la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT

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Mardi 24 mars A cause d’un emploi du temps bousculé, je dois prendre Mme C plus tard que d’habitude, après seize heures. Lorsque j’arrive au cantou, une activité est proposée, de découpage et de dessin. Je propose la musicothérapie à Mme C qui me répond qu’il n’est pas encore l’heure. J’explique qu’exceptionnellement il est plus tard que d’habitude mais que je lui propose tout de même de la prendre en séance, mais malgré tout elle refuse de venir. Lorsque je lui donne rendez-vous pour le mardi suivant, elle me dit que « Oui, c’est intéressant. » Une nouvelle fois, on retrouve un refus quand je change d’horaire, Et cette fois la raison du refus est clairement exprimée, « Il n’est pas encore l’heure. » même si la réalité est qu’il est au contraire trop tard, l’idée est clairement exprimée, ce n’est pas le moment et Mme C le sait. Cela me conforte dans le fait que, même avec une mémoire très déficiente et de gros problèmes dans l’orientation temporo-spatiale, Mme C a parfaitement intégré le cadre que j’ai tenté de mettre en place pour que mes séances soient basées sur quelque chose de solide et de sécurisant. Séance 8 Mercredi premier avril, 14h30 : durée 30 minutes. Notes : - La veille, une conférence m’empêche d’assurer ma séance que j’ai donc décalée au lendemain même heure après avoir prévenu Mme C. - La séance a même duré plus qu’une demi-heure, trente minutes étant le temps compris entre notre entrée dans la salle et la fin de la musique de fin de séance. Nous avons parlé ensuite mais je n’ai pas pensé à regarder l’heure à laquelle nous avons quitté la pièce. Lorsque j’arrive sur le cantou, Mme C est en train de se faire couper les ongles par deux jeunes filles, ce sont elles qui l’escortent jusqu’ à la porte du cantou lorsque je l’emmène en musicothérapie. Elle semble beaucoup aimer les deux jeunes filles et elle vient très facilement. Lorsque nous entrons dans la salle de musicothérapie, Mme C va directement s’assoir, mais au lieu de sa place habituelle, elle choisit un fauteuil à l’autre bout de la pièce. Je m’approche et m’assois près d’elle puis je commence à chanter la petite chanson de début de séance. La première fois, Mme C semble totalement sans réaction. Je la chante à nouveau en m’accompagnant cette fois en frappant dans mes mains. Cette fois, Mme C m’imite aussitôt en frappant elle aussi dans ses mains. A partir d’une pulsation commencée pour accompagner la chanson de début de séance, une improvisation se lance. Nous explorons plusieurs rythmes différents, et aujourd’hui, c’est beaucoup elle qui initie et moi qui suis. Elle commence par proposer une pulsation assez rapide, noire à 120 à peu près, sur laquelle j’improvise. Elle joue avec l’intensité, tapant de plus en plus fort, puis à nouveau très doux. Elle reprend parfois des éléments de mon improvisation qu’elle intègre au milieu de sa pulsation. Elle enchaîne avec un rythme 5 croches 3 demi-soupirs, un rythme déjà utilisé lors des premières séances sur lequel elle joue un moment avec moi. 49

