auteurs latins - Notes du mont Royal

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des éléments communs, et arrangés de mille
façons diverses.
Cependant, me dis-tu, il arrive prfois que,
sur les hautes montagnes, des arbres, contraints
par un vent impétueui f entre-choquent et frottent
leurs cimes, où éclot enfin une couronne de
feu resplendissante* Sans doute ; mais il ne faut
pas croire que le bois contienne du feu ; il ne
renferme que des atomes inflammables, qui,
amassés par le frottement des arbres, allument
un incendie dans les forêts. Si la flamme se cachait
au sein des forêts mêmes, elle ne pourrait
se contenir un instant : elle brûlerait sans cesse
les arbres, et elle dévorerait les bois.
Ne vois-tu pas déjà, comme nous le disions
un peu plus haut, que le mélange des atomes*
leur arrangement, et les impulsions que tous
donnent ou reçoivent f sont d'une extrême im-
'portance? car leur moindre transposition engendre
le feu du bois : ainsi les mots latins de bois
et de feu ont pour base des lettres qui changent
à peine de rang, quoique tout deux forment un
son distinct.
Enfin, si tu ne peux expliquer tout ce qui se
passe dans les corps sensibles, sans leur assigner
des éléments de même nature, les principes de
la matière sont anéantis, ou ils doivent avoir,
ainsi que les êtres, les joues baignées de larmes
amères,et les lèvres agitées par le tremblement
du rire.
Maintenant, ô Memmius, écoute et apprends
LUC1ECE.
Moîlariiïïî rentra in rébus communia détient 895
At sœpe in magitis il montibus, inqols, ul alK
Arboribus vicina cacnmina sumrna leraitur
Intcr se, valldis facere ii cogentibns austris»
Donee flammaî fulserunl flore eoorto :
Scilicet ; et non est lignis tamen insitns ignls ; 900
Vcrum semina sunt ardoris multa, lerendo
Qiueqnom confluxere, créant Incendia sylvis.
Quod si facta foret sylvis abscondita lamma »
Non possent «Hum tempus celarier ignés :
Confièrent ?olgo sylfas, arbosta cremarant. §05
Jaraiie vides igitur, paullo quod diximos ante,
Permagni referre, eadero primordia saepe
Cum quibusf etquali positura eontingantur;
Et quos inter se dent motos aecipiantque f
Atque eadem f paullo inter se mutata f creare 910
tgneis e lignis? quo pacto terba quoque ipsa »
Inter se paullo mutatis suit démentis,
Quom ligna atque igneis distincta voce noterons.
Denique, jam quœquomque in rébus cernis apertis,
Si leri non pusse putas, quin materiai 915
Corpora consimill natira prœdita flogaa,
Hac ratione Ubi perçant primordia rerum :
Fiet9 uli risu trémolo ooncussa cachinnent,
Et iacrumis saisis liumectent ora genasqne.
Hune âge, quoi superest, coposce ci claptis andi ;920
Mec me animi fillit» quam sint obscura; sed acri
ee qui te reste à connaître. Je sais comiîen cet
matières sont obscures ; mais de glorieuses espérances
ont frappé mon âme du plus vif enthousiasme
j et lui ont imprimé le doux amour des
Muses» Animé de leur feu, soutenu par mon
génie, je parcours deê sentiers du Piérus qui ne
sont point encore battus, et que-nul pied ne foule.
J'aime à m'approcher des Sources vierges, et à
y boire ; j'aime à cueillir des fleurs nouvelles, et
à me tresser une couronne brillante là où jamais
une Muse ne couronna un front humain : d'abord,
parce que mes enseignements touchent à
de grandes choses, et que je vais affranchissant
les cœurs du joug étroit de la superstition ; ensuite,
parce que je fais étinceler un vers lumineux
sur des matières obscures f et que je revêts
toute chose des grâces poétiques. Et ce n f est pat
sans raison. Le médecin veut-il faire boire aux
enfants l'absinthe amère; il commence par enduire
les bords du vase d'un miel pur et doré f
afin que leur âge imprévoyant se laisse prendre
à cette illusion des lèvres f et qu f ils avalent le
noir breuvage : jouets plutôt que victimes du mensonge,*
car ils recouvrent ainsi les forées et la santé.
Be même,* comme nos enseignements paraissent
amers à ceux qui ne les ont point encore savourés,
et que la foule les rejette, j f ai voulu t'exposer
ce système dans la langue mélodieuse des Piérides
f et le dorerf en quelque sorte, du miel de la
poésie; espérant retenir ton âme suspendue àmes
vers f tandis que je te ferais voir toute la
Percnssit thyrso laudis spes magna meum cor.
Et siiïml incussit sua?em mi in pecttis amoreni
Musarum : quo mine instinctus, mente vîgentl
Àvîa Pîeridum peragro loca, nullius aote 925-
Trila solo : ju?at intègres accedere fontete,
Atque haurire ; juvatqne novos decerpere flores f
Insignemqiie meo capitl petere Inde coronam f
Unde prjus nulli velarint tempora Mus©.
Primum, quod magiis doceo de rébus » et arctis 930
Beligiontim animum nodis eisolvere pergo :
Deinde quod obscura de re tam luclda pango
Carmîna, Musœo contlngens cuncta lepore :
W quoque entm non ab nulla ratione videtur;
Sed, veluti puereis àbsinthia tetra medentes 93S
Quom dare conantiir, prius oras, pocula circuoi,
Contingnnt mellis dolei fla?oqiie liqiiore»
Ut puerorum aetas împroiîda lodifteetor
Labrorum tenus; interea perpotet amanim
Absiathi laticera, deceptaque non capiatur, 940
Sed potius, tali facto recreala, valeseat ;
Sic ego nnne, quoniam liaec ratio pleromcpie videtur
Trisiior esse, quîbus ion est traclata, retroque
Volps abliorret ab liae; volui tibi suaf iloqiienti
Carminé Pierio rationem eipnere nos tram 945
Et quasi Musieo dulci coiitingere melle ;
Si tibi forte animum tali ratione tenere
Versibiîs in nostris possem, dam perspicis omnem