auteurs latins - Notes du mont Royal

comme nous voyons les lettres produire tous les
mots, que celle d'un être dépourvu de germe.
D'où vient aussi que la nature n*a pu bâtir de
ces géants qui traversent les mers à pied, qui déracinent
de vastes montagnes, et dont la vie
triomphe de mille générations, si ce n'est parce
que chaque être a une part déterminée de substance,
qui est la mesure de son accroissement?
11 faut donc avouer que rien ne peut se faire de
rien f puisque tous les corps ont besoin de semences
pour être mis au jourfet jetés dans le souple
berceau des airs. Enfin un lieu cultivé a plus
de vertu que les terrains incultes, et les fruits
s'améliorent sous des mains actives : la terre renferme
donc des principes ; et c'est en remuant
avec la charrue les glèbes fécondes, en bouleversant
la surface du sol, que nous les excitons
à se produire* Car, autrement, toutes choses deviendraient
meilleures d'elles-mêmes, et sans le
travail des hommes.
Ajoutons que la nature brise les corps,et les
réduit à leurs simples germes, au lieu de les anéantir.
En effet, si les corps n'avaient rien d f impérissable,
tout ce que nous cesserions de voir cesserait
d f être, et il n'y aurait besoin d'aucun effort
pour entraîner la dissolution des parties et
rompre l'assemblage. Mais comme tous les êtres,
au contraire, sont formés d'éléments éternels,
la nature ne cousent à leur ruine.que quand une
force vient les heurter et les rompre sous le choc,
ou pénètre leurs vides,et les dissout.
Ut poilus mulleîs communia corpora rébus
Moite putes esse, ut rerbeis ek 01 en la fidemiis,
Qiam sine prlncipïis ullam rem eisistere posse.
Deiiicpa quur Iiomines tantos natura parare 200
Non potuit, pedibus quel pontum per vada possent
Transite f et magnos manibus difellere montais,
Multaque yivendo vltalia vincere secla;
Si Ban y materies quia rébus reddila ceria est
€lgnuadelsf e qua constat quid possii oriri? 205
NI igïtiir fierl de nilo passe fatendum est;
Sernine quand® ©pus est rébus f quo qaaecfue créais
àerls in laneras possent proferner auras,
Postremoy qaanlim ineiiiieis praeslare videmus
CalU loca, et maoibus meltores reddere fétus, 210
Esse vMelicet in terris prirnordia rerum ;
Que nos 9 fecindas vortentes vomere glèbes,
Terraiqiie solum subigeites, cimus ad orlus.
Qttod si nalla forent, instra sine quaeque labore
Sponte 6ua multo fierl meliora videres. 215
Hue aecedit, «il quidque in sua corpora rursimi
Bissai fat natura , aeque ad nihilum interimat res.
Nam, si quid mnrfaîe e candis partibus esself
Et oculis res quaeque repente ereplâ periret :
lalla ?i foret usus ealna f quœ partibus ejus 220
Discidium parère, et nexas exsoî?ere passât
Qwd MIDC, «tari© qua constant semine qtiicqiief
DE Là NATU1E DES CHOSES, LIV. I.
D'ailleurs, si les corps que le temps et la vieillesse
font disparaître périssent tout entiers, et
que leur substance soit anéantie, comment Vénus
peut-elle renouveler toutes les espèces qui s'épuisent?
comment la terre peut-elle les nourrir,
et les accroître quand elles sont reproduites? Avec
quoi les sources inépuisables alimentent-elles les
mers et les ieuves au cours lointain ? et de quoi
se repaît le feu des astres? Car si tout était pé»
rissable, tant de siècles écoulés jusqu'à nous devraient
avoir toutdévoré ; mais puîsquefdans Pimmense-durée
des Ages,il y a toujours eu de quoi
réparer les pertes de la nature, il faut que la
matière soit immortelle, et que rien ne tombe
dans le néant.
Enln, la même cause détruirait tous les corps,
si des éléments indestructibles n'enchaînaient
plus ou moins étroitement leurs partîes,et n'en
maintenaient l'assemblage. Le toucher même
suffirait pour les frapper de mort, et le moindre
choc romprait cet amas de substance périssable.
Mais comme les éléments s'entrelacent de mille
façons diverses, et que la matièfe ne périt ^pas t
il en résulte que les êtres subsistent jusqu'à ce
qu'ils soient brisés par une secousse plus forte
que l'enchaînement de leurs parties. Les corps
ne s'anéantissent donc pas,quand ils sont dissous
f mais Ils retournent et s'incorporent à la
substance universelle.
Ces pluies même que l'air répand à grands
lots dans le sein de la terre qu'il féconde, semblent
perdues; mais aussitôt s'élèvent de riches
Douce fis obiit, qoœ res diverberet icta,
Aut inîtjs pénétrât per inania, dissolualque,
Nullius exitium patitur Matura videri. x . %%%
Prœterea, quaequomque vetustate amovet jetas,
Si pantins perimit» eansnnaens materiem ornnem,
UncJa animale genus generatim in lamina vit*
Redncit Yenos;; et reductum dœdala tellus
Unde alit9 atque auget, generatim pabnla prœiicns? %'M
Unde mare ingenoei fontes, enternaque longe
Flumina soppeditant? unde aslher sidéra pascit?
Oiïînla eninî débet f mortali corpore c|oœ sunt,
Inânita œtas consunise ante acta, diesque.
Quoi si ta m spatio atque ante acta œtatt Aiere, 23J
E quibus kme reniai consistit summa refeeta 9
Immortali sont natura predita cerie :
Haud igitur possunt ad niluni quœqoe revortl.
Denique res omneis eadem fis causaque faîga
€onficerety nfsf materies œterna teneret 24 0
loter se neio minas aul magis indupedita;
Taclus enim lelî sais esset causa profecto ;
Qirippe» ubi nulla forent œtenio carpare f quorum
Conteitum vis deberet dissolvere quaeque.
At nunc, iuter se quia nexos principioram M§
Bissimiles constant, œternaque materies est y
lncoltimi rémanent res corpore, dom satis aerk.
Yîs ©beat pro tartan quojasque reperla.