auteurs latins - Notes du mont Royal

11 j LUC1ÈCE.
des fosses et du feu, avant qu'on n'eût des filets
pou r entourer les bois, et des chiens pour les battre.
Au reste, quelle que fût la cause de ces embrasements
quif avec un bruit horrible, dévoraient
les forêts jusque dans leurs racines, et dont les
feux cuisaient en quelque sorte la terre, de ses
veines brûlantes jaillissait in ruisseau d'argent
et d f or, de plomb et de cuivre, qui s'amassait dans
les cavités du sol. Plus tard les hommes, voyant
la masse coagulée reluire sur la terre, l'enlevaient,
saisis par le charme d ? un aspect brillant et lisse.
Et comme ils la voyaient aussi empreinte de la
même forme que les cavités dont elle portait la
trace, il leur vint dans l'idée que, fondue à la chaleur,
elle saurait prendre toutes les apparences et
courir d'un état à un autre ; qu f à force de la battre,
il était possible d'en allonger le bout en pointes
aiguës^ d ? une extrême finesse; qu'elle servirait
ainsi d'armes ou d'instruments pour abattre les
forêts, polir les matériaux, équarrir et raboter le
bois, on le creuser, le percer et le fendre.
On destinait d f abord au même usage for et
l'argent, aussi bien que la robuste matière et fa
dévorante énergie du cuivre; mais en vain: leur
puissance fléchissait vaincue par l'effort, et ils
étaient moins propres à essuyer la dure fatigue.
aussi le cuivre fut-il estimé davantage; et for
gisait à l'écart, à cause de son inutilité, lui dont
le tranchant s'émoussait ai moindre choc. Aujourd'hui
le cuivre est déchu à son tour, et Por
lui a ravi ses premiers honneurs ; tant la révolution
des âges change la destinée des choses! Celle
Qiiatïi saepira plagis salttim, mmbmqm clere. 1250
Qtjidquii id est, quaquomqoe ex causa flammeus irdor
Horribili sonitu sylvas exederat altis
Ab radicibus» et terrain peicoierat îgai;
Manabat vents ferventibus 9 in loca lerrae
Coneafa convenions 9 argent! riviis et aari ; 1215
Mm item et plumbi : quœ y quora concret! vïdebant
f osterius claro in terras splendere colore »
Tollebaot, nilido captai lœvlqtie lepore ;
Et simili formata f idebant esse figura t
Atque lacunarum fiierant vestigia quoique.
Tum penetrabat eos, posse haec f liqnefacla calore f
Quamlubet in formam et faeiem decurrere reruro;
Et proreiim quamvis in acuta ac tenuia posse
Mucronnm duel fastigia procudcndo,
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Ut sibi tela parent f sy 1?asque et -caedere possiut f
Materiem iaevare» dolarc ac radere tigna,
Itterebrare etiam ac pertundere perque forare.
Nec minus argento faeere haec auroque parabant9
Quam ¥alidi primum violentis ?irlbus œris :
Nequldquaoi ; quoniam cedebat vicia poteslas 9
12§5
f 270
Hec poterant pariter durum sufferre laborem.
Mara fuit in pretio magis «s, aurumque jacebat
Propter inulilitatem, bebeli mucrone retusuro;
Hune jacet aes, aarum in summum successit honorem.
Sic fokunda actas commutