auteurs latins - Notes du mont Royal

is LUGRèCE.
du ciel à la terre et- dé la terre aux astres. Maïs
les éléments ne pu¥ent agir de la sorte, et il
doit y avoir une substance inaltérable, pour que
le monde ne retourne pas au néant : car tout ce
qui sort de ses limites et dépouille son être sa
frappe de mort. Ainsi, puisque les corps dont je
viens de prier échangent leur nature, ou ils se
composent eux-mêmes de corps qui ne peuvent
changer, ou la nature sera anéantie. Pourquoi
donc ne pas admettre plutôt des éléments de
telle sorte, qu*après avoir formé du feu, ils
n'aient qu'à y ajouter ou à y retrancher quelques
atomes, et qu'à changer 4e mouvement ou
de place, pour en faire de l'air, et pour changer
de même toutes choses en choses nouvelles?
Mais il est évident, diras-tu, que tous les
corps naissent de la terre, que tous en sont nourris,
et que si le ciel ne leur verse ses pluies bienfaisantes
aux instants propices, si les jeunes
arbres ne fléchissent sous la rosée des nuages, si
le soleil à son tour ne les caresse de ses feux et ne
leur donne la chaleur, ni les moissons, ni les
arbres, ni les animaux, ne peuvent croître. Sans
doute : de même que si des aliments secs et des
substances liquides et molles ne soutiennent notre
corps, il dépérit, et la vie se détache des os et
des nerfs en ruines. Car il est certain que nous
sommes soutenus et alimentés par des substances
particulières, ainsi que les différents êtres;
et ils veulent tous une nourriture différente,
parce que les mille principes communs à toutes
Nec eesstre fa*c ioler se mutâre t meare
A oœlo ad terram, de terra ai sidéra mundi :
Quod facere haud uUo debent primordia facto.
Imoiulabîte mmm quiddam suprare necesse est; 790
Ne res ad nihilum rediganliir funditus omîtes.
Nam quodquomqne suis mutatum limbes exltf
Continu® hoc mors est illus, quod fuit ante.
Qotpropter, quonîam qu« paullo diximus ante,
In commiitatam Tentant, èonstare necesse est 795
Ex aliis ea f quae nequeant conTortier usquam :
Ne tibi res redeant ad nilum funditus omnes.
Quln potius9 tali nature predita, quaodam
Corpora constituas; igneni si forte creartat,
Posse eadem 9 demtis paucis , paucisque tribu lis y
800
Or cil ne mutato et motn , facere aeris auras :
Sic alias aliis rébus mutarier omneis.
Àt manifesta palan» res indieat, inquis9 in auras
Aeris e terra res omneis crescere, alique :
Et Disi tempestas indulget tempore fausto ' 805
Imbribus, et tabe nimboram arbusta vacillant ;
Solque sua pro parte fotet, triboitqae calorem;
Crescere ion possînt fruges, arbusta, anlmanteis.
Scîlicet » et nisi nos clbus aridus et tener humor
Adjufat» amisso jam corpore, vîta quoque omnis 810
Omnibus e nervis atque ossibus eisoluatur,
Adjutamur enim dobio procul atque alimur nos
Certîs ab rébus, certis aliae atque aliae res ;
choses se combinent dans mille corps ie mille
façons ii?erses. Et souvent leur mélange,
leur position, et les mouvements que tous Impriment
ou reçoivent, influent beaucoup sur les
êtres ; car les mêmes éléments qui forment la
terre, le ciel, la mer, les fleuve* et le soleil,
engendrent aussi les arbres, les moissons et les
animaux; mais Us sont mêlés à d'autres, et leur
arrangement diffère.
Bien plus, dans ces vers eux-mêmes tu
aperçois çà et là mille lettres, éléments communs
% de mille mots, et pourtant tu es obligé de reconnaître
que les mots et les vers ont chacun leur
sens et leur harmonie distincte : tant les éléments
ont de puissance, même quand Ils ne font que
changer leur ordre 1 Mais les éléments des corps
sont plus nombreux que ceux des mots, et Ils se
combinent davantage pour varier les êtres.
Examinons maintenant VHomœomérie d'Ànaxagore,
mot grec que la pauvreté de notre
langue nous empêche de traduire ; Il est facile
de faire connaître ce que le philosophe donne
pour élément des choses, en le nommant homœomérle.
Suivant Anaxagore, les os se composent
de petits os, et chaque viscère de viscères déliés,
Imperceptibles ; le sang est formé de mille gouttes
de sang, for de mille parcelles d'or, et la terre
de mille terres entassées; le feu est un amas de
feu, Peau un amas d'eau, et tous les êtres se
produisent de même. Mais Anaxagore ne nous
accorde pas que la matière contienne dm vide f
Nlmirum, quia molllmodls communia mtiltii
Multarnm rerum In rébus primordia mulla 81 S
Suit; Ideo fariis variae res rébus aluntur.
Atque eadem magnf refert primordia sœpe
Citai quitus, et quali positura continuant» ;
Et quos inter se dent motus accipiantque.
Mamque eadem ecelura, mare» terras, Ëumina, aolem» 820
Constituent; eadem fruges» arbusta, animantes ;
Verum aliis alioque modo commixta moventur.
Quln etiam passim noslrig in vereibus ipls
Multa elementa vides, nwltis communia Terbis;
Quom tamen Inter se ?ersus ac verba necesse est 825
Confileare et re et sonitu distare sonanti :
Tantum elementa queunt, permutato ordine aolot
At rerum quœ sunt primordia, plura adliibere
Possunt, unde queant ?ariae res quaeque creari.
Nunc et Anaxagorae scrutemur 6{u>ioplpetov S30
Quam Graiei memoraotf nec nostra dieere linpt
CôBcecill nobis patrii sermonls egestas :
Sed tamen ipsam rem facile est exponere verbls»
Princlpium rerum, quam dicit ôjwiofj^piiav.
Ossa fidelicet e pauxillis atque minutis §n&
Ossibu% sic et de pauxillis' atque minutis
¥isceribus viscus gipî ; sanguenque creari
Sangninis Inter se multis ooeuntibu' guttis :
Ex aurique putat micis consistera posse
Auram, et de terris terram eoncresccrt pr?is ; S4Q