la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT

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Mardi 10 mars Lorsque j’arrive à Hotelia, il y a une réunion du personnel dans la salle d’animation jusqu’à 15 h. Je monte sur le cantou mais j’apprends qu’à partir de 15 h, Mme C sera chez le coiffeur. J’attends son retour, me proposant de décaler la séance d’une heure ou deux, mais elle revient au moment du goûter, ce qui retarde encore la séance et la déstabilise complètement dans ses habitudes. Quand enfin je lui propose de venir en séance vers 16h20, elle commence à venir avec moi mais à peine avons-nous fait quelques pas qu’elle me repousse violemment du bras et repart dans le sens inverse pour aller s’asseoir. Etrangement, ce jour-là, elle ne parle pas du tout, ce qui est rare chez elle. Note : La dame de compagnie qui est déjà intervenue une fois est présente sur le cantou et elle a essayé de s’en mêler. Peut-on faire un lien ? Par ailleurs, le fait que Mme C refuse de venir alors que je propose la séance à une heure inhabituelle peut-il signifier que Mme C a encore quelques repères dans le temps qu’elle tient à conserver ? Peut-on attribuer une responsabilité à la musicothérapie dans tout cela ? Séance 7 Mardi 17 mars, 14h50 : durée approximativement 25 minutes. Aujourd’hui, tout se passe sans problème lorsque je vais chercher Mme C au cantou Vivaldi. Elle est en train de déambuler du côté de la porte du cantou lorsque je lui dis bonjour. Je lui propose d’aller en musicothérapie et elle accepte immédiatement, je lui offre mon bras et elle le prend. Les chaises sont disposées de la manière habituelle, avec le lecteur CD sur ma droite et le piano derrière moi. En entrant, Mme C va directement s’assoir à sa place habituelle. Je commence par chanter la petite chanson que j’avais improvisée la fois précédente pour lui dire bonjour, une mélodie toute simple en do majeur que j’ai un peu élaborée et dont les paroles sont : « Bonjour, Mme C. Bonjour Mme C. Nous sommes ici en musicothérapie et tout ce qui se dira ici restera entre nous. » Aujourd’hui encore, je m’efforcerai durant toute la séance de chanter la moindre de mes paroles. Pour commencer, je propose d’écouter une musique que nous avons déjà écoutée la fois précédente et je dis que nous pouvons faire ce que nous voulons dessus, chanter, frapper des mains… Je diffuse la symphonie du nouveau monde et directement, elle dit très distinctement : « Ah je me rappelle, je me rappelle ! » Et aussitôt après elle se met à chanter la mélodie. Je me mets à chanter avec elle. Puis elle se met à frapper des mains, frappant seulement trois temps sur quatre, marquant les temps forts de la musique par des coups plus forts. Comme lors de la séance précédente, lorsque l’extrait se termine, je propose que nous reprenions la musique sans le CD et je commence à chanter la mélodie. Elle me rejoint aussitôt en chantant. Puis, elle reprend la mélodie quelques tons en-dessous, puis elle cesse de chanter et se contente de marquer la pulsation en frappant dans ses mains, en conservant le tempo du morceau. Je me mets sur cette pulsation à frapper dans mes mains en suivant le rythme de la mélodie puis je commence à improviser sur sa pulsation qu’elle maintient très régulière. 45

