auteurs latins - Notes du mont Royal

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facile de voir que ce ne sont pas des atomes de
feu ; car alors ils auraient beau se quitter, se
joindre, changer de place ou changer d f ordre, ils
n'en garderaient pas moins leur nature brûlante,
et le feu seul pourrait naître du feu. Mais voici,
selon moi, comme tout se passe : il eiiste des
corps qui par leurs mouvements, leurs rencontres,
leur ordre, leur position et leur forme, produisent
le feu, et qui varient leurs productions
en même temps que leur ordre, quoique pourtant
ils ne tiennent ni du feu ni des 1 autres
corps dont les émanations atteignent et frappent
nos sens.
Dire que tout est du feu, que le feu est le
seul corps véritable f comme le fait Heraclite,
me paraît donc une grande folie. Car il combat
les sens par les sens mêmes, et 11 affaiblit leur
témoignage, sur qui reposent toutes nos croyances,
et qui lui a fait connaître ce qu f il nomme le
feu. Il croit, en effet, que' le feu peut être
connu par les sens ; mais il ne le croit pas des
" autres corps, qui ne sont pourtant pas moins
sensibles.Voilàcequi me semble faux et extravagant.
Où faut-il donc nous adresser! Que
peut-il y avoir de plus Infaillible que les sensî
et» sans eux, comment distinguerions-nous le
faux du vrai?
D'ailleurs, pourquoi anéantir tous les autres
corps et ne laisser que le feu dans la nature,
plutôt que de nier le feu et de reconnaître tous les
1 autres corps! Ces deux opinions ne sont pas
plus folles Tune que foutre.
Natontn res , et confortant corpora mm ;
Scire licet, non esse hœe ignea corpora rerum. 6S0
Nil referreI enim , quœdam discedere, abire,
Atque alio attribut f mutariqus ordine quaedam »
Si tamen ardorîs naturam cnucta tenerent :
Jgfiis enim foret omnlmodls» quodquomque crearet.
Terum 9 ni opinor, ita est : sont quaedara corpora, quorum
Concursus» motus » ordo f positura f figura, 686
Effîciunt igneisf mutatoque ordine mutant
Natoram : neque sunt igni simulata f neque tilla*
Praeterea rei, quœ corpora miltere posait
Sensibus , et nostros adjeetu tangere tactus. 690
Bîcere porro ignem res omneilesse» neque ullam
Rem veram in numéro rerum constare, nisi ignem,
Quod facit hicc* idem , perdelirum esse vIdelur.
Ham contra sensus ab sensibus ipse répugnât.
Et labefactat eos s unde omnia crédita pendent ; §95
Unde hic copitus esl îpsl , quem nominat ignem.
Crédit eeim sensus ignem cognoscere vere ;
Caetera non crédit, quae nilo clara minus suot :
Quod mihi quom ?anum 9 tum deiirum esse videtur.
Quo referemus enim? quid nobis certius ipsis 700
Sensibus esse potest? qui fera, ac fâlsa noiemtis?
Praeterea, quare quisqnam iiagis omnia tollatf
it telit ardoris naturam Mnquere solam,
Quam neget esse ipeïs, summam tamen esse relinquat?
Ainsi doue ceux qui croient que le feu est
le seul élément des choses f et que le monde
put être composé de feu ; et ceux qui assignent
Pair comme principe générateur aux corps ; et
ceux qui prétendent que Peau forme les êtres de
sa propre substance » ou que la terre produit tout
et ftvêt toutes les natures, sont allés se perdref
ce me semble, bien loin de la vérité.
Ajoutons-y encore ceux qui doublent les éléments
et joignent le feu et Pair à la terre et à
Peau f et ceux qui pensent que tout peut niftre
de ces quatre corps réunis, de la terre, du
feu, de Pair et de Ponde, A la tête de ces derniers
est Empédocle l'Agrigentin, enfanté sur
les bords triangulaires de cette fie que les flota
azurés de la mer Ionienne baignent et embrassent
de leurs replis immenses f et que des ondes
qui bouillonnent dans un canal étroit séparent
des rivages éollens. Là se trouve la vaste Cha*
rybde ; là gronde PEtna, qui menace d'amonceler
encore ses lamines irritées, pour que de nouveaux
feux jaillissent arrachés de ses flancs, et lancent
encore leurs éclairs jusqu'au ciel. Cette terre
toute peuplée de grandes choses, et que les na*
tions humaines admirent et aiment tant à voir ;
cette terre, si riche de productions utiles, et
forte d'un épais rempart de héros, n'a jamais
rien eu de plus illustre ni de plus sacré,
de plus admirable ni de pins cher au monde f
que ce grand philosophe. Aujourd'hui encore
on se récrie sur les vers échappés de son esprit
divin, et on proclame ses sublimes découvertes,
i€fjua ?idêlor ettim clemcnik dîcere utrumque. 70S
Quapropter, qud materiem rerum esse putarunl
Ignem t alque ex igni summam consistera posse ;
r Et quel prfncipium gigaundeis aéra rébus
Constituera ; aut humorem queiqnomque puttrunt
Fingere res ipsum per se ; terrain Y e creare 71 o
Omnia, et in rerum naturas tortier omnels,
Magno opère a mm longel deerrasse videntor.
Adde etiam, quel eonduplieant primordia rerum,
Aéra jungentes igni » terramqoe Jiquori;
El quel quatuor ex rébus posse omnia rentur, 71S
Ei igni, terra, atque anima procrescere » et imbri ;
Quorum Agrapntinos euro prïmis Empedocles est :
Insula quem triquetris terrarum gessit in oris;
Quam luitans circum mapis amfractibos aequor
lonium glands adspergit ?irus ab undîs, 720
Angustoque frein rapidum mare clivklit undis
Jsoliae lerrarum oras a finibus ejus.
Hic est yasta Cliaj-ybdis, et hic j£lna*a mïiantur
Murmura, lammarum rursum se colligere iras,
Faucibus eruptos iterum ut vis etoraat igneis, 715
Ad cœlumque ferat flammai fulgura rursmn.
Quœ, quom magna modis roultss mîranda videtur
Gentibus tiumaneis regio, Yisundaque fertor,
Rébus opima bonis, multa munita yiram yi;
Kil tamen hoc habuisse vîro pweelarius in m9
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