auteurs latins - Notes du mont Royal

coiiialssaiiee du reste. Car, de même que les
chiens, une fois sur la piste, découvrent avec
leurs narines les retraites où les hôtes errants
des montagnes dorment sous la feuillée qui les
cache f de même tu pourras seul et de toi-même
courir de découvertes en découvertes, forcer la
nature dam ses mystérieui asiles, et en arracher
la vérité»
Si ta conviction hésite, si ton esprit se relâche,
je puis facilement t'en faire la promesse, cher
Memmies: des preuves abondantes, que mon esprit
a puisées aux grandes sources de la sagesse,
vont couler pour toi de mes lèvres harmonieuses.
Je crains même que la vieillesse ne se glisse dans
nos membres à pas lents, et ne rompe les chaînes
de notre vie, avant que cette richesse d'arguments
sur toutes choses n'entre avec mes vers
dans ton oreille. Mais il faut maintenant poursuivre
ce que nous avions entamé.
La nature se compose donc par elle-même de
deux principes, les corps, et le vide ou ils séjournent
et accomplissent leurs mouvements divers.
Le sens commun atteste que les corps existent;
et si cette croyance fondamentale n'exerce pas
un empire aveugle, il n f y a aucun moyen de
convaincre les esprits, quand on explique par la
raison ce qui échappe aux sens. Quant à ce lieu
ou à cet espace que nous appelons le vide, sll
n'existait pas, les corps ne trouveraient place
nulle part, et ils ne pourraient errer-en tous sens,
comme je te l'ai démontré plus haut.
En outre, il n'est aucune substance qu'on
puisse déclarer à la fois indépendante de la ma-
DE LA NATUBE DES CHOSES, LIV. I.
Quom semel institerunt vesligia certa viai;
Sic alici ex tilio per le lu te ipse ?ictere
Talibus in rébus poteris, cœeasque latebras
Insînuare omneis, et verum protrafaere iode. 410
Quoi si pigrmrls, pullumfe reeesëerîs abs re,
Hoc MM de piano possum promiltere., Memmij
Usque adeo largos liaustus e fcntibo* magnis
Ungua meo sua?is dili de pelure fundet,
Ul verear, ne tarda prïus per membra seneelus 4 i 5
Serpat, et in nobis filai claustra resolvat,
Quam tibi de quai îs una re Yersibus ornais
Argumentoram sil copia missa per aureis.
Sei nunc, ut répétai» cœptom perteiere diclis.
Ornais, ut est, igilur per se natura duabus 120
Constitit in rébus : namcorpora iront 9 et inane,
Haec in quo sîla sont 9 et qua divorsa fiioveolor.
Corpus enim per se eommunis dedicat esse
Sensus : quoi nisi prima ides fuodata valebit9
Haud erit , occultîs de rébus quo referenles 425
C#oinnaremiiîiîio8 qiiidquam ralioae queamus
Tum porro locus ac spafioni y quod inane vocamus.
Si Dolum foret y liaudquaquam sita corpora posseut
Esse, neque omuino quoquam dîvorga rneare :
ld quod jaiïî supra tibi pullo ostendiinus ante.
f i30
Ptmtjwm iilliil esl 9 quod possis dicere ab oimi
tièrc, distincte du vide", et qui offre les apparences
d'une troisième nature. Car^ quel que soit
ce principe, pour exister, il doit avoir un volume
petit on grand; et an moindre contact, même
le plus léger, le plus imperceptible, il va augmenter
le nombre des corps et se perdre dans la masse.
Sll est impalpable, au contraire, si aucune di
ses parties n'arrête le flux des corps qui le traversent,
n f est-ce point alors cet espace sans matière
que je nomme le vide?
D'ailleurs, tous les êtres qui existent par euxmêmes
doivent agir, ou souffrir que les autres
agissent sur eux ; on bien il faut que des êtres
soient contenus et se meuvent dans leur sein.
Mais il n'y a que les corps qui puissent agir on
endurer Faction des autres, et il n'y a que le
vide qui puisse leur faire place. 11 est donc impossible
de trouver parmi les êtres une troisième
nature qui frappe les sens, ou soit saisie par la
raison, et qui ne tienne ni de la matière ni du
vide.
Car on ne voit rien au monde qui ne soit une
propriété ou un accident de ces deux principes.
Une propriété est ce qui ne peut s*arracher et
fuir des corps, sans que leur perte suive ce divorce
: comme la pesanteur de la pierre, la chaleur
du feu, le cours fluide des eaux, la nature
tactile des êtres, et la subtilité impalpable du
vide. Au contraire", la liberté, la servitude, la
richesse, la pauvreté, la guerre, la paix et toutes
les choses de ce genre, se joignent aux êtres ou
les quittent sans altérer leur nature, et nous avons
coutume de les appeler à juste titre des accidents.
Corpore sejunetiim » seeretumque esse ab inani ;
Qiiod quasi lertia sit numéro natura reperta.
Nam 9 quodquomque erit, esse aliquid debebit id Ipsum
Augmine vel grandi9 Tel parvo denîque f dooi sit ; . 435
Quoi si iactos erjt quam?is levis exlguusque,
€orporis aogebit numeruni, suramamqne sequetur :
Sin intactile erit, nulla de parte quod ullam
Rem profil bere qiieat pr se transire meaiitem j
Scilicet hocc' id erit Yacuuni 9 quod inane vûcamus. 440
Prœlerea, per 8e quodquomque erit» aol faciet qoid,
Aut aliis fungi debebit agentibus ipsuoi 9
Aol erit, ul possunt in eo res esse, gerique :
At faeere f et fungi y sine corpore nulla potest res ;
Nec praebere locum porro f nisi inane vacansque. 445
Ergo praeter inane et corpora, terfia per se
Nulla potest rerum in numéro natura relinqui;
Mec quœ sub sensus cadat ullo tempore ooslros,
Mec ratioae aolroi quam quisquam posait apisci.
Ham qoœquomque cluent, anl his conjuncta duabus 450
Bebus ea inventes 9 aut horum éventa fidebis.
€onjunetum est id9 quod nunquam sine pemleiali
Dlscldlo poils est sejungi, seque grepri ;
Pondus uti saii, calor igois, llqiioraqoai»
Tacliis corporibus eunclis, imIactos inani. 46&
Servitfuro contra, paupertas, dhrilteque,