auteurs latins - Notes du mont Royal

118 LUCliCE.
polis, ces navettes» ces fuseaux et ces verges retentissantes.
La Nature força les hommes, avant la race des
femmes, à travailler la laine ; car le sexe mâle
remporte de beaucoup par Fart et f industrie.
Puis enfin f sous les reproches des austères laboureurs,
Ils abandonnèrent cette tâche aux
mains de la femtfhe, pour essuyer eux-mêmes de
robustes travaux, pour endurcir leurs bras et
leurs membres à la dure fatigue.
Le modèle de l'ensemencement et l'origine de
la greffe leur vinrent encore de la Nature, cette
mère de toutes choses- Les baies et les glands
tombés sous les arbres fournissaient, aux époques
voulues, un essaim de jeunes rejetons :
de là, ils se plurent à confier aux branches des
souches étrangères 9 et à enfouir de nouveaux
arbustes dans le sol des campagnes.
Puis ils essayaient tour à tour mille formes de
culture pour leurs doux sillons, et ils voyaient
les fruits sauvages de la terre s'adoucir à force
de soins et de tendres ménagements. Chaque
jour, ils repoussaient les forêts vers la cime des
montagnes, et les obligeaient de céder la basse
région à la culture, afin é'avoir aux flancs des
collines et dans la plaine des prairies, des lacs,
des ruisseaux, des moissons, de joyeux vignobles,
et afin qu'une ligne d'oliviers au feuillage
d'aïur pût interrompre la vue çà et là, répandue
sur les hauteurs, les vallées ou les plaines,
ainsi, de nos jours, tu aprçois mille grâces
variées dans les campagnes , où notre main parsème
le doux ornement des fruits 9 et que des
arbres fertiles bordent de leur riante ceinture.
Agricohe innée vit» ?ortert mmm ;
Ut muliebribiis M manibus concédera vëllent,
Atque ipsei priler durum sufferre laborem y
Atque opère in dura «lararenl membrs manusqtte.
AI spécimen sationis , et inrilionis origo 13§0
Ipsa fuît rerum primum Natora creatrii ;
Arboribos quoniam hmem glandesque caducs
Tempestifa dabant pulloram examina subler;
Undeetiam lubitum est stirpîs committere rameis9
Et nota defodere in terrain virgulta per agros. 1365
Inde allant atque allant eultoram dulcls agelli
Tentabaot; fructusqaa feras mansoeseare terra
Cerncbant indolgendo, blandeqne colundo :
toque dies magis in montera saccedere sjlfas
Cog6bant,*infir&qae locum concedefe cultcâs : 1370
Prata»lacusf rivos9 Begetes, viaetaqne teta,
Colllbus et campis ut baberent; atque olearum
Cserula distinguais Inter plap currere posset,
Per tumulos et cou?alleis camposque profusa.
Ut nunc esse f ides tari® distincts lepore 1375
Omnia; quae, pomis interslta duleibus, ornant y
Aibustisque tenent felicibus obsita eircum.
At liquidas a?ium wmm fmitarier ore
Ante fuit multo, quarn faevia carmina cantu
Imiter avec sa bouche la voix limpide des oiseaux,
fut en usage parmi les hommes bien avant
ces accords qui soutiennent un vers harmonieux
, et charment les oreilles. Le sifiement du
Zéphyre dans le creux des roseaux, leur enseigna
d'abord à enfler des chalumeaux agrestes et
vides. Ensuite, peu à peu, ils apprirent ces douces
plaintes que répand la flûte sous le doigt du
chanteir ; la flûte, inventée au fond des bois
inaccessibles, des grandes forêts, sous les ombrages
des montagnes, dans les solitudes des pasteurs,
et au sein des célestes loisirs.
Yoilà comme la marche des années dévoile
successivement tous les arts, et comme l'intelligence
les fait jaillir au berceau de la lumière.
Ces inventions flattaient leur âme, et les
ravissaient, quand ils étaient assouvis de nourriture;
car tout plaît alors* Souvent, couchés ensemble
sur l'herbe molle, près d'un ruisseau,
à l'ombre d'un grand arbre, ils goûtaient à peu
xde frais toutes les jouissances du corps ; surtout
lorsque la saison était riante, lorsque le printemps
émaïllait de fleurs les vertes prairies. Alors
venaient habituellement les jeux, les conversations
, les doux éclats de rire ; la muse des champs
régnait alors. Alors enfin une gaieté folâtre les
invitait à ceindre leur front et leurs épaules de
couronnes tressées, de fleurs et de feuillage, à
s'avancer sans mesure, en remuant lourdement
leurs membres, et à frapper d'un pied retentissant
cette terre, leur mère commune: delà naissaient
les rires, les joies bçuyantes, parce que ces
jeux étaient choses nouvelles, et partant merveilleuses.
Ils veillaient même, et se consolaient
Conceiebrare bombes poaaeot f aareisqae jov are, 13S§
El Zepliyri , cava per calamoram 9 sibila primum
Agrestes docuere cavas îaflire cicutas.
Inde mioutalim dolceis didicere querelas»
Tibia quas fundit9 digitis pulsata eaneolum,
Atia per nemora ac §yl?as sattusqoe reperta f f 3i$
Per loca pastorum déserta , atque otia dla.
Sic uaum quidquid paallatiro protrahit «tas
In médium, ratioque la lurainis croit mm.
Hœc animas olleis mulcebant atque juvabant
Cum satiate cibl ; nam tum sunt omoia cordi. 1390
Sacpe itaque inter se, proatr&td in gramme molli,
Propter aquïe ri?unif sub ramis arborîs alte,
Mon magnîg opibus jocuode corpora habebtnt :
Praesertlm» quom tempestas ridebat, et aitni
Tempora plngebant viridanteis floribus lierbas. !3§5
Tuin joca9 tum serm#p tum dulces esse cachinnei
Consuerant : agrestis enim tum musa vigebat.
Tum caput atque bumcros plexis redimirecoronis,
Floribus et foliis9 laseivia lœta mooebat :
âtque extra numerum procedere, membra ntotenteis 1I0§
Duriter, et duro terrain pede pellere matrem :
Unde oriebantur risusf dulcesquecachinnei;
Omnia quod nova tum magis liœc et mira vipbant.