Puis elle retourne sur un rythme plus lent, noire à 60 à peu près. J’improvise toujours lorsqu’elle joue une pulsation, les rôles s’inversant parfois. Elle reprend ensuite un rythme très rapide, encore plus que le premier (la noire à 150 à peu près.) Un nouveau rythme compliqué s’installe ensuite, un rythme beaucoup plus lent, où elle marque une pulsation régulière, laissant un silence en fin de mesure, et où je joue à contretemps, la rejoignant seulement sur le dernier temps. Je mets finalement fin à l’improvisation et je propose d’écouter un premier extrait musical et de jouer quand on veut et comme on veut dessus. Note : lors de cette séance comme lors des deux précédentes je chante toutes mes paroles et mes consignes. Je diffuse, une nouvelle fois, la symphonie du nouveau monde. Le lecteur de CD se trouvant à son endroit habituel, il est à l’opposé de là où s’est assise Mme C. Lorsque la musique commence, elle ne bouge pas de là où elle est mais elle se met aussitôt à frapper dans ses mains. Elle commence par marquer la pulsation, puis elle marque le rythme de la mélodie. Aujourd’hui, elle ne chante pas. Je me joins à elle pour accompagner la musique. Je constate qu’elle fait des variations qu’elle ne faisait pas lors des séances précédentes, qu’elle improvise un peu plus sur la musique. Je reprends ensuite sur la fin de l’extrait le geste de taper sur le bras du fauteuil, geste qu’elle reprend aussitôt mais qu’elle modifie : alors que précédemment nous tapions avec le plat de la main, elle se met à taper avec les ongles. Lorsque l’extrait se termine, nous repartons aussitôt dans une improvisation, en utilisant le bras du fauteuil comme percussion. Je remarque que lorsque j’essaie de proposer de nouvelles rythmiques, Mme C ne les reprend jamais, elle est pourtant attentive à ce que je fais puisqu’elle reprend mes gestes quand j’en propose de nouveaux. Une nouvelle fois, elle fait preuve de beaucoup d’inventivité dans ses rythmes, elle ne se laisse pas perturber lorsque j’improvise par-dessus mais elle s’adapte à ce que je joue puisqu’elle reprend parfois des éléments de mon improvisation pour les intégrer à sa rythmique. Nous terminons cette improvisation de manière étonnante puisqu’en tapant toutes deux exactement ensemble un coup plus fort que les autres sur notre bras de fauteuil sans s’être donné le moindre signal préalable, ce qui me porte à penser que nous sommes à ce moment-là de la séance très complices dans notre improvisation et donc dans la communication. Je me dirige alors vers le piano en proposant à Mme C de m’accompagner comme elle le souhaite, en frappant dans ses mains ou en chantant, ou les deux. Le piano se trouvant du côté opposé de la pièce, je lui dis qu’elle peut me suivre jusque là-bas si elle le souhaite mais elle n’en fait rien. Comme d’habitude, je commence par reprendre le thème de la symphonie du nouveau monde avant de m’en éloigner peu à peu pour aboutir à une improvisation bien différente du thème original. Je m’efforce de reprendre des éléments de mon improvisation de la semaine précédente et d’en ajouter de nouveaux. Mme C reste où elle est mais je l’entends se déplacer derrière moi. Toutefois, chaque fois que je me retourne tout en continuant à jouer, elle se réinstalle bien correctement dans son fauteuil comme si elle n’avait pas bougé. Cela me rappelle son jeu de déplacements de la séance précédente que j’ai envie de tenter d’exploiter. J’essaie de jouer longtemps sans me retourner pour voir ce qu’elle va faire mais à ce moment-là, elle ne bouge plus du tout de là où elle est. Par ailleurs, à aucun moment elle ne chante ni ne frappe dans ses mains. 50

Puis elle retourne sur un rythme plus lent, noire à 60 à peu près. J’improvise toujours<br />

lorsqu’elle joue <strong>une</strong> pulsation, les rôles s’inversant parfois. Elle reprend ensuite un<br />

rythme très rapide, encore plus que le premier (<strong>la</strong> noire à 150 à peu près.)<br />

Un nouveau rythme compliqué s’installe ensuite, un rythme beaucoup plus lent, où elle<br />

marque <strong>une</strong> pulsation régulière, <strong>la</strong>issant un silence en fin de mesure, et où je joue à<br />

contretemps, <strong>la</strong> rejoignant seulement sur le dernier temps.<br />

