auteurs latins - Notes du mont Royal

138 LUCRÈCE.
ces averses qui tombent sur la terre : je vais te
l'expliquer. Le point que j'emporterai d'abord,
le voici : une foule ie semences liquides montent
avec les nuages de tous les corps; et ces
deux essences, la nue et l'eau que la nue renferme
f croissent ensemble, de même que le
sang, la sueur, et les autres fluides des membres,
partagent les accroissements du corps humain.
Les nuages gagnent encore beaucoup d'humidité
sur la mer f alors que le vent les y porte
comme des flocons de laine suspendus. Tous les
fleuves'leur envoient également de Peau. Puisf
une fois les semences liquides réunies à milliers de
mille façons, et accrues de toutes parts, les nues
condensées aspirent à leur chute pour deux motifs
: un vent impétueux les opprime* et l'abondance
même de ces nuages, dont les cimes entassées
se foulent, se pressent, en fait jaillir la
pluie.
In outre, dès que le vent amaigrit les nues,
ou que, frappées de la chaleur du soleil, elles
tombent en ruines, Peau des pluies s'échappe et
ruisselle goutte à goutte, comme une cire qui fond
et coule abondamment sous une flamme ardente.
Mais il y a de violentes averses f quand les
nues amoncelées cèdent à la double violence de
leur poids et du vent qui les heurte.
Les pluies continuent et demeurent longtemps
inépuisables, lorsque des milliers de germes fluides,
lorsque des monceaux de nuages qui crèvent
les uns sur les autres, accourent de tous les
points de l'horizon, et que la terre fumante
Multa simul vincam consurgere nubihbs ipsîs
Omnibus ex rébus ; parIlarqtie lia erescere utrnmque,
Et nubeis et aquam» qaaaquomque in nubibus exslat, 500
Ut pariter nobis corpus cum sanguine crescif,
SudoriteniatquetiuniorquiquciniqueestdeiiiqiiemeiBhrei&
Concipiunt etîam multum qnoque sœpe marloura
Humorem', veluti pendentia fellera lanae,
Quoi» supera magnum marefeniei oublia portant, 505
Consimili ratione ex omnibus amnlbus bumor
Toliitur in nubeis *.quo quom bene aemina'aquarum
Mafia médis mollis convenere, indique adaucta 9
Oonfert» nubes tum se dimittere écriant
Dupliciler: nam fis venti contredît, el ipsa SI0
Copia mmborum,, turba majore coacta,
Urgiiess ex supero prenait , ac facit eflluere imbreis.
Prœterea, quom rareseunt qnoque nubila ventls,
Aut dissol?unlur mils super icta calore 9
Miltunt humorem pluf iura; sliilante f quasi igoi 515
Cera super ealîdo tabesceos multa liquescat.
Sed f ehemens imber Ity ubi fetiementer «traque
Nubila ?i cumulata premuntur et impie fenti.
ât retinere diu plu?iae longumque morari
Ccutsueruit, ubi multa liiealer semina aquaram, 520
âtqne aliis dte nubes nimbeique rigantes
Insuper, atque oinni folgode parte, ferunkir;
exhale et renvoie partout d'humides vapeurs.
Alors, quand les rayons du soleil brillent opposés
à l'averse des nues, les couleurs de Tareen-ciel
apparaissent au sein de la noire tempête.
Quant aux autres choses qui ont leur naissance,
qui ont leurs accroissements à part, et à toutes
celles qui s'amassent dans les nues, oui, toutes,
je le répète, la neige, les vents, la grêle, 1«
durs frimas, ces grandes et fortes gelées qui
durcissent les grandes eaux t ces freins, ces empêchements
qui arrêtent de toutes parts les fleuves
; ton esprit avide peut aisément décou?rir
et envisager de quelle façon elles arrivent et
quelle cause les engendre, du moment que ti
connnais bien la vertu des atomes.
Poursuis maintenant, et vois ce qui amène Ici
bouleversements du sol. Avant tout, aie soin de
te convaincre que les profondeurs comme le but
de la terre sont remplis de cavernes où le vent
habite; que mille lacs, mille gouffres chargeât
ses flancs, ainsi que des rocs et des pierres déchirées
: crois encore que, sous-la face du globe,
roulent impétueusement bien des fleuves cachés,
qui emportent des roches englouties. La force
des choses exige que la terre soit prtout lu
même.
Ce principe fondamental une fois établi, les
hautes régions du sol tremblent, alors que de
vastes écroulements bouleversent ses entrailles,
où la vieillesse abat d'immenses cavernes. Car
alors des montagnes entières tombent, et de
grandes secousses répandent soudain de longs
Terraque qnom fumans himorem tota redhalai
Hic ubi sol radiis 9 tempestatem inter opacam 9
Adforsa fulsit nimborum adspergine contra; 52S
f uni color in nigris exsistit nubibus arqui.
Cetera, quœ sursum crescunt, sursuroque creantur,
£ty quœ concrescunt in nubibus omniay prorsum
Omnla, nix, f entei, grando, gelldœque pruinae f
Et vis magna geli f magnum duramen aquaram, 630
El rnora, quse fluvios passion refrénât; a f entais
Perfacile est tamen haec reprîre animoque fidere,
Omnia quo pacto fiant, qu§ reve creentur,
Quom bene cognons, dementeis reddita quae sint.
Nune âge, quœ ratio terrai motibus exslet » :*:»*>
Paroipe : et in primis terrani face ut esse rearis
Subler item» ut supera, f entosis undique plenaro
SpeiiiQcIs; multosque iacus muitasque laçants
In gremio gerere t et rupis diruptaque saxa ;
Multaque sub tergo terrai flumina tecta 510
Tolfere fi Ëuctus, submersaque saxa putandum est :
Undique enim similem esse sui , res postulat ipsa.
lis igitur rébus subjunctis suppositisque9
Terra superne treuil! 9 magnîs concassa roials
Subter, ubi ingenteis speluncas subruit «tas ; SIS
Quippe cadont totd montes, magnoque repente
Concussu laie disëerpuot inde tremores :