auteurs latins - Notes du mont Royal

,DE LA NATURE DIS CHOSES, LIV. VI. 139
tressaillements. Il le faut bien, puisque \m chariots
ébtanlent, au bord de la route, nos demeures
émues de leur faible poids f et que les maisons
bondissent encore là où des chars rapides
font rouler leurs roues retentissantes.
11 arrive aussi que, par f effet de grands éboulements
de terre dans des mares profondes, le
bouillonnement de Peau fait vaciller ie sol qui lui
sert de lit; de même un vase ne peut rester
immobile, tant que le iuide balance à Ultérieur
sa vague incertaine.
En outre, dès que le vent, amassé dans les cavités
inférieures du sol f en assiège sur un point
les profondes cavernes f la terre se penche du
rôié où la presse l'impétuosité du vent. Les demeures,
bâties à la surface, cèdenUavec elle :
plus elles montaient vers le ciel 1 plus elles fléchissent
et plus la même pente les entraîne.
Les poutres*courent en avant, déjà suspendues»
déjà prêtes à la chute. Et Ton a peur de croire
que la nature reserve nu vaste monde l'heure fatale,
l'heure de sa perte, quand on voit de
si énormes masses de terre s'abîmer 1 Ah! si
les vents ne reprenaient parfois haleine, aucun
frein ne pourrait empêcher les êtres de courir
à la nwrt. Mais tour à tour ces vents languissent
et redoublent ; ils se rallient en quelque sorte,
et, revenus à la charge, ils battent en retraite :
aussi voit-on la terre menacé! plus souvent que
frappée de ruine, Elle se courbe un instant, se
redresse ensuite, et ne perd son équilibre que pour
rentrer dans son assiette. Voilà pourquoi nos de-
Et mérite; qnoniam 9 plaustris concuasa, tremescunt
Tecta flaiïi pmpter non magno pondère tota :
Mec minus eisultant «des 9 ubiqufitnqiie equitum vis 550
Ferratos utrimqoe rolarum succutil orheis.
Fit quelque f ubi magnas in aipiae vastdsqiie tactinas
Gleba vetuslale ex terra provolvilur ingetis,
Ut jactettir aouae fliittu qooque terra vacillans;
Ut vas in terra non quit cotistare , nisi liumor 555
DestinI iti cliibio fluctu jactaiier inttis,
Praterea, ventus quom, per loca subea?a terra
Collectas, parte ei una procumbit, et urguet
Obnlius magnis speluncas f îribtis allas;
bKumbtt telltis, quti venti prona premit fis ; 5i0
Tum, supra terrmm quas suut exstructa domoram,
Ad «Bionique magis quanlo su ni édita quœqwe,
In clioata minent in eaoidem, prodifa, partent ;
Protractaeqna trabes inipeiident, ire paratœ.
Et metuunt magni naturam credfere «lundi 565
Eiitiale alîquod tempus ciademque manere ,
Quom tideant tantara terrarum iacumbere molem?
Qnoâ nisi respirent veutei, fis lulla refrenet
Bes» ncque ab exitio posait repreliendere ennteis :
Hune, quia respirent altérais, inque gratescunt, 570
Et9 quasi collecte! f redeunt, ceduntque repulsdf
Sapins banc ob rein minitatur terra ruinas f
Qaam ifcdt; ioclinatur enim f retrwpt noëUt;
UJCUftCB»
meures chancellent de haut en bas; mais le haut
plus que le milieu, le milieu plus que le bast et
le bas si peu que rien. De castes ébranlements
sont occasionnés encore par la grande et forte
haleine de quelque vent, soit extérieur, soit
formé dans la terre dont II envahit les gouffres,
C'est d f abord au sein de ces Immenses cavernes
que ses frémissements éclatent, que roulent ses
tourbillons; puis enfin, lorsque sa dévorante
Impétuosité force le passage, Il ouvre les entrailles
de la terre, et creuse de larges abîmes. Ce
léau attaqua » près de la Syrie, la ville de SIdon ;
et on le vit à Égine, dans le Péloponnèse : toutes
deui furent abattues par ces éruptions du
vent et ces tempêtes du sol. De grandes secousses
ont encore plongé sous la terre bien de hautes
murailles, et une foule de villes ont péri, abîmées
dans la mer avec leurs citoyens. Lors même
que ce vent ne jaillit point au dehors, un souffle
fougueux et plein de rage circule dans les aille
pores de Ja terre, espèce de frisson qui excite le
tressaillement. Ainsi, quand le froid pénètre et
secoue les membresf II faut que, malgré eux, les
membres tremblants grelottent. Une double terreur
agite donc les habitants des villes : il? craignent
la chute des toits sur leur tête ; ils craignent
que sous leurs pieds lu Nature ne démolisse
tout à coup les cavernes du sol, que ses
déchirements n'ouvrent au loin un gouffre -im­
mense, et que pour remplir elle ne veuille y
confondre ses Immenses débris.
Oui, on a beau croire que le ciel et la terre
Et reeipit prolapsa suas in pondère sedeis»
Hae igitur ratione vacillant omnia tecta 9
ê7ê
Somma magis medils, média Irais, ima pertiilmn.
Est haec ejiiscleiïî qooque magni causa tremoris ;
Ventus «liî atque anima subito fis mixtion qnaedam f
âut extrinsecus atit ipsa tellure eoortaf
In loca se ca?a terrai conjecit, Ibiqne &S§
Speluncas inter magnas frémit ante ttimtiltti 9
Vorsabundaque portatur; post, incita quom fit
E\agitata foras ertimpitur; et simol , altam
Diffindens terrain, magnum cooeinnat ttlatuoL
In Sjria Sidone qnod aecidit, et fuit jEgil 5M
In Pcloponneso : quas eiitns hic anîhiai
Distnrbat tirbeîs t et terne motus obortus.
Multaqae prœterea ceclderunt mœnia, magnis
Motibus, in terris ; et niait* per mare pessum
Subsedere suis pariter cum cif ibus orbes. &90
Quod nisi prorumpit, tamen impetos ipse animai9
Et fera fis venti per crebra foramlna terra
Dlsperlitur» ut borror ; et Incutit Inde tremorem :
Frigus uti, nostros penitus quom veoit fa artos#
Concotit» invites cogens tremere atque motere. 595
ândpifJ trépidant igitur terrore per urbelsi
Tecta supenie timent 9 metotmt infeme cavernas
Terrai ne dissoif at Natura repente ;
Heu distracta lunm late dispandat hiatnm,
/