la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT
la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT
Séance 9 Mardi 21 avril, 14h30 : durée 20 minutes. Objectif : Après ces deux semaines de vacances sans séances, il faut permettre à Mme C de retrouver ses repères. Pour cela, je compte reprendre mon principe de faire entendre à Mme C une musique diffusée lors de la séance précédente et d’en introduire une nouvelle. Je me pose la question de rediffuser une nouvelle fois la symphonie du nouveau monde, qui a été écoutée plusieurs fois déjà et qui pousse facilement Mme C au jeu et à l’improvisation. En effet, lorsque j’ai introduit la musique de Gjallarhorn lors de la séance précédente, Mme C ne semblait pas du tout à l’écoute et je me demande si le fait de la rediffuser produira un rappel. Néanmoins, je crois que le fait qu’elle ne semblait pas attentive ne signifie pas forcément qu’elle n’a pas entendu et je décide de n’utiliser Dvorak que s’il devient vraiment nécessaire de recapter l’attention de Mme C ou de la sécuriser. Aujourd’hui, je choisis d’introduire la marche pour la cérémonie des turcs de Lully pour sa mélodie simple et qui se répète beaucoup (CD en annexe piste 9). Je découvre à mon retour des vacances que Mme C a changé de cantou pendant mon absence. Elle est désormais au cantou Mozart, au rez-de-chaussée. Je m’en étonne particulièrement car c’est une personne terriblement désorientée, qui a très peu de repères et je crains que ce changement la perturbe complètement. De plus, ce changement s’est fait juste après mon départ en vacances, ce qui signifie que deux semaines sont passées sans séances pour pouvoir exprimer les sentiments que ce chamboulement lui inspire. J’apprends que c’est à la demande de son mari que ce changement a été fait, car le prix de l’ancienne chambre de Mme C était trop élevé pour lui, mais j’ignore si Mme C a eu connaissance que la décision venait de lui. Lorsque j’arrive au cantou Mozart, je trouve Mme C sur la terrasse, entourée de deux compagnes de son ancien cantou qui sont venues la voir. Dès qu’elle me voit, Mme C vient vers moi, prend mon visage dans ses mains et dépose trois bises sur mes joues, une chose qui n’était jamais arrivée auparavant. Je lui demande si elle souhaite venir en séance de musicothérapie, elle me dit oui et c’est elle qui prend spontanément mon bras, encore une chose qu’elle n’a jamais faite jusqu’à présent. Lorsque nous arrivons devant la porte de sortie du cantou, je cherche de la main le boîtier pour le code, mais comme je connais mal le cantou, je cherche du mauvais côté et c’est Mme C qui me dit : « C’est de l’autre côté. » De manière générale, elle parle plus qu’à l’ordinaire et elle est davantage présente, par exemple quand je lui demande si cela lui convient de descendre les quelques marches qui se trouvent à la sortie du cantou ou si elle préfère le plan incliné et où elle me répond très clairement. Une fois dans la salle de musicothérapie, c’est elle qui m’entraîne par le bras vers nos places habituelles. Elle semble également plus calme qu’à l’ordinaire. Je commence la séance en lui parlant de son déménagement, je lui demande comment elle se sent. Elle me répond qu’elle se sent bien, même s’il y a des … (Je ne parviens pas à saisir le terme, mais apparemment, il y a quelque chose qui la contrarie), mais elle me répète qu’elle est bien. 53
Je me mets à chanter le chant du bonjour et presque aussitôt, elle se met à chanter la mélodie avec moi, c’est la première fois qu’elle le fait. Quand j’ai terminé, elle me dit : « C’est bien calé. » Il est vrai que cette chanson est très carrée, tombe bien sur les temps et a une fin dont la mélodie est assez prévisible. J’explique ensuite que je vais diffuser une musique que nous avons déjà entendue et que nous pouvons jouer, chanter et même danser comme nous voulons sur la musique. Je remarque que, comme c’est déjà arrivé plusieurs fois, quand je chante mes consignes, elle rit légèrement. Mme C écoute un petit moment la musique, puis elle se met à battre la pulsation dans ses mains, je la suis. Au bout d’un moment, elle double le rythme, puis elle reprend un peu plus tard sa pulsation simple. Par contre elle n’improvise pas. A un moment, elle s’arrête de frapper dans ses mains et elle me demande si je vais danser ce soir. Je lui réponds en lui demandant si elle, elle a envie de danser. Elle me dit qu’elle ne saurait pas. Je lui dis qu’elle peu toujours essayer et je me lève pour l’encourager, mais elle reste assise. Lorsque la musique se termine, je lui demande si cela lui a fait penser à la danse, elle me répond que oui. Je lui