la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT

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J’annonce alors la fin de la séance et je me mets à fredonner la « musique de la fin ». Elle ne semble pas me prêter attention. Alors, je diffuse la musique en question et aussitôt, Mme C revient s’assoir à sa place habituelle et se met à frapper dans ses mains. Je lui chante les paroles, que j’ai également un peu améliorées : « Cette musique c’est, cette musique c’est, cette musique c’est la musique de la fin. On se revoit ici la semaine prochaine, on se revoit ici mardi prochain. » Lorsque la musique se termine, Mme C se lève et va s’assoir plus loin dans la salle. Lorsque je m’approche d’elle, elle se décale d’un fauteuil. Ce pourrait être pour s’éloigner de moi ou pour me laisser une place à côté d’elle, c’est difficile à interpréter. Je m’assois malgré tout sur la place qu’elle vient de libérer et je lui demande comment elle a vécu cette séance. Elle est étrangement silencieuse, elle a la tête baissée et je ressens qu’elle ne se sent pas comme d’habitude. J’ai totalement conscience qu’il s’agit purement d’un ressenti qui n’a rien d’objectif et qu’il est uniquement le fruit d’une interprétation néanmoins je lui en fais part. Je lui dis que je la sens étrange et je lui demande ce qu’elle ressent en ce moment. Elle baragouine quelque chose de totalement incompréhensible alors je tente : « Vous vous sentez triste ? -Non. -Vous vous sentez mélancolique ? » Elle répond un « Mmm » que je ne pourrais ni qualifier de oui, ni de non. « Vous vous sentez heureuse ? » Cette fois elle ne répond rien et se lève pour aller s’asseoir plus loin. Je m’approche d’elle et je lui dis que si elle a envie de parler, elle peut. Elle marmonne des choses que je n’arrive pas à comprendre, je tente de répéter ce qu’elle me dit en demandant des explications, mais elle ne répond rien, puis elle se lève et se dirige vers la porte. Je la rejoins, je lui dis que la séance est terminée et que je la raccompagne, mais à nouveau elle se détourne et retourne au fond de la pièce. Une nouvelle fois j’explique que la séance est terminé et cette fois, elle va jusqu’à la porte que j’ouvre et elle sort. Quand je lui dis que je la raccompagne chez elle, elle demande « Où ça ? » et je lui explique où se trouve le cantou Vivaldi. C’est la première fois qu’elle me demande où je la ramène. 47

Bilan Cette séance me conforte dans le fait qu’il y a une réelle évolution de Mme C depuis le début de la prise en soin. La séance précédente n’était pas un hasard puisque je retrouve cette même communication lors de cette séance. Le choix de reprendre la symphonie du nouveau monde me paraît avoir été judicieux car il a une nouvelle fois été source de nombreuses improvisations et jeux et j’envisage d’introduire de nouvelles musiques lors des prochaines séances. J’ai vraiment senti à la fin de la séance que Mme C avait besoin d’exprimer des choses et j’ai le sentiment de ne pas lui offrir dans les séances suffisamment de possibilités de s’exprimer. Je sens que le chant serait un bon moyen mais je ne sais pas trop comment l’amener à chanter davantage, à improviser avec sa voix. De même, elle semble captivée par l’écoute du piano et je pense intégrer à nouveau des moments où je joue du piano dans les prochaines séances. Un problème technique se pose : le piano est situé dans un renfoncement et je trouve cela gênant de tourner le dos à Mme C lorsque je joue. Dans l’ensemble, j’ai l’impression que l’attention de Mme C se capte beaucoup plus facilement et pour une durée beaucoup plus longue qu’auparavant depuis ces deux dernières séances. Sans compter la fin de la séance un peu particulière, il y a eu vingt minutes où j’ai eu l’attention pleine et entière, du moins en apparence, de Mme C. Durant ces vingt minutes, elle était impliquée dans la relation au travers du chant, des percussions corporelles et même des déplacements. J’ai en effet le sentiment que ses déplacements dans cette dernière séance ne ressemblent pas à sa manière coutumière de déambuler liée à la maladie. En effet, il semble qu’elle utilise le fait de se déplacer et de changer de siège comme un jeu, voire un moyen de s’exprimer. Cela se voit par exemple dans le moment où je joue du piano, où elle se déplace dès que j’arrête de jouer et où elle revient dès que je reprends. C’est un peu comme si elle exprimait le fait qu’elle prend plaisir à écouter la musique et qu’elle ne souhaite pas qu’elle s’arrête, voire qu’elle souhaite être en communication avec moi quand je joue de la musique mais pas par la parole. On retrouve également cette utilisation des déplacements dans la communication lorsque je lui pose des questions sur son ressenti où elle se déplace dès que je pose une question qui ne semble pas lui convenir : « Vous vous sentez heureuse ? » Bien sûr, le fait d’être partie à ce moment-là de notre conversation peut être un hasard, néanmoins, le fait qu’elle s’éloigne juste après ces paroles me paraît tout de même important à noter, ma question étant choisie pour la faire réagir, étant donné qu’elle n’avait effectivement pas particulièrement l’air de se sentir heureuse. De même, lorsque je lui annonce que la séance est terminée, elle s’éloigne à nouveau le plus loin possible de moi. Souhaite-t-elle m’indiquer qu’elle aurait voulu que cela dure plus longtemps ? 48

