auteurs latins - Notes du mont Royal

époques, parce que les sucs nourriciers y sont
répandus, depuis le bout des racines, par le
tronc et les branches ; le son perce les murs, et
se coule dans les maisons fermées ; le froid atteint
et glace les os : ce qui ne pourrait se faire,
tîi tous ces corps ne trouvaient des vides qui
leur donnent passage.
Enfin, pourquoi certains corps sont-ils de
différents poids sous des volumes égaux ? Si un
flocon de laine contient autant de matière que
le plomb, il doit peser également sur la balance1
puisque le propre des corps est de tout précipiter
en bas. Le vide seul manque, par sa nature
même, de pesanteur. Aussi f lorsque deux corps
sont de grandeur égale, le plus léger annonce
qu'il y a en lui plus de vide; le plus pesant, au
contraire, accuse une substance plus compacte
et plus riche,
La matière renferme donc évidemment ce que
J'essaye d'expliquer à l'aide de la raison, et que je
nomme le vide.
Mais,afin que rien ne puisse te détourner du
vrai, je dois prévenir l'objection que des philosophes
se sont imaginé de nous faire. Suivant
eux*, de même que les flots cèdent aux efforts
des poissons et leur ouvrent une voie liquide,
parce que les poissons laissent après eux des
espaces Iibrestoù se réfugient les ondes obéissantes
, de même les autres corps peuvent se mouvoir
de concert,et changer de place, quoique
Quod eibits in totas, usque ab radidbus imis,
Per truncos ic par rimos difunditur omneti :
Ioter sœpta meant voces, et clusa domorum 355
Transvolitant : rigidum permanat frigos ad ossa.
Quod , nîsl inania sint f qua possent corpora quœque
Transiref tiaiid ulla ieri ration© ?Ideres.
Deaiqite, quur alias alicis ptmtare viderons
Pondère res rébus, nihilo majore figura? 360
fiant f si lantumdem est in lauae glomere 9 quantum
Corporis in plomb© est f tanturodem pendere par est ;
Corporis officium est quoniam premere oronia deorsum :
Contra autem natnra manet sine pondère inanis.-
Ergo, quod magnum est œque, levinsque vidétûr» 365
pîmirum plus esse sibi déclarât inanis;
AI contra gravius plus in se corporis esse
Pedieat, et multo vacuup minus intus liabere.
Est igitar nlmirum M t quod ratione sagaci
Quœrlmus» admîitum rébus ; quod inane vocamtis. 370
lllud9 in iiis rébus ne te deducere mm
Posslt, quod queidam fmgunt, prœcurrere eogor.
Cedere squamigereis latlces nitenlibus aiunt ,
Et liquidas aperire vias, quia post loca plsœs
IJnquant 9 quo potsint cédantes confluera uadœ : 375
Sic tins quoquê res Inler se posse moteri 9
Et mutare toconn f quamvis sint omnia plan.
S^Uicet M falsa totnm rafione receptum est :
Nan que aqutmigerii prieront prœedere fandim9
LUCRÈCE.
tout soit plein. Ce raisonnement est entièrement
faux : car où les pissons penvent-ils aller,
si la vague ne leur fait place! et si les poissons
demeurent immobiles, où les eaux trouverontelles
un refuge? 11 faut donc ouôter le mouvement
aux corps, ou admettre qu'il y a du vide
mêlé à la matière, et que la matière entre en
mouvement à l'aide du vide.
Enln si deux corps plats et larges, qui se
touchent, se séparent tout à coup, il se fait entre
ces deux corps un vide qui doit être nécessairement
comblé par l'air. Mais quoique l'air enveloppe
rapidement et inonde cet espace, tout ne
peut se remplir à la fois ; car il faut que fair envahisse
d'abord les extrémités, et ensuite le reste.
Peut-être croit-on que Fair antérieurement condensé
se dilate quand les corps se séparent;
mais on se trompe, car il se fait alors un vide
qui n'existait pas, et un vide qui existait se
comble. D'ailleurs, l'air ne peut se condenser de
la sorte ; et quand même ce serait possible, le
vide lui serait encore nécessaire, je pense, pour
rapprocher ses prtîes et se ramasser en lui-même.
Ainsi, quelques détours que tu cherches pour
échapper à l'évidence, tu es obligé enfin de reconnaître
que la matière renferme du vide.
À ces arguments je pourrais en joindre beaucoup
d'autres,qui donneraient un nouveau poids
à mes paroles; mais il suflt de quelques traces
légères,pur acheminer ton esprit pénétrant à la
Ni spatîum dederint latlces ? Concedere porro 380
Quo potenmt undae, quom plsces ire nequlbunt?
A ut igilur niolii privandum est corpora qtiieque,
Au! esse adinlxtum dlcundum est rébus Inane;
Unde inîtum primum capiat res qeapque movendi.
Postremo, duo de coocurso corpora lata 3S5
Si cita dissiliant , nempe aer omne necesse est,
Inter corpora quod fiât, possidat inaoe.
1s porro quamvis » clrconi celerantibus aurfs,
Confluât, haud poterlt tamen uno temporê totum
Complerï spattuni : nam primum quemque necesseest390
Occupct îlie loctira, deinde omnia possideanttir.
Quod si forte aliquis, quom eérpora dissiltiere »
Tom putat id fieri, quia se condenseat aer,
Errât : nam vaetium tum it, quod non fuit ante;
Et replet or item y vacuum quod constitit ante; 395
Hec iali ratione pôtest denserier aer :
Mec, si jam posset, sine inane posset f opinor,
Ipse in setrahere, itparteis conducere m uium.
Quapropter, quam?is caisando multa morerii,
Esse in rébus inane tamen fateare necesse est. 400
Mullaque prœterea tibi possum commemorando
Argumenta (idem dicteis ©orradere nostreis :
¥erum animo satis h«c vestlgîa parva tapci
Sont 9 per qu» possis cognoscere oeterm tote.
lamque canes ut monti?ape prtœpa ferai 4êé
Naribus in?eniunt intoctas fraude quittas 9