demande si elle dansait quand elle était plus jeune, elle me dit que oui, puis elle me parle du fait qu’elle connaissait des danses, elle parle de plus simples et de plus compliquées, je ne comprends pas entièrement tout mais je suis étonnée de me rendre compte qu’elle est resté dans le sujet de ma question pour sa réponse, une chose qu’elle n’arrive presque jamais à faire à son stade de la maladie. Je propose que nous reprenions ce que nous venons d’écouter, mais sans la musique et elle dit : « Sans la musique ? C’est beaucoup plus intéressant. » Je me mets donc à chanter la mélodie et elle se met à frapper des mains en rythme. Nous continuons ainsi un moment, puis je cesse de chanter et nous nous lançons dans une improvisation en frappant dans nos mains. Je remarque que Mme C est particulièrement à l’écoute aujourd’hui, car dès que je propose un changement de rythme, elle me suit et s’adapte facilement. Mais c’est souvent elle qui propose des changements et des nouveautés au cours de l’improvisation. Nous passons d’un rythme binaire à un rythme ternaire, une sorte d’imitation d’un pas de cheval, puis nous retournons sur quelque chose de binaire. Nous jouons sur des accélérations du rythme, j’essaie aussi de jouer à contre-temps d’elle et elle parvient à conserver parfaitement le rythme. Je propose ensuite de jouer du piano et qu’elle m’accompagne comme elle le souhaite. Je reprends au clavier la musique de Gjallarhorn et aussitôt, elle se met à frapper dans ses mains, mais comme durant le morceau et contrairement à ce qui s’est passé juste avant, elle n’improvise pas du tout. Au bout d’un moment, elle s’arrête complètement. Je joue encore un moment, mais je sens son attention se perdre, elle finit par se lever pour aller s’assoir au fond de la pièce. Je me retourne alors vers elle et je chante, sur la musique que j’étais en train de jouer : « Mme C, revenez avec moi. » Je répète plusieurs fois ce chant et elle finit par se lever et venir me rejoindre, une chose qui est habituellement impossible à obtenir d’elle quand elle a décidé de quitter notre coin. Je diffuse alors la musique de Lully en donnant toujours la même consigne de jouer et de chanter comme on veut quand on veut. Mais elle reste silencieuse et immobile et sur la fin de la musique, elle se lève et se dirige vers la porte. Je lui demande si elle souhaite partir, elle me répond que oui et je lui rappelle que la séance n’est terminée que quand nous avons entendu la musique de la fin, musique que je chante pour illustrer mes paroles. Elle retourne alors aussitôt s’asseoir. 54
- Page 10 and 11: 1.2. Le personnel soignant Hotelia
- Page 12 and 13: Le principe, au départ, des cantou
- Page 14 and 15: Par ailleurs, comme il s’agit de
- Page 16 and 17: On peut aussi utiliser le critère
- Page 18 and 19: 2.2. La maladie d’Alzheimer Comme
- Page 20 and 21: Il pourrait aussi y avoir un facteu
- Page 22 and 23: 2.2.5. Le stade modéré Les troubl
- Page 24 and 25: Le cadre a plusieurs fonctions : ce
- Page 26 and 27: On constate donc que la musicothér
- Page 28 and 29: 3.1. Présentation de madame C 3.1.
- Page 30 and 31: Enfin, ces résidents, souvent atte
- Page 32 and 33: Nous nous retrouvons donc pour un b
- Page 34 and 35: Bilan Il est certain que Mme C est
- Page 36 and 37: Finalement, je lui dis que nous som
- Page 38 and 39: Séance 2 Mardi 9 décembre, 14h30
- Page 40 and 41: Séance 3 Mardi 16 décembre, 14 h
- Page 42 and 43: Bilan C’est la première fois qu
- Page 44 and 45: Au bout d’un moment, alors que je
- Page 46 and 47: Séance 5 Mardi 13 janvier, 14 h 30
- Page 48 and 49: Je diffuse la musique de Zelda Ocar
- Page 50 and 51: Bilan J’appréhendais beaucoup ce
- Page 52 and 53: Mardi 10 mars Lorsque j’arrive à
- Page 54 and 55: J’annonce alors la fin de la séa
- Page 56 and 57: Mardi 24 mars A cause d’un emploi
- Page 58 and 59: C’est seulement lorsque je cesse
- Page 62 and 63: Comme elle a exprimé le souhait de
- Page 64 and 65: Séance 10 Mardi 28 avril, 14h50 :
- Page 66 and 67: Bilan Je me pose beaucoup de questi
- Page 68 and 69: Je chante la chanson du bonjour, et
- Page 70 and 71: Bilan Sur le coup, je me sens compl
- Page 72 and 73: La plus grande question demeure ce
- Page 74 and 75: J’ai donc été particulièrement
- Page 76 and 77: TABLE DES MATIERES INTRODUCTION…
- Page 78 and 79: BIBLIOGRAPHIE 71
- Page 80 and 81: 12. Martin M Le cadre thérapeutiqu
- Page 82 and 83: ANNEXE 2 Photo de l’instrumentari
- Page 84: Résumé : C’est au sein de la ma
Je me mets à chanter le chant du bonjour et presque aussitôt, elle se met à chanter <strong>la</strong><br />
