalement la communication. Mme C s’avère être une personne au discours généralement complètement incohérent, de plus, elle est très agitée et elle est souvent dans l’opposition. La question d’entrer en communication m’est donc directement apparue comme principale. Dans les premières séances, on se rend très vite compte que Mme C n’est pas à l’aise avec les instruments. Il est difficile de dire si c’est leur maniement qui lui pose problème, ou simplement leur son (Mme C me dit à plusieurs reprises que je l’énerve quand j’utilise un instrument pour attirer son attention.) La question que je me suis posée au début de ce travail de savoir comment décider de quelle technique adopter s’est en réalité résolue de manière simple et évidente. Mme C ne voulait pas des instruments, par contre, elle battait volontiers des mains en écoutant une musique, et c’est elle-même qui a spontanément introduit le chant au bout de quelques séances. De même, il est très vite apparu évident qu’il était à peu près impossible de mettre en place un exercice réglementé avec Mme C, c’est donc le moyen de l’improvisation qui s’est imposé de lui-même. L’un de mes objectifs était de permettre à Mme C de développer sa créativité et il ne fait à peu près aucun doute que cet objectif ait été atteint. Mme C a su improviser, faire preuve d’inventivité, créer de nouveaux rythmes en frappant dans ses mains. Au prise avec une maladie comme celle d’Alzheimer qui retire peu à peu à l’individu toutes ses capacités et donc toute possibilité d’exprimer ce qu’il est, ce qu’il ressent, l’empêchant de se sentir gratifié, la possibilité d’improviser musicalement est un moyen considérable de redonner sa dignité à la personne, de la faire se sentir encore maîtresse de sa vie, capable de produire quelque chose qui peut lui paraître beau. Par ailleurs, j’ai déjà évoqué le sujet de l’agitation au cours de ma revue bibliographique et je me demandais comment composer avec l’agitation avec Mme C qui est une personne particulièrement agitée, qui bouge beaucoup, reste rarement en place. Cela rejoint aussi le sujet de l’attention, Mme C ayant d’énormes difficultés à focaliser son attention sur un objet. Si dans son milieu habituel sur le cantou aucune différence de comportement n’a été notée, on constate qu’au fil des séances, hormis les dernières dont nous reparlerons plus tard, Mme C est capable de rester concentrée sur ce qu’elle fait de plus en plus longtemps sans même sembler en éprouver de la difficulté ou de l’ennui. 64
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Avec un peu de recul et après avoir parlé <strong>avec</strong> <strong>la</strong> psychologue et <strong>avec</strong> <strong>une</strong> maîtresse de<br />
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