les œuvres et convictions d'économie politique de pierre-louis ...

Son système est celui de l'équilibre : il faut des contributions
directes et des contributions indirectes, y compris sur la consommation.
Cette conviction découle de l'étude de la propriété et « de
ses ressorts ». La richesse ne résidant plus seulement dans la possession
de la terre, il faut envisager un revenu national qui tienne
compte de cette vérité. C'est ce qu'a fait la Constituante. C'est
l'oeuvre que poursuit le Consulat.
On n'en saura pas plus. Rattrapé par ses occupations politiques
et administratives, Roederer dut interrompre son enseignement
au lycée de Paris. Il achèva à cette occasion ses travaux théoriques
sur l'économie politique. Sa carrière lui donna encore
l'occasion de se frotter à cette matière, aux côtés de Joseph
Bonaparte, dont il fut le ministre des Finances à Naples. Là, il tenta
·de mettre en oeuvre ses principes, non sans succès puisque le
royaume était bien géré lors de la passation des pouvoirs entre
Joseph et Murat, en 1808.
IV. Le disciple d'Adam Smith
Partant de ces convictions, dans quelle école peut-on placer
Roederer ? La réponse est nette : il est un disciple déclaré d'Adam
Smith et le revendique. Certains passages de ses oeuvres sont non
seulement inspirés, mais tout simplement des redites de ce qu'a
écrit le fondateur de l'école classique dans De la richesse des
nations. En 1788, lors du débat sur le reculement des barrières
douanières, il écrit : « L'excellent ouvrage de M. Smith sur les
richesses (est) à la science économique ce que 1 'Esprit des Lois est
à la science du gouvernement politique et civil ». Dans le Journal de
Paris du 9 avril 1795 (30 germinal an III), il affirme : « Ce n'est pas
l'or, c'est le travail qui est la mesure de la valeur relative et échangeables
de toutes les marchandises ( ... ). Qu'on lise Smith »(23). «Je
crois n'avoir fait que développer quelques principes de l'illustre
Smith », avoue-t-il à ses auditeurs du lycée de Paris, avant de préciser
sa pensée : « C'est parce que la terre paie une rente à tout capital,
que tout entrepreneur de travail industriel retire de son industrie
trois genres de produits accumulés, savoir : le salaire, qui est le
prix de sa peine; la rente, qui est le prix de son capital; et le profit,
qui est l'indemnité des risques que courent sa peine et son capital;
(que) le prix de toute exploitation ou de tout ouvrage d'industrie
est toujours composé, comme l'a démontré Smith, de ces trois éléments
: le salaire, la rente, le profit ».
23) Œuvres, t VI, p. 24.
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