Je mets finalement fin à l’improvisation et je propose d’écouter un premier extrait<br />

musical et de jouer quand on veut et comme on veut dessus.<br />

Note : lors de cette séance comme lors des deux précédentes je chante toutes mes<br />

paroles et mes consignes.<br />

Je diffuse, <strong>une</strong> nouvelle fois, <strong>la</strong> symphonie du nouveau monde. Le lecteur de CD se<br />

trouvant à son endroit habituel, il est à l’opposé de là où s’est assise Mme C. Lorsque <strong>la</strong><br />

musique commence, elle ne bouge pas de là où elle est mais elle se met aussitôt à<br />

frapper dans ses mains. Elle commence par marquer <strong>la</strong> pulsation, puis elle marque le<br />

rythme de <strong>la</strong> mélodie. Aujourd’hui, elle ne chante pas. Je me joins à elle pour<br />

accompagner <strong>la</strong> musique. Je constate qu’elle fait des variations qu’elle ne faisait pas<br />

lors des séances précédentes, qu’elle improvise un peu plus sur <strong>la</strong> musique. Je reprends<br />

ensuite sur <strong>la</strong> fin de l’extrait le geste de taper sur le bras du fauteuil, geste qu’elle<br />

reprend aussitôt mais qu’elle modifie : alors que précédemment nous tapions <strong>avec</strong> le<br />

p<strong>la</strong>t de <strong>la</strong> main, elle se met à taper <strong>avec</strong> les ongles.<br />

Lorsque l’extrait se termine, nous repartons aussitôt dans <strong>une</strong> improvisation, en utilisant<br />

le bras du fauteuil comme percussion. Je remarque que lorsque j’essaie de proposer de<br />

nouvelles rythmiques, Mme C ne les reprend jamais, elle est pourtant attentive à ce que<br />

je fais puisqu’elle reprend mes gestes quand j’en propose de nouveaux.<br />

Une nouvelle fois, elle fait preuve de beaucoup d’inventivité dans ses rythmes, elle ne<br />

se <strong>la</strong>isse pas perturber lorsque j’improvise par-dessus mais elle s’adapte à ce que je joue<br />

puisqu’elle reprend parfois des éléments de mon improvisation pour les intégrer à sa<br />

rythmique.<br />

Nous terminons cette improvisation de manière étonnante puisqu’en tapant toutes deux<br />

exactement ensemble un coup plus fort que les autres sur notre bras de fauteuil sans<br />

s’être donné le moindre signal préa<strong>la</strong>ble, ce qui me porte à penser que nous sommes à<br />

ce moment-là de <strong>la</strong> séance très complices dans notre improvisation et donc dans <strong>la</strong><br />

communication.<br />

Je me dirige alors vers le piano en proposant à Mme C de m’accompagner comme elle<br />

le souhaite, en frappant dans ses mains ou en chantant, ou les deux. Le piano se trouvant<br />

du côté opposé de <strong>la</strong> pièce, je lui dis qu’elle peut me suivre jusque là-bas si elle le<br />

souhaite mais elle n’en fait rien.<br />

Comme d’habitude, je commence par reprendre le thème de <strong>la</strong> symphonie du nouveau<br />

monde avant de m’en éloigner peu à peu pour aboutir à <strong>une</strong> improvisation bien<br />

différente du thème original. Je m’efforce de reprendre des éléments de mon<br />

improvisation de <strong>la</strong> semaine précédente et d’en ajouter de nouveaux. Mme C reste où<br />

elle est mais je l’entends se dép<strong>la</strong>cer derrière moi. Toutefois, chaque fois que je me<br />

retourne tout en continuant à jouer, elle se réinstalle bien correctement dans son fauteuil<br />

comme si elle n’avait pas bougé. Ce<strong>la</strong> me rappelle son jeu de dép<strong>la</strong>cements de <strong>la</strong> séance<br />

précédente que j’ai envie de tenter d’exploiter.<br />

J’essaie de jouer longtemps sans me retourner pour voir ce qu’elle va faire mais à ce<br />

moment-là, elle ne bouge plus du tout de là où elle est. Par ailleurs, à aucun moment<br />

elle ne chante ni ne frappe dans ses mains.<br />

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