mélodie <strong>avec</strong> moi, c’est <strong>la</strong> première fois qu’elle le fait. Quand j’ai terminé, elle me dit :<br />
« C’est bien calé. » Il est vrai que cette chanson est très carrée, tombe bien sur les temps<br />
et a <strong>une</strong> fin dont <strong>la</strong> mélodie est assez prévisible.<br />
J’explique ensuite que je vais diffuser <strong>une</strong> musique que nous avons déjà entendue et que<br />
nous pouvons jouer, chanter et même danser comme nous voulons sur <strong>la</strong> musique. Je<br />
remarque que, comme c’est déjà arrivé plusieurs fois, quand je chante mes consignes,<br />
elle rit légèrement.<br />
Mme C écoute un petit moment <strong>la</strong> musique, puis elle se met à battre <strong>la</strong> pulsation dans<br />
ses mains, je <strong>la</strong> suis. Au bout d’un moment, elle double le rythme, puis elle reprend un<br />
peu plus tard sa pulsation simple. Par contre elle n’improvise pas. A un moment, elle<br />
s’arrête de frapper dans ses mains et elle me demande si je vais danser ce soir. Je lui<br />
réponds en lui demandant si elle, elle a envie de danser. Elle me dit qu’elle ne saurait<br />
pas. Je lui dis qu’elle peu toujours essayer et je me lève pour l’encourager, mais elle<br />
reste assise.<br />
Lorsque <strong>la</strong> musique se termine, je lui demande si ce<strong>la</strong> lui a fait penser à <strong>la</strong> danse, elle<br />
me répond que oui. Je lui demande si elle dansait quand elle était plus je<strong>une</strong>, elle me dit<br />
que oui, puis elle me parle du fait qu’elle connaissait des danses, elle parle de plus<br />
simples et de plus compliquées, je ne comprends pas entièrement tout mais je suis<br />
étonnée de me rendre compte qu’elle est resté dans le sujet de ma question pour sa<br />
réponse, <strong>une</strong> chose qu’elle n’arrive presque jamais à faire à son stade de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die.<br />
Je propose que nous reprenions ce que nous venons d’écouter, mais sans <strong>la</strong> musique et<br />
elle dit : « Sans <strong>la</strong> musique ? C’est beaucoup plus intéressant. » Je me mets donc à<br />
chanter <strong>la</strong> mélodie et elle se met à frapper des mains en rythme. Nous continuons ainsi<br />
un moment, puis je cesse de chanter et nous nous <strong>la</strong>nçons dans <strong>une</strong> improvisation en<br />
frappant dans nos mains. Je remarque que Mme C est particulièrement à l’écoute<br />
aujourd’hui, car dès que je propose un changement de rythme, elle me suit et s’adapte<br />
facilement. Mais c’est souvent elle qui propose des changements et des nouveautés au<br />
cours de l’improvisation. Nous passons d’un rythme binaire à un rythme ternaire, <strong>une</strong><br />
sorte d’imitation d’un pas de cheval, puis nous retournons sur quelque chose de binaire.<br />
Nous jouons sur des accélérations du rythme, j’essaie aussi de jouer à contre-temps<br />
d’elle et elle parvient à conserver parfaitement le rythme.<br />
Je propose ensuite de jouer du piano et qu’elle m’accompagne comme elle le souhaite.<br />
Je reprends au c<strong>la</strong>vier <strong>la</strong> musique de Gjal<strong>la</strong>rhorn et aussitôt, elle se met à frapper dans<br />
ses mains, mais comme durant le morceau et contrairement à ce qui s’est passé juste<br />
avant, elle n’improvise pas du tout. Au bout d’un moment, elle s’arrête complètement.<br />
Je joue encore un moment, mais je sens son attention se perdre, elle finit par se lever<br />
pour aller s’assoir au fond de <strong>la</strong> pièce. Je me retourne alors vers elle et je chante, sur <strong>la</strong><br />
musique que j’étais en train de jouer : « Mme C, revenez <strong>avec</strong> moi. » Je répète plusieurs<br />
fois ce chant et elle finit par se lever et venir me rejoindre, <strong>une</strong> chose qui est<br />
habituellement impossible à obtenir d’elle quand elle a décidé de quitter notre coin.<br />
Je diffuse alors <strong>la</strong> musique de Lully en donnant toujours <strong>la</strong> même consigne de jouer et<br />
de chanter comme on veut quand on veut. Mais elle reste silencieuse et immobile et sur<br />
<strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> musique, elle se lève et se dirige vers <strong>la</strong> porte. Je lui demande si elle souhaite<br />
partir, elle me répond que oui et je lui rappelle que <strong>la</strong> séance n’est terminée que quand<br />
nous avons entendu <strong>la</strong> musique de <strong>la</strong> fin, musique que je chante pour illustrer mes<br />
paroles. Elle retourne alors aussitôt s’asseoir.<br />
54