auteurs latins - Notes du mont Royal

LUC1ECE.
vide, que les plus grands ieuves y couleraient
pendant toute la durée des âges sans le parcourir,
et sans être plus avancés au terme de leur
course : tant il y a d'espace ouvert aux êtres,
quand on ôte de toutes parts toutes les bornes
au monde I
La nature ne prmet pas f d'ailleurs f que le
monde puisse se borner lui-même ; car elle veut
que le vide soit terminé par le corps, et le corps
par le vide, pour que tous deux, en se limitant
sans cesse, se prolongent à l'infini. Si les corps
et le vide ne se bornaient tour à tour, maïs que
le vide seul fût immense par sa nature, ni la
terre, ni la mer, ni la voûte brillante du ciel, ni
la race des hommes, ni les corps sacrés des
dieux, ne pourraient subsister un instant; car
la matière, dont la masse ne serait plus assujettie,
flotterait éparse dans l'immensité du vide;
ou plutôt elle n f eût jamais été asseï compacte
pour former les corps, parce que les atomes dispersés
n'auraient pu s'unir.
On ne dira pas sans doute que les éléments
se soient fanges à dessein et avec intelligence
chacun à leur place, ni qu'ils aient réglé de concertleurs
mouvements réciproques. Maiscomme,
depuis tant de siècles, ces atomes innombrables
se combinent de mille façons, et sont agités par
mille chocs au sein du vide immense ; après avoir
essayé des mouvements et des assemblages de
toute sorte» ils sont enfin parvenus à cet arrangement
qui a produit le monde, qui a conservé la
nature durant de looguesannées, en assujettissant
Perptuo possint mm kbentia tractu ;
Née prorsum facere, ul restet minus ire, moaodo :
Usque adeo passif» palet Ingens copia rébus, 1005
Fiuibus eieuitls f in cunctas indique priais,
Ipsa modo m porro mbt reriim somma parera
Ne possit 9 nature tenet : quia €orpus ioani 9
Et9 quod inane totem est» fini ri corporecogilf
Ut sk al ternis infini ta omnia reddat. f o 10
Aot etiam, alterutrum nlsi terminet altérant eoram y
Simplice natura, at pteat tamen immoderatum ;
Nec mare, nec telliist meqm cœli lucida tempta,
Nec niortile geios , née divom corpora sâncta,
Eilgiiom posseot îiorel sistere tempos. 11)15
Nam dispuisa $uo de ccfetu y onteriai
Copia ferretiir mapum per iiane soliita;
Sivetdeo potius nunquani concreta ereasset
UBam rem 9 qnoniam cogi disjecta neqiisset.
Ham carte œqm consUio primordli rerma 1020
OfMm se saoqusque sagaci mente locarant,
Nec qnos quajque darent motus f pepfgere profeeto :
Sed quia mal ta» modis muftis mntata, per omne
Ex infinito veiaatur parclta plagis ;
Omne gênas motus 9 et cœtas eiperiundo; 1025
Tandem deteoituit in taleis disposeras,
Qtttlibtis Inec rtlwi consistît summa creata :
les corps à des mou?ements harmonieux , et ipi
fait que les rivières abreuvent la mer avide de
leurs eaux abondantes f que la terre pénétrée des
chaudes vapeurs du soleil renouvelle ses fruits,
que toutes les espèces vivantes refleurissent, et
que les feux errants du ciel sont alimentés : ce
qui ne pourrait se faire, si les richesses Inépuisables
de la matière ne fournissaient pas éternellement
de quoi réprer les pertes éternelles des
êtres.
Quand les animaux sont privés de nourriture f
leur nature s'épuise, leur corps se ruine : de
même toutes les substances doivent périr, aussitôt
que la matière, détournée de sa route par un
accident quelconque, cesse de les alimenter.
Il ne serait pas juste de dire que des chocs
extérieurs assujettissent le grand assemblage du
monde. Les atomes peuvent bien, à force de
coups répétés, suspendre la ruine d f uee partie,
jusqu'à ce que d'autres accourent et complètent
la masse; mais ils sont obligés de rejaillir euxmêmes,
quand ils choquent les principes; et ils
leur donnent ainsi le temps et la place nécessaires
pour fuir, errants et libres, loin du grand assemblage.
Il est donc indispensable que les atomts
se succèdent sans relâche ; mais 9 pour que ces
atomes mêmes suffisent à frapper tous les corps,
il faut que la matière soit infinie. •
Surtout ne va pas croire, cher Memmius,
que les êtres tendent vers le centre du monde,
comme le disent quelques hommes, et que par
conséquent la nature subsiste sans être mainte-
Et mutins etiam magnos servait per annos,
Ul semel in motus oonjecta est convenienleis,
Effieit, ut largîs avidum mare iuminis undis 1030
Intègrent amnes» el solis terra vapore
Fota novet fétus ; submlssaque gens aiimanttim
Floreat» el vivant latentes aetheris ignés :
Quod IMJîÎO facereai pacte y nisi miteriai
Ex iiifinlto suboriri copia posset,
103*
Unde amissa soient reparaît in tempore qioque.
Nam veluti, privata eibo, natura animanlu»
Difiluit, amitlens corpus ; sic omnia êebent
Dissolvi, simul ae defecit suppeditare
Materies y aliqua ratione aversa viaL 1040
Mec plagae possunt cifrioscciis undique stimula»
Coîiserfare omnemf qunequomque est conciliata :
€udere enim erebro possunt, partemque morarif
Dom ventant ali», ac suppleri summa quealur;
lolerdoiB resilire lamen coguntur, et una 1045
Priocipieis rerûm spatium tempusque fugai
Larglri , ut possint a cœtu libéra ferri
Quare etiam atque cliam suborfrl multm necesse est :
Et tamen ? ut plagae quoque possint suppetere ipsœ f
Ininîta opus est vis undique maleriai. f 0S#
lllad il bis rébus longe fige credere» Memmi.
In médium summ*f quoddicuntf omnia nitij