auteurs latins - Notes du mont Royal

24 LUCEECE.
grandes distances, les antres s'écartent moins,
et s'unissent même sous le choc. Les atomes
qui forment un amas plus compacte, qui voltigent
ensemble sans se repousser à peine, parce que
leurs formes inégales s'adaptent et s'entrelacent,
sont la base solide des rocs et composent la
dure substance du fer, ainsi que le petit nombre
des autres corps de même nature. Les
atomes, au contraire, qui rejaillissent au loin
quand ils se frappent, et qui demeurent flottants
et dispersés, dans l'espace, nous donnent
le maigre luide des airs et les feux éclatants
du soleil.
Bien des atomes encore flottent au hasard
dans le grand vide, qui sont exclus de tous les
assemblages, et qui, incorporés dans la masse,
ne peuvent y associer leur mouvement Nous
avons toujours un exemple, un simulacre de
ces corps dont je parle, placé devant les yeux.
Yois le soleil qui verse sa lumière par les ouvertures
de cet appartement obscur : tu apercevras
mille corps déliés qui se croisent et se
jouent de mille manières dans le sillon lumineux.
On dirait que ces corps se livrent une bataille
éternelle : ils s'attaquent et s*entre-choquent
comme des escadrons ennemis, et se mêlent et se
séparent pour se mêler encore. Tu peux ainsi te
représenter ce que doit être le mouvement des
atomes sans cesse ballottés dans le vide ; du
moins autant que. les petites choses igurent les
grandes, eimous amènent à le*connaître.
Partim intenrallis magniaconflicta résultant,
Pars etiam farevibus spatiis nexaatur ab ietu.
Et quœquomque, magis eondenso conciliât» ,
liiguii intervallis con?ecta rerultant, 100
IndupediUt suis perplexfe ipsa Igurig;
Haec validas saii radiées, et fera ferri
Corpora constîtuunt, eteetera* dégénère horum
Paueula ; qumprro magnum per inaoe vagantur»
Cetera dissiliunt longe, loageque recunant» 105
lu niagnfs intenrallis ; hsec aéra rarum
guflciunt «obis t et splendida lumina solis.
Multaque praet^rea magnum per înane vagantur,
Canciliis rerum quae sunt rejecta » nec usquam
Oonsodare etiam motus ptoere recepta : 110
Quojtift, utîmemofo, rel simulacrum, et imago,
ânte oculos sempr uobig ?orsatur, et instaL
Coitemplator enlm, quora solis lumina quoinque
Jnsertim fondunt radios per opaca domorum :
Mulla minuta modis multïs pr inane videbis 115
Corpora nûsceri radiorum lumine in ipso;
Et» velut aeterno certamine, praelia pugnasque
Edere, turmatim eertantia; nec dare pausamt
Coneilis et àmmêïm eiercila crebris :
Conjieep ut possis ei hoc, primordia reram, 120
Quale sit » in magno jactarî aemper inani ;
Pomtaiat rerum magiiarum prva potest res
Elinplare dare et f estipa notifiai.
Tu dois observer a?ec d'autant plus de s&in Ϥ
corps qui se pressent en désordre dans un rayon
de soleil 9 que leur agitation révèle les agitations
semblables et les luttes invisibles de la matière.
Car on tes voit changer mille fois de route, frappés
de coups imperceptibles qui les rejettent en
arrière, les poussent à droite, les chassent à
gauche, de tous côtés, en tous sens : or ces écarts9
ces mille détours 9 proviennent du choc des atomes.
in effet, les atomes commencent pr se mouvoir
eui-mémes; puis ils vont frapper les plus
petits assemblages !§ dont les volumes sont le
mieux proportionnés à leur force. Ces assemblages
, emportés pr le choc, ébranlent à leur tour
des masses un peu plus fortes : et ainsi le mouvement
qui part des atomes se propge de corp
en corps, et devient enfin sensible dans ceux que
nous voyons tournoyer au soleil, sans apercevoir
toutefois ce qui les frappe, ce qui les agite.
Maintenant, ô Memmius, apprenons en peu
de mots combien est rapide le mouvement des
atomes. Quand l'Aurore verse ses premiers feux
sur la terre ; quand les oiseaux, voltigeant au
fond des bois solitaires, remplissent le ciel de
leurs voix, harmonieuses, tout le monde sait»
tout le monde voit avec quelle promptitude le
soleil, à peine levé, dore toute la nature de sa lumière
naissante. Pourtant les vaporeux atomes
émanés du soleil, et qui forment cette lumière ,
ne traversent point un espce vide ; car ils sont
Hoc etiam magis haec aninnim te ad?ortere par est
Corpora, quae in solis radis turfaare fidenlnr; 123
Quod taies tarte motus quoque materiai
Significant clandestines caecosqie subesse.
Milita videbis enim plagis ibi percita cœeis
Commutare viam t retroque repulsa revorti f
Hune hue, nunc illue, in eunctas-undique parlas. 130
Scilicet hic a principes est omnibus error.
Prima moventur eiiim pr se primordia rerum;
Inde ea9 quae parvo sunt corpora conciliatu y
El quasi proiuma sunt ad Tirais priucipioram 9
Jctibuft'illorum c«cis impulsa dentur ; 135
Ipsaque» quae prro pullo majorai laeessunt.
Sic a principiis ascendit motus f et eill
Paullatim nostros ad sensus ; ut nio?eantur
Olla quoque9 m solis quae lumine cernere quimus;
Hec quibus id fadant plagis apprêt aprte. 140
If une 9 quae mobilitassit reddita materiai
Corpribus, pucis lioet hinc coposcere, Memmï.
Primum, Aurora novo quom spargit lumine terras »
Et variae volicrest oemora avia pervolitanies,
Aéra pr tenerum liquïdis loca focibus oppleut ; § 45
Quant subito soieat sol ortus tempre taii
Contestire sua prfundens omiialuce,
Omnibus in promtti manifestumque esse videmus.
At vapr b, quem sol mittitv iuraenqueserenum
lion per inane mett ?acuum ; qun tardius ire %m