auteurs latins - Notes du mont Royal

DE Là NATURE DES CHOSES, LTV. I.
nature des choses avec son ajustement harmonieux
et sa forme.
Tu sais déjà que les éléments de la matière
«ut solides, et voltigent éternellement, sans être
vaincus par les âges : examinons à présent si la
somme des atomes est bornée ou ininie ; voyons
de même si le vide que nous avons trouvé dans
la nature, c'est-à-dire le lieu ou espace au sein
duquel les corps agissent» est terminé de tontes
parts, ou s'il a une étendue et une profondeur
immenses.
Le grand tout ne se termine dans aucun sens ;
car autrement il aurait une extrémité. Mais un
corps ne peut en avoir, je pense f si on voit au
delà quelque chose qui le limite, et qui empêche
la vue de passer outre. Or, puisqu'il faut avouer
que rien n'existe au delà du monde, le monde
n'a donc aucune extrémité, et par conséquent
il n'a ni In ni mesure. Peu importent les régions
où tu es placé : quelque lieu que tu occupes,,
un espace sans bornes te restera ouvert en tous
sens.
En supposant même que le grand tout finisse,
si un homme va se placer au bout du monde,
comme le dernier point de ses dernières limites,
et que de là il jette une flèche ailée ; lequel aimestu
mieux, ou que le trait, lancé avec force, aille
là où il a été envoyé, et vole au loin; ou que je
ne sais quoi l'arrête, et lui fasse obstacle? Car
il faut choisir; et, quelque parti que tu prennes,
tu ne peux nous échapperf et tu es réduit à ac-
Nataram rerum , qua constel eomta Agora.
Sed quonlam docui, solidissima wateriai 950
Corpora perpétuo volitare» invicta per œvom ;
Kunc âge» summai quaedam ait luis eorum»
H cène sit, evolvamus • item 9 quod inane reperlum est 9
Sea locus ac spatïum » res in quo quœque gerantur,
Pertideamus» alrum finitom funditus omne 955
Constat, an immeosum pateat fastequo profundum.
Omne quod est t igilur, nulla regionc vlarum
Finit tim est; namqueextremum debebat liabere :
Eïlremum porro nollius \mm vidctur
Esse, nisi ultra slt quod finiat ; ut ¥ideatorf
960
Quo non longius kœc sensus nalura sequatur.
Munc extra suraraam quoniam nîhil esse fatendum est f
Non habet actremuro; caret ergo fine, modoque :
Nec refert, quibiis assistas regionibus ejus :
Usque adeo, quem qnisque locum possedit, in omneis 965
Tauliimdem parteis inftnîtum omne relinquit.
Prçterea, si jam fini tu ni constituatur
Omne, quod est, spailum, si quis procurrat ad oras
Oltimtis extremas, jaciatqae volatile telum,
Id • aldis «tram eontortum ilribus ire, 9"0
Quo foerit missuoi, maYis, longeque volare;
AD proliibere aliquid censés, obstareque posse?
Alterutrum fatearis enira f sumasqne, necesse est :
Quorum utrumqwe tibi eflngiinn prœclodit, et omne
Cogil ut exemta concédas fitie patere. 97 a
corder au monde une étendue infinie. En effet,
soit que la lèche, arrêtée par un obstacle, ne
puisse achever sa course et atteindre le but, soit
qu'elle passe outre, elle ne part pas de l'extré*
mité du monde. Je te poursuivrai ainsi ; et, dans
quelque lieu que tu Ixes des bornes, je te demanderai
ce qui arrivera à la flèche, 11 arrivera que,
pour lui faire place, les bornes reculeront, et le
monde se prolongera sans cesse.
D'ailleurs, si des limites infranchissables emprisonnaient
la nature de toutes parts, et que
son étendue fût bornée, les corps solides, emportés
par leur poids, tomberaient en masse vers le
fond du monde : rien ne pourrait se faire sous
la voûte du ciel, et le ciel même n'existerait
pas, ainsi que la lumière du soleil, puisque toute
la matière, depuis des temps Infinis, eût formé,
en s'affaissant, une masse Inerte. Mais on sait,
au contraire, que les éléments ne connaissent
pas le repos, pree que le monde n f a pas de fond
où ils puissent s'entasser et fixer leur demeure»
Ils se meuvent sans cesse pour enfanter toutes
choses dans toutes les parties, et les gouffres Inférieurs
vomissent aussi des flots de matière
perpétuellement agitée.
Enfin, les yeux attestent que les corps sont
limités par les corps : l'air coupe les montagnes, l
et les montagnes coupent l'air ; la terre borne
les ondes, et les ondes embrassent la terre : mais
il n'existe, au delà du monde, rien qui le termine*
Telles sont donc l'immensité et la profondeur du
Ham site est aliquid, prohibeat, efBciatque,
Quo mina'; quo mlssam est, veaiat, inique locet se»
Si?e foras fertury non est a fine profectum.
Hoc pacto sequar; atquef oras ubiquomque loearis
Extremas $ quaeram quid tel© denique fiât 980
Fiel, ulî nusquam possit consistera finis ;
Effugiumqoe fugae prolatet copia aemper,
Praeterea spatium summai totius omne
Undique si inclusum certls consisteret oris »
Finitamqae foret, jam copia materiaî us >
Undique ponderibus solides confluxet ad imum;
Nec res ulia geri sub cœli tegmine posset;
Nec foret omnino eœlum, neque lamina solis :
Quippe ubi materies omnis cunmlata Jaceret
Ii infinito jam tempore subsideido. 990
ât nunc nimirum requies data principiorum
Corporibns nulla est ; quia nil est funditus imum 9
Quo quasi confluerê , et sedeis ubi ponere possint :
Semper in asslduo molu res quaeque geruntur
Partibus in omette, infernaque suppeditantor, 995
Ei infinito cita » eorpora materiai.
Postrtmo, ante oculos res rem fiiire ¥idetor
âer dissœplt colleis, atque aéra montes;
Terra mare 9 et contra mare terras terminât omneis :
Omne quidem vero nihil est quod finiat extra. 1000
Est igiturnatura lod, spatiumque profundi,
Quod neque clara suo preurrere flumîna cursu