Bi<strong>la</strong>n<br />

Cette séance me conforte dans le fait qu’il y a <strong>une</strong> réelle évolution de Mme C depuis le<br />

début de <strong>la</strong> prise en soin. La séance précédente n’était pas un hasard puisque je retrouve<br />

cette même communication lors de cette séance. Le choix de reprendre <strong>la</strong> symphonie du<br />

nouveau monde me paraît avoir été judicieux car il a <strong>une</strong> nouvelle fois été source de<br />

nombreuses improvisations et jeux et j’envisage d’introduire de nouvelles musiques lors<br />

des prochaines séances.<br />

J’ai vraiment senti à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> séance que Mme C avait besoin d’exprimer des choses<br />

et j’ai le sentiment de ne pas lui offrir dans les séances suffisamment de possibilités de<br />

s’exprimer. Je sens que le chant serait un bon moyen mais je ne sais pas trop comment<br />

l’amener à chanter davantage, à improviser <strong>avec</strong> sa voix.<br />

De même, elle semble captivée par l’écoute du piano et je pense intégrer à nouveau des<br />

moments où je joue du piano dans les prochaines séances. Un problème technique se<br />

pose : le piano est situé dans un renfoncement et je trouve ce<strong>la</strong> gênant de tourner le dos<br />

à Mme C lorsque je joue.<br />

Dans l’ensemble, j’ai l’impression que l’attention de Mme C se capte beaucoup plus<br />

facilement et pour <strong>une</strong> durée beaucoup plus longue qu’auparavant depuis ces deux<br />

dernières séances. Sans compter <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> séance un peu particulière, il y a eu vingt<br />

minutes où j’ai eu l’attention pleine et entière, du moins en apparence, de Mme C.<br />

Durant ces vingt minutes, elle était impliquée dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion au travers du chant, des<br />

percussions corporelles et même des dép<strong>la</strong>cements.<br />

J’ai en effet le sentiment que ses dép<strong>la</strong>cements dans cette dernière séance ne<br />

ressemblent pas à sa manière coutumière de déambuler liée à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die. En effet, il<br />

semble qu’elle utilise le fait de se dép<strong>la</strong>cer et de changer de siège comme un jeu, voire<br />

un moyen de s’exprimer. Ce<strong>la</strong> se voit par exemple dans le moment où je joue du piano,<br />

où elle se dép<strong>la</strong>ce dès que j’arrête de jouer et où elle revient dès que je reprends. C’est<br />

un peu comme si elle exprimait le fait qu’elle prend p<strong>la</strong>isir à écouter <strong>la</strong> musique et<br />

qu’elle ne souhaite pas qu’elle s’arrête, voire qu’elle souhaite être en communication<br />

<strong>avec</strong> moi quand je joue de <strong>la</strong> musique mais pas par <strong>la</strong> parole.<br />

On retrouve également cette utilisation des dép<strong>la</strong>cements dans <strong>la</strong> communication<br />

lorsque je lui pose des questions sur son ressenti où elle se dép<strong>la</strong>ce dès que je pose <strong>une</strong><br />

question qui ne semble pas lui convenir : « Vous vous sentez heureuse ? » Bien sûr, le<br />

fait d’être partie à ce moment-là de notre conversation peut être un hasard, néanmoins,<br />

le fait qu’elle s’éloigne juste après ces paroles me paraît tout de même important à<br />

noter, ma question étant choisie pour <strong>la</strong> faire réagir, étant donné qu’elle n’avait<br />

effectivement pas particulièrement l’air de se sentir heureuse. De même, lorsque je lui<br />

annonce que <strong>la</strong> séance est terminée, elle s’éloigne à nouveau le plus loin possible de<br />

moi. Souhaite-t-elle m’indiquer qu’elle aurait voulu que ce<strong>la</strong> dure plus longtemps ?<br />

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