auteurs latins - Notes du mont Royal

DE LA NATU1E DES CHOSES, LIV. L
des hommes qui Tentprtèrent toute tremblante
à l'antel f non pour lui former un cortège solennel
après un brillant hymen, mais afin qu'elle
tombât chaste victime sous des mains impures, à
Tige des amours f et fût immolée pleurante pr
son propre père, qui achetait ainsi l'heureux départ
de sa lotte : tant la superstition a pu inspirer
de barbarie aux hommes !
Toi-même, cher Memmius» ébranlé par ces
effrayants récits de tous les apôtres du fanatisme,
tu vas sans doute t'éloigner de moi* Pourtant
ce sont là de vains songes ; et combien n'en
pourrais-je pas forger à mon tour qui bouleverseraient
ton plan dévie, et empoisonneraient ton
bonheur par la crainte 1 Et ce ne serait pas sans
raison ; car pour que les hommes eussent quelque
moyen de résister à la superstition et aux
menaces des fanatiques, il faudraifqu'ils entrevisseat
le terme de leurs misères : et la résistance
n 9 est ni sensée, ni possible f puisqu'ils craignent
après la mort des peines éternelles. C'est qu f ils
ignorent ce que c*cst que l'âme; si elle naît avec
le corps, ou s'y insinue quand il vient de naître
; si elle meurt avec lui, enveloppée dans sa
ruine, ou si elle va voir les sombres bords et les
vastes marais de l'Oreus ; ou enfin si une loi
divine la transmet à un autre corps, ainsi que le
chante votre grand Ennius, le premier qu'une
couronne du feuillage éternel, apportée du riant
Hélicon f immortalisa chez les races italiennes.
Toutefois il explique dans des vers impérissa-
Mnta metu 9 terrant 9 geoihtis submissa9-petebtt :
Mm miser* prodesse in tall terapore qiiibat,
Quod patrio princeps donarat Domine regem : 95
Kam saMata viram minibus, tremabondaque ad aras
Oaducta est; non ut » solemni more sacrérum
Perfecto, possct claro coniitari h jmenaeo :
Sed casla inceste f nubendi tempore la ipso»
Hontia eoncideret mactato mœsta parentïs f
100
Exilas ot classi felix faastosque daretur.
Tantum fteligio potuit suadere nialorum !
Tutemet a nobis jam qtiovis tempore 9 vatum
Terrîloquis TîCIUS dictis» desciscere quœres.
Quîppe etenim quara nrolta tibl jam Ingère positif» 105
Somma, qmm vite ratiooes vortere possint,
Porfanasque tuas omnës turbare timoré.
Et merito : nam y si certain Ënem esse vidèrent
JEramnarim homines 9 aliqua ratione valerent
leliponlbus atqoe minis obsistere vatum ; 110
ffoiic ratio mtila est restandi , tailla facultés;
jEteraas quoniam pcenas in morte timendum.
Ignoratar enira, quae sit natura animai ;
Nata sit f an contra nascentibus laslaaeiur ;
Et simili ialereal nobiscum y morte diremta, 1 li
an tenebras Orci visai, vastasque lacanas ;
An pendes aiias dî?initus insintiet se 9
Emiias il noster cédait» qui primiis amœno
Detolit ei Helieone perenni fronde coronam,
Mes qu'il y a un enfer, où ne pénètrent ni dm
corps ni des âmes, mais seulement des ombres
à forme humaine, et d'une pâleur étrange; et il
raconte que le fantôme d f Homère, brillant d f une
éternelle jeunesse f lui apparut en ces lieux, se
mit à verser des larmes amères t et lui déroula
ensuite toute la nature.
Ainsi donc,sion gagne à se rendre compte des
affaires célestes, des causes qui engendrent le
mouvement du soleil et de la lune, des influences
qui opèrent tout ici-bas, à plus forte raison
faut-il examiner avec les lumières de la raison
en quoi consistent l'esprit et l'âme des hommes,
et comment les objets qui les frappent, alors
qu'ils veillent, les épouvantent encore» quand
ils sont ensevelis dans le sommeil ou tourmentés
par une maladie; de telle sorte qu'il leur
semble voir et entendre ces morts dont la terre
recouvre les ossements.
Je sais que dans un poëme latin il est difl*
elle de mettre bien en lumière les découvertes
obscures des Grecs, et que j'aurai souvent des
termes à créer, tant la langue est pauvre et la
matière nouvelle. Mais ton mérite, cher Memmius
, et le plaisir que j'attends d'une si douce
amitié, m'excitent et m'endurcissent au travail p
et font que je veille dans le calme des nuits,
cherchant des tours heureux et des 'Images poétiques
qui puissent répandre la clarté dans ton
âme, et te découvrir le fond des choses.
Or, pour dissiper les terreurs et la nuit des
Par genteis Italas bominum quas dira cloeret : nu
Etsi prœterea tamen esse Acherusit templa
Ennius «ternis expiait irersUms edens,
Quo neque permanent mîmae f neque corporm nottrt;
Sed quœdam siraulicra, muais palleetia miris :
Unde sibi eiort&œ semper iorentîs Homerî 125
Commémorât spedem beramas efftmdere saisis
Ccepisse, et reram naturam expandere dictis.
Qnapropter, beie quom superii de rébus liabettda
Nobis est ratio, solis loiiBqiie meatus
Qua iant ratione t et qui fi quaeque gerantur l;io
In terris; tune corn primis ratione sagad,
Unde anima nique animi eonstet nature, videndum :
Et qnaa res, nobis Tigilaolibos obvia» mentete
Terriicetmorbiiaffecteis, aonmoque sepoHeis;
Ceraere uti videamiir ©os f audireqne eoram 9
I .is
Morte obita quoram teilns anplaetitiir otsa.
Mm me animi failli» Gmmmrn obscirâreprta
Difieite ilnstrare Latinis verslbus esse;
Muita novis verbis praeserim qoom sit apndim 9
Propter egestatem iingn» et rerum novltateoi : 140
Sed tua me virtus tamen f et sperata volnptas
Suavis amicitiœ quemvis efTerre laborem
Suadet9 etinducit nocteîs vigilare serenasy
Quœrentem 9 dictis quibus 9 et qno carminé demnm
Clara tu» possim prœpaodere lamina menti 9
Res qtiibus occultas penitus contisere possis.
i.
tii