auteurs latins - Notes du mont Royal

S8 LUCIECE.
m dissipent avant même que les parties ne retournent
à la matière.
Enfin, tu nous accordes que tous les êtres ne
Jettent pas des sons ou des odeurs, et par conséquent
tu ne les supposes pas tous odorants ni sonores
: de même, comme tous ne peuvent être
saisis par la vue? tu dois en conclure que les us
manquent de coloris aussi bien que les autres de
parfum et de son, et que des esprits pénétrants
se les figurent aussi bien sans couleur que sans
toutes les autres qualités ou marques sensibles.
Au reste, ne crois pas que la nature dérobe
seulement la couleur aux atomes : elle les soustrait
au froid, aux vapeurs tièdes, aux vapeurs
cbaudes ; les empêche de produire le son, et ête
les sucs humides à leur maigre substance, qui ne
contient et ne répand aucune senteur. Ainsi toimême
f lorsque tu veux composer un doux parfum
avec la marjolaine, la fleur du nard, ou la
myrrhe t ce nectar embaumé des narines, tu dois
chercher, autant que possible, les huiles les moins
odorantes et qui ne laissent échapper aucun soufie
fétide, pour ne pas mêler au pur esprit des
ieurs un corps infect qui puisse l'échauffer et le
corrompre.
De même les atomes, quand ils forment les
êtres, ne doivent employer ni odeur ni son, puisque
rien ne se détache de leur substance, et que
par conséquent le goût, le froid, la vapeur chaude,
la vapeur tiède, ne peuvent en émaner. Tout ce
qui forme la nature mortelle des corps, la mollesse
qui les assouplit, la corruption qui les brise,
Qustà sine odore ullo qqodam, soniiiique rémois :
Née minus iiaec animum cognoscere posse sagacem t 840
Quam qn» stmt aliis rébus prfvata nottque.
Sed ne forte putes, solo spoliata colore
Corpora prima manere ; etiam sécréta teporii
Sont ae frlgoris cmmino calidique yaporis :
Et sonitu slerila 9 et suco jejuna ferunlur ; 845
Née jaciunt ullum propriura de corpore odorem.
Sicut amaraclni blaudum stacteque liquorem t
£1 nardi lurent , nectar qui naribua liaiat »
Quom facere instituas; cumprimis quœrere par est »
Qtioad licet» ac posais reperire, inolentis criivi 850
ffaturam , nullam qua initial naribus auram :
Quam minime ut possit mistos In corpore ©dores,
Concoctosque sno contactes perdere ?iro.
Propterea dèbent eadem primordia rerum
Ion adbibere suum gignundës rebua odorem » 815
ttec sonitum ; quoniam nihil ab ae niittere possunt,
Nec simili ratione saporem deniqarquemquaiii, •
Nec aigus, neque item calidum tepldumque ?aporem.
Cetera, qu« quoin ita sunt terneo, ut morteliaconstant 9
Molli lente » fragosa putri, mm corpore raro» 8S0
Omiria sint a principieia sejuncto ueccsst esl;
Immortelia si tolnmus subjungere rébus
Fundameote f quibus nilatur summa salutis :
le vide qui ies creuse, sera nécessairement écarté
des atomes, si nous voulons asseoir le monda
sur des fondements impérissables, qui soient la
base du salut unifersel, et qui empêchent toute
la nature de retourner aux abîmes du néant.
Tu dois avouer aussi que les êtres qui tentent
naissent pourtant de germes insensibles; et tout
ce que nous avons sous les yeux, tout ce que
nous sommes à portée de connaître, loin de démentir
et de combattre ce fait, semble nous y
conduire par la main, et nous obliger à croira
que des éléments inanimés, je le répète,produisent
les animaux.
In effet, il est facile de voir que le ver éclot et
prend vie dans la ftrogp, lorsque des pluies intempestives
engendrent la corruption dans le
loi humide. Tout se transforme de même. Le«
eaux tournent en feuillage, les gras herbages en
troupeaux ; les troupeaux changeant de nature se
font hommes, et la chair humaine va souvent accroître
les forces des bêtes sauvages, ou la substance
des oiseaux. La nature forme donc avec
une nourriture morte des corps vivants, et elle
tire de là tous les êtres sensibles : comme du bois
aride naissent les flammes ondoyantes, et commt
tout se convertit en feu.
Pe vois-tu pas alors combien importent la disposition
,1e mélange des atomes, et les mouvements
que tous impriment ou reçoivent?-
Pourquoi donc ton esprit, ébranlé par le
doute» cherche-t-il des objections vaines, et re*
fuse-t-11 de croire que dps oorp insensibles for*
Me tîbl res redeant ad allum fijoditus oaines,
Nunc ea, qoasentire fidemus quomque» necesseest, ^€\à
Ex insensilibus tamen omnîa eonfiteare
Prineiptels consi^re, neque id manifesta réfutant ,
Mec contra pupantt in promtu copita quae suot ;
Sed magit ipsa manu ducunt» et credere eogunt,
E^ insensilibus » quod dieo, tnimalia gignL 870
Quippe videre licet» TITOS eisistere fermeis
Stercore de tetro, putorem quom sibi nacta est
Intempestif is ei iinbribus hnmida telîus :
Praeterea etpetas itidem res vortere sese.
Vortunt se fluviel in frundeif, et pabula lœte 87^
In pecudes; vortunt pecudes il corpora noatra
Maturam ; et noslro de corpore saepe ferarum
Augescunt vires, et corpora pennipoteatum.
Ergo onineis oatura cibos in corpora viva
¥orlit 9 et liinc semus animaptum procréât otiiticis : asoi
Mon alia longe ratione, atque arida ligna
Ëxplicat in iammas, et in ipeis omfiia irorsat.
|anme fides igitnrf magoi primordia reium
leferre in quali sint ordine qnœque locata y
Et comntiita quibtis dent motus accipiantqne ? 88J|
Tum porro quld id estf animotn qiod percutit ipsufB p
Quod movet, et farios sensus eipromere cogit9
E% insensilibus ne aedas sensUe gipi ?