auteurs latins - Notes du mont Royal

ailles, et de lancer an loin la cendre brûlante.
Parcours ainsi toute la nature, guidé par la raison
f et te découvriras que tout recèle les germes
de mille eorp emprisonnés sous mille formeSè
Enfin f tu vois bien des choses qui joignent la
couleur ai goût, et le goût au parfum ; comme la
plupart des offrandes que la superstition arrache,
quand elle saisit honteusement les âmes. Ces matières
doi?ent être composées de principes divers :
car les odeurs se glissent par où le suc ne gagne
jamais les membres, et le suc où les saveurs in*
sinuantes trouvent aussi des voies particulières ;
ce qui prouve que leurs atomes ne sont pas faits
de même. Des atomes de forme diverse se réunissent
donc dans les mêmes assemblages, et les
Corps se forment de leur mélange.
Bien plus, tu distingues partout dans mes
vers mille lettres qui sont les éléments communs
de mille mots; et pourtant tu es obligé de
reconnaître que chaque mot, chaque vers ne se
compose pas des mêmes éléments. Non que ces
lettres communes qui courent de vers en vers
soient peu nombreuses, ou que les mêmes
ne se rassemblent jamais pour produire deux:
mots semblables ; mais pree que tous les âéments
de tous les mots ne sont pas rangés de
même. De cette fa^jon, quoique les autres eorp
renferment aussi mille principes communs à
mille choses, il se peut néanmoins que leur
niasse diffère : tu aurais donc raison de dire que
des atomes différents produisent la race des
hommes, les moissons et les arbres fertiles.
Scmtillasqoe igere, ac late iifferre fa? iUam. 675
Cetera consimili mentis ration peragrans,
Intentes igltur multanim seauna rertim
Corpore celare, et varias coUbere figuras.
Beoique milita vides 9 quibus et color et sapor ima
leddita sent cum ©dora ; in priniis pleraque dona t
DE Là NATU1E DES CHOSES, LlV. IL
6So
leifpôse atûmum ttirpi quom tangere pacto.
Haec Igltur varls debent constare igurïs :
mdor enim pénétrât, qua sucus non II in artus ;
Soctis item seorsum » et seorsiim saper insinualur
Sensibus ; ut noscas primis differre figuris. §15
Dîsslmiles ïgitur formœ glometmmen il unam
Conteniunt; et res permîito sernine consent
Quin etiain passim nostris in versibns ipsis
Multa elemeita fides multis communia verbis ;
Quom tamen inter se versus ac terba necesse est SPQ
Conlteare alla ei aliis constare elementls.
Non quo milita parum commuais litera eurrat f
Ait noOa inter se duo sint ex omnibus Isdem :
Sed quia non volgo pria omnibus omnia constant :
Sic aliis in rébus item communia multa - 895
Moltarum rerum quom suit primordia, rerum
Kssirolli tatnen inter se consistere summa
Possunt : ut merito ei aliis constare feratur
lomaniun genus, et flruges arbustaque beta.
Si
Ne vas pas croire pourtant que tous les atomes
puissent former des assemblages de toute
sorte; car alors il serait commun de voir naître
des monstres, de voir une moitié de bête sur un
corps humain, un épis feuillage sur un être vivant
, des membres appartenant à la terre joints
à ceux que la mer enfante , des chimères enfin
vomissant lafiamme de leurs bouches empestées,
et que la -nature nourrirait aussi dans un monde
capable de tout produire. Mais il est évident que
rien ne se fait de la sorte, puisque nous voyons
tous les êtres» formés de germes invariables et
naissant à des sources distinctes, conserver leur
espèce quand ils croissent
Il faut bien que leur croissance se fasse dans
un ordre déterminé : car toute nourriture fournit
à chacun ses atomes propres qui se distri*
buent dans les membres, et qui, joints au corps,
y engendrent un mouvement réparateur. Au
contraire, les éléments impropres sont rejetés
pr la nature, qui les rend au sol ; et souvent le
corps humain repusse par un choc et met en
fuite des corps imprceptibles, qui ne peuvent
ni se mêler à la substance, ni concourir au
mouvement vital f et recevoir eux-mêmes la vie.
Ni te figure pas que les animaux seuls soient
assujettis à ces lois : une certaine limite sépare
tous les êtres. En effet, comme toutes les productions
delà Nature diffèrent, elles doivept
avoir aussi des éléments de forme différente :
non pas que bien des atomes ne soient faits de
même, mais parce que tous ne peuvent être
Mm tamen omnimodis connecti posseputandum est 7oo
Omnia : nam volgo ieri portenta vidsres;
Semiferas hominum spedes eisistere» et altos
Interdum ramos e gigni corpore ?§?o ;
Multique connecti terrestria mtmbra marinii :
Tum lammam tetro spiranteis ore CbiaMsra*,
Pascere naturam par terras omniparentels.
Quorum silfieri manifestum est; omnia qnandof
Scminibus certis certa genetrice creata9
Conser?are genus cresceatia pusse ?idemus.
Scilicet id certa ieri rations necesse est :
Nam sua quoique cIMa ei omnibus laïus in artus
Corpora discedunt; mmmmqm confenienteis
Eficiunt motus : at contra aliéna videmos
Bejîœre in terras naturam; multaque ctecii
Corporibus fugîunt e corpore percita plagis;
Quae neque connecti quoquam potuerey neque Inter
Vitaleis motus consentira, atque animari.
Sed ne forte ptites animalia sola teneri
Legibus bis, quœdam ratio disterminat omneis.
Main f velui tota natura dîssimilei sunt
Inter se genit» res qu»que , ita quomque nectssi est
Dissimili constare figura principïorum :
Mon quo multa parum simili bint pnedita forma;
Sed quod non volgo pria omnibus omnia constant
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