la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT
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Finalement, je lui dis que nous sommes dans cette salle pour <strong>la</strong> musicothérapie, que si<br />
elle ne souhaite pas assister à <strong>la</strong> séance elle peut partir et que sinon il faut qu’elle<br />
revienne dans le coin des instruments. Pour essayer de renouer le dialogue, je prends le<br />
woodblock et je me mets à jouer mais elle réplique immédiatement « Non, ca m’énerve<br />
ça » J’essaie ensuite <strong>avec</strong> l’œuf, puis les c<strong>la</strong>ves, en lui demandant si ça l’énerve aussi ou<br />
si elle préfère, mais elle repart dans un monologue sur <strong>une</strong> <strong>personne</strong> dont je ne<br />
comprends pas l’identité. Elle dit qu’il faut en voir d’autres, qu’il n’y en a pas assez,<br />
alors je lui propose de voir d’autres instruments. Je me dirige vers mon sac et elle vient<br />
m’y rejoindre, mais lorsque je lui dis que je vais sortir de nouveaux instruments, elle<br />
repart à l’autre bout de <strong>la</strong> pièce en me disant « Non, vous faites chier. » Je remarque que<br />
parfois elle me vouvoie, parfois elle me tutoie.<br />
Je repense alors à mon projet de jouer du c<strong>la</strong>vier et je lui déc<strong>la</strong>re que je vais lui montrer<br />
quelque chose ; elle me prête à nouveau attention. « Me montrer quelque chose, c’est<br />
quoi ? » Je me dirige vers le c<strong>la</strong>vier et elle me suit. Je me mets alors à improviser un<br />
premier morceau, plutôt dans un style rock. Elle reste silencieuse et immobile près de<br />
moi, elle semble écouter. Ensuite, je me mets à jouer <strong>une</strong> valse et, sans se détourner, elle<br />
se met à bouger les pieds. Esquisse-t-elle un pas de danse ?<br />
Mais de nouveau, son attention se détourne rapidement et elle va fureter dans le fond de<br />
<strong>la</strong> salle. A nouveau, l’échange entre nous devient stérile. Je lui refais alors <strong>la</strong> proposition<br />
de partir et elle me dit non. Je lui demande si elle veut faire de <strong>la</strong> musique, elle me dit<br />
non également. Je lui demande ce qu’elle souhaite faire, elle me répond qu’elle n’a<br />
envie de rien faire. Je lui dis alors que <strong>la</strong> séance est terminée, il est alors 14 heures 45 et<br />
il me semble qu’un quart d’heure pour <strong>une</strong> première séance est suffisant.<br />
A ce moment, elle s’assoit sur un fauteuil dans le fond de <strong>la</strong> salle et refuse de se lever,<br />
malgré mon insistance sur le fait que nous avons terminé. Ce<strong>la</strong> dure environ cinq<br />
minutes. J’explique que nous avons terminé, que nous devons libérer <strong>la</strong> salle mais elle<br />
répond des paroles totalement incohérentes par rapport à ce que je dis, parfois même<br />
elle se met en colère sans que je ne comprenne le rapport entre ses paroles et les<br />
miennes.<br />
A un moment donné, elle me parle de « fime » Je lui demande ce que c’est que « fime »<br />
et elle me répond très en colère : « Oh mais vous n’y comprenez vraiment rien ! » Je lui<br />
dis que oui, je ne connais pas tout et elle me rétorque : « Non mais vraiment, tu<br />
travailles du chapeau ! »<br />
Plusieurs fois, je vais à <strong>la</strong> porte, je l’ouvre et je l’invite poliment à sortir, sans résultat.<br />
Enfin, ce<strong>la</strong> doit être probablement <strong>la</strong> dixième fois que je lui dis qu’il est temps de quitter<br />
<strong>la</strong> salle, elle finit par se lever. Tandis que nous marchons vers <strong>la</strong> porte, je lui rappelle<br />
que nous avons convenu de nous retrouver tous les mardis à <strong>la</strong> même heure et je lui<br />
demande si elle tient toujours à revenir, ce à quoi elle me répond un « oui » franc.<br />
Je vais à <strong>la</strong> porte et je dis <strong>une</strong> phrase qui ressemble à « Bien, on y va » mais à cet<br />
instant, elle se p<strong>la</strong>nte devant moi, elle me regarde bien en face et elle me dit « non. » Je<br />
demande pourquoi non, et brusquement, elle éc<strong>la</strong>te de rire, prend mon menton dans sa<br />
main et me dit « Je vou<strong>la</strong>is voir si vous y alliez en premier, moi je vous <strong>la</strong>issais aller en<br />
premier. » Je ne suis pas certaine d’avoir parfaitement compris ses paroles, quoi qu’il en<br />
soit elle rit toujours. Alors je lui demande : « Ah d’accord, c’était pour me taquiner<br />
alors. » Et elle répond oui en riant, puis elle ajoute d’autres choses que je ne comprends<br />
pas bien.<br />
De retour au cantou, alors que le trajet s’est fait dans le silence, lorsqu’on lui propose de<br />
s’asseoir, elle répond en me regardant : « Non, on rigo<strong>la</strong>it et on discutait. »<br />
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