Au bout d’un moment, elle se met à doubler la pulsation, tout en conservant parfaitement le tempo. Je continue d’improviser sur cette nouvelle pulsation, parfois reprenant le rythme de la mélodie du morceau, parfois improvisant totalement. Je lui demande ensuite si elle souhaite réentendre le morceau et elle me répond plusieurs choses que je ne comprends pas, parmi lesquelles je distingue les mots « Puisque nous sommes seules… » et « écouter ». Elle me parle aussi de manger avec moi, je lui réponds que je n’ai pas de quoi manger mais qu’ici pour communiquer j’ai de la musique et elle répond : « Ah d’accord, bien sûr. » Je diffuse à nouveau l’extrait et à nouveau, elle improvise dessus en frappant dans ses mains et parfois elle chante. Je remarque que parfois, au lieu de frapper dans ses mains, elle fait un rythme en les frottant l’une contre l’autre, une chose que je la vois faire pour la première fois ; je reprends aussitôt ce geste. A la fin de l’extrait, elle respecte le fondu en frappant dans ses mains de plus en plus doucement. Durant la dernière partie de l’extrait, me souvenant du geste qu’elle avait inventé la fois précédente en tapant sur le bras de son fauteuil, je le reprends et aussitôt, elle le reprend un peu, même si elle ne reste pas longtemps dessus, aujourd’hui il ne semble pas lui plaire. Cela signifie qu’elle est à l’écoute et qu’elle m’observe. Une fois l’extrait terminé, c’est elle qui initie une improvisation en reprenant dans ses mains un rythme trois impacts/un silence, trois impacts/un silence, un rythme que nous avons déjà utilisé. Je me mets à improviser dessus et j’essaie d’introduire quelques nouveaux gestes comme le frappé sur les cuisses, mais elle ne les reprend pas. Puis nous nous mettons à accélérer peu à peu notre jeu jusqu’à un tempo très rapide, avant de nous arrêter. Je réalise que je suis incapable de dire si c’est elle ou moi qui a initié ce jeu d’accélération, ce qui me laisse penser qu’à ce moment-là de la séance, nous devions être en très étroite communication puisque l’intention de l’une a immédiatement été perçue par l’autre. A ce moment-là, je propose d’introduire le piano et je me lève pour m’installer devant le clavier sur lequel je commence par reprendre le thème principal de la symphonie du nouveau monde, avant de peu à peu improviser sur ce thème et en sortir. Malgré la consigne que j’ai donnée, à savoir qu’elle pouvait jouer, chanter ou danser comme elle le voulait sur la musique, Mme C ne bouge pas ; elle semble écouter. Au bout d’un moment, elle se lève et essaie de rapprocher son fauteuil du piano. Je joue un moment, puis je me retourne vers elle pour lui proposer à nouveau une improvisation ensemble mais elle ne semble pas réceptive. Je demande alors si elle souhaite que je rejoue du piano. Elle me répond quelque chose que je ne comprends pas, puis elle se lève et se dirige vers le fond de la pièce. Je remarque qu’elle n’est pas dans la déambulation comme lors des premières séances : elle se contente de s’éloigner un peu puis de s’assoir plus loin. Je me retourne alors vers le piano et je reprends le thème de Dvorak mais sur un rythme plus rapide et enlevé. Dès que je commence à jouer, Mme C se rapproche à nouveau et se rassoit sur son fauteuil habituel. Lorsque j’arrête de jouer, à nouveau elle se lève et repart vers le fond de la pièce. Je me lève, je me tourne vers elle et je l’appelle en chantant son nom : immédiatement, elle se retourne et me regarde. Mais je me rends compte que je n’arrive plus vraiment à capter son attention. J’essaie d’engager une nouvelle improvisation mais elle se détourne aussitôt. 46

Au bout d’un moment, elle se met à doubler <strong>la</strong> pulsation, tout en conservant<br />

parfaitement le tempo. Je continue d’improviser sur cette nouvelle pulsation, parfois<br />

reprenant le rythme de <strong>la</strong> mélodie du morceau, parfois improvisant totalement.<br />

Je lui demande ensuite si elle souhaite réentendre le morceau et elle me répond<br />

plusieurs choses que je ne comprends pas, parmi lesquelles je distingue les mots<br />

« Puisque nous sommes seules… » et « écouter ». Elle me parle aussi de manger <strong>avec</strong><br />

moi, je lui réponds que je n’ai pas de quoi manger mais qu’ici pour communiquer j’ai de<br />

<strong>la</strong> musique et elle répond : « Ah d’accord, bien sûr. »<br />

Je diffuse à nouveau l’extrait et à nouveau, elle improvise dessus en frappant dans ses<br />

mains et parfois elle chante. Je remarque que parfois, au lieu de frapper dans ses mains,<br />

elle fait un rythme en les frottant l’<strong>une</strong> contre l’autre, <strong>une</strong> chose que je <strong>la</strong> vois faire pour<br />

<strong>la</strong> première fois ; je reprends aussitôt ce geste. A <strong>la</strong> fin de l’extrait, elle respecte le fondu<br />

en frappant dans ses mains de plus en plus doucement. Durant <strong>la</strong> dernière partie de<br />

l’extrait, me souvenant du geste qu’elle avait inventé <strong>la</strong> fois précédente en tapant sur le<br />

bras de son fauteuil, je le reprends et aussitôt, elle le reprend un peu, même si elle ne<br />

reste pas longtemps dessus, aujourd’hui il ne semble pas lui p<strong>la</strong>ire. Ce<strong>la</strong> signifie qu’elle<br />

est à l’écoute et qu’elle m’observe.<br />

Une fois l’extrait terminé, c’est elle qui initie <strong>une</strong> improvisation en reprenant dans ses<br />

mains un rythme trois impacts/un silence, trois impacts/un silence, un rythme que nous<br />

avons déjà utilisé. Je me mets à improviser dessus et j’essaie d’introduire quelques<br />

nouveaux gestes comme le frappé sur les cuisses, mais elle ne les reprend pas. Puis nous<br />

nous mettons à accélérer peu à peu notre jeu jusqu’à un tempo très rapide, avant de nous<br />

arrêter.<br />

Je réalise que je suis incapable de dire si c’est elle ou moi qui a initié ce jeu<br />

d’accélération, ce qui me <strong>la</strong>isse penser qu’à ce moment-là de <strong>la</strong> séance, nous devions<br />

être en très étroite communication puisque l’intention de l’<strong>une</strong> a immédiatement été<br />

perçue par l’autre.<br />

A ce moment-là, je propose d’introduire le piano et je me lève pour m’installer devant<br />

le c<strong>la</strong>vier sur lequel je commence par reprendre le thème principal de <strong>la</strong> symphonie du<br />

nouveau monde, avant de peu à peu improviser sur ce thème et en sortir.<br />

Malgré <strong>la</strong> consigne que j’ai donnée, à savoir qu’elle pouvait jouer, chanter ou danser<br />

comme elle le vou<strong>la</strong>it sur <strong>la</strong> musique, Mme C ne bouge pas ; elle semble écouter. Au<br />

bout d’un moment, elle se lève et essaie de rapprocher son fauteuil du piano. Je joue un<br />

moment, puis je me retourne vers elle pour lui proposer à nouveau <strong>une</strong> improvisation<br />

ensemble mais elle ne semble pas réceptive. Je demande alors si elle souhaite que je<br />

rejoue du piano. Elle me répond quelque chose que je ne comprends pas, puis elle se<br />

lève et se dirige vers le fond de <strong>la</strong> pièce. Je remarque qu’elle n’est pas dans <strong>la</strong><br />

déambu<strong>la</strong>tion comme lors des premières séances : elle se contente de s’éloigner un peu<br />

puis de s’assoir plus loin. Je me retourne alors vers le piano et je reprends le thème de<br />

Dvorak mais sur un rythme plus rapide et enlevé. Dès que je commence à jouer, Mme C<br />

se rapproche à nouveau et se rassoit sur son fauteuil habituel.<br />

Lorsque j’arrête de jouer, à nouveau elle se lève et repart vers le fond de <strong>la</strong> pièce. Je me<br />

lève, je me tourne vers elle et je l’appelle en chantant son nom : immédiatement, elle se<br />

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