les œuvres et convictions d'économie politique de pierre-louis ...
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- Proclamation <strong>de</strong> l'Assemblée Nationale aux Français relativement<br />
aux contributions publiques, juin 1791(18).<br />
Avec ses collègues, Roe<strong>de</strong>rer participe donc à la refonte du<br />
système fiscal français, socle <strong>de</strong>s changements sociaux voulus par<br />
<strong>les</strong> révolutionnaires. Le député Lavie n'avait-il pas déclaré à<br />
l'Assemblée : «Nous n'avons fait la Révolution que pour être <strong>les</strong><br />
maîtres <strong>de</strong> l'impôt » ? Sans entrer dans <strong>les</strong> détails <strong>de</strong> ce travail fondamental,<br />
on dira simplement que <strong>les</strong> Constituants choisirent <strong>de</strong><br />
privilégier l'impôt direct, sans suivre <strong>les</strong> physiocrates qui auraient<br />
souhaité ne le fon<strong>de</strong>r que sur la terre <strong>et</strong> ses revenus. Ainsi furent<br />
créés <strong>les</strong> contributions foncières, mobilières <strong>et</strong> la patente. Mais <strong>les</strong><br />
contributions indirectes, dénoncées par <strong>les</strong> cahiers <strong>de</strong> doléances <strong>et</strong><br />
<strong>les</strong> « économistes », ne furent pas totalement éliminées du paysage<br />
fiscal, <strong>et</strong> c'est bien en cela que le rej<strong>et</strong> <strong>de</strong>s physiocrates est plus n<strong>et</strong>.<br />
Certes, leur volume ne fut pas immédiatement important, mais la<br />
porte était ouverte à leur succès <strong>et</strong> à leur croissance, ce qui ne choquait<br />
pas Roe<strong>de</strong>rer(19).<br />
De ces travaux essentiels à la Révolution qui commence <strong>et</strong><br />
pour mieux approcher <strong>les</strong> <strong>convictions</strong> <strong>de</strong> Pierre-Louis Roe<strong>de</strong>rer, on<br />
peut r<strong>et</strong>enir le rapport sur <strong>les</strong> lois constitutionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s finances. On<br />
y ajoutera un ouvrage rédigé quelques jours avant que notre<br />
Messin rejoigne son poste <strong>de</strong> procureur général syndic du département<br />
<strong>de</strong> la Seine.<br />
- Rapport concernant <strong>les</strong> lois constitutionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong> finances.<br />
Présenté à l'Assemblée le 20 décembre 1790, ce texte rédigé par<br />
Roe<strong>de</strong>rer au nom du comité <strong>de</strong>s Douze montre à quel point notre<br />
homme s'est investi dans l'action à c<strong>et</strong>te époque <strong>de</strong> la Révolution,<br />
ce qui lui vaut d'ailleurs quelques piques bien senties dans <strong>les</strong><br />
Portraits <strong>de</strong> Rivarol. Le débat <strong>de</strong> l'époque est <strong>de</strong> savoir comment<br />
on réduira le pouvoir du roi dans la constitution qui se prépare.<br />
Roe<strong>de</strong>rer m<strong>et</strong> ses compétences techniques <strong>de</strong> finances publiques au<br />
service <strong>de</strong> c<strong>et</strong> objectif. Il pense, avec son comité, qu'il ne faut pas<br />
laisser au roi le moindre pouvoir sur la haute administration <strong>de</strong>s<br />
finances. « La finance doit être considérée comme le régulateur du<br />
pouvoir exécutif », écrit-il. L'administration <strong>de</strong>s finances doit être<br />
placée « hors <strong>de</strong>s pouvoirs publics », exécutif, législatif <strong>et</strong> judiciaire.<br />
C'est donc vers l'élection qu'il faut se tourner : on élira <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>s finances publiques <strong>et</strong> ceux-ci s'auto-contrôleront grâce à<br />
<strong>de</strong>s « directoires d'administration ». Partant, loin <strong>de</strong> l'avoir affaibli,<br />
on aura au contraire renforcé le pouvoir exécutif : « Si l'Assemblée<br />
18) Ibid., p.545-557.<br />
19) Sur ces suj<strong>et</strong>s, voir J. GODECHOT, Les institutions <strong>de</strong> la France sous la Révolution <strong>et</strong><br />
l'Empire, Paris, 1968, p. 163 <strong>et</strong> s.<br />
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