auteurs latins - Notes du mont Royal

136 LUC1ËCE.
des? Pourquoi, aussi, laissent-ils les traits du
père des cieux s f émousser sur la terre ? Pourquoi
lui-même le souffre-t-ïl, au lieu de se ménager
des armes contre ses ennemis?
Pourquoi enfin Jupiter ne lance-t-il jamais la
foudre , ne répand-il jamais sa menace retentissante,
quand toute la face do ciel est pure?
Attend-il qu'elle soit voilée de nuages, pour
descendre au sein de la tempête, et y ajuster ses
coups de plus près? Mais pourquoi les darder
contre la mer? Qu f a-t41 à gourmander les ondes,
ces masses liquides, ces campagnes flottantes?
En outre f s'il veut que nous évitions le coup
de la foudre, pourquoi faéstte-t-il à nous la faire
voir, quand elle part? Veut-il, ai contraire,
ious surprendre, nous accabler de ses feux :
alors pourquoi ce tonnerre qui éclate du même
côté, afin de nous prémunir contre la foudre?
Pourquoi ces ténèbres, ces frémissements f ces
murmures déchaînés avant elle?
Et puls9 comment admettre que ses traits volent
de toutes parts à la fois? Or, oseras-tu prétendre
que jamais un seul instant ne voit naître
plusieurs coups? Quoi de plus ordinaire, quoi de
plus inévitable ? Comme les averses des nues
tombent sur mille régions, ainsi la foudre doit
jaillir de mille points en même temps.
Pour acbever, d'où vient que sa iamme ennemie
met en poudre les sanctuaires des dieux,
et les brillantes demeures consacrées à lui-même?
D Y où vient qu 9 il brise les belles statues des
immortels, que la violence de ses coups ravit
tous leurs .charmes à ses propres images? B f où
In terraque Patris cpiir telum perpetiuntur
Obtundi? quoi* ipse sliïi, meqm pareil in liosteîs?
Denique, qaur nuoquam cœlo'jacit uniique puro 400
Jupiter iii terras Ailmen, sonitusque profundit?
An, simul ac ntibestuccessere, ipsus la sestitm
Descendit, prop ul hlnc teli déterminât ictus"? *
In mare qua porro imïllit raficwie? Qiiid undas
Argoit et liquidait! molem camposque natanteis? 405
Prœterea, si volt cateamus fulminis ictom »
Quur dubitai facere, ut possimus cernere misstim?
Si nec opinanfeîs autem volt opprimera Igai f
Quur louai ex ©Ha parte, ut vitare queamus?
Quur tenebras ante et fremitus et murmura concit? 410
Et simul in ratifias parteis qui credere posais
Mittere? An hoc ausis ntmquam contendere factum,
Ut lièrent ictus uno sub tempore plnres ?
At saepe est numéro facto m 9 ieriqtie oeeesso est 9
Ul pluere in multis regionibus et cadere imbrels 9
415
Fulmina sic uno ierï sub tempore multa.
Postremo, quur sancta JDeum delubrat suasque
Discutât infesto praeclaras fulmine sedeîs ;
Etbene facta Deum frangit simulacre, sueisque
Démit imapnibus violente volnere honorera ? 420
àltaque quur pleromqueptitlocal 1 plurima quo plus
vient encore qtfil s^ttaque le plus souvent aux
lieux élevés, et que la cime des montagnes nous
offre surtout la trace de ses feux?
Ces explications renient désormais faciles à
connaître les météores que les Gfees nomment
prestères^ à cause de leurs suites, et la force
qui les envoie tomber des hautes régions dans
la mer. Car on les volt de temps à autre, semblables
à une colonne détachée, fondre du ciel
sur les ondes : autour d'eux la mer émue bouillonne*
échauffée par un souffle impétueux; et
les navires que surprend ce désordre courent
Ué grand péril au sein de la tourmente, Yoilà
ce qui arrive parfois, alors que la rage du vent,
incapable de rompre le nuage dont elle s'empare,
l'abaisse pourtant du haut des cieux vers les lots :
espèce de colonne qui tombe peu à peu , masse
que l'effort d'un bras robuste semble précipiter
des airs pur l'étendre sur les eaux. Puis, quand
il la crève, le vent rapide jaillit de ses Ëaoes, et
gagne la mer9 où il excite dans les vagues un
étrange bouillonnement Car, à force de rouler
ses tourbillons, il descend, et entraîne dans si
chute le nuage, corp obéissant et souple; à
pine a-t-il enfoncé dans l 9 abtme la masse ora*
geuse, qu'il se déchaîne tout entier au sein de
fonde, qu'il soulève de toutes parts et fait bouiliir
la mer retentissante.
Quelquefois aussi une colonne de vent s'en*
veloppe elle-même de ces nues, dont elle ramasse
les germes en les détachant de l'air, et imite
ces preslères que laisse tomber le ciel. Une fois
que la trombe est venue Rabattre et se rompre
Montibus in summls vestigia cenumus ignis ?
Quod suprest» facile est et hiscognoscere rebut.
npvKrrilpo; Graiei quos ab re lomîoitarunt,
In mare qua missel ventant ratkme superne. 415
Nam fit i ut interdum » tanquam demissa columna,
In mare de CCBIO descendant ; quam fréta clrcum
Fer?escunt y graviter spirantibus incita Otbris :
Et quaequomque In m tum su ni deprensa tumulto »
Navlgia in summum veniunt f exata pericium. 430
Hoc tit| ubi interdum non qnit fis incita venti
Eumpere, quam cepitf nubem; sed deprimit, utsit
In mare de cœlo tatnquamdemifsa columna
Paullatim ; quasi quld pugao brachiique soperie
ConjeclQ trudatur9 et extendatur in undas : 435
Qtfâiii quom discidit 9 bine prorumpiturin mare venti
Vis, et fer vorem mirum concînnat in undïs.
Torsabundus enim turbo descendit, et oliam
Deducit pariter lento cum corpore nubem :
Quam simul ac grat idam detrudit ad aeqiiora pontif 44€
Illein aquam subito totum se immittitf et omni
Excitât ingentî sonitu mare, fer?ère cogens.
Fit quoque9 ut involvat venti se nubibus ipp
Vortex 9 corradens ex aère semina nubis ;
Et quasi demissum cœlo prestara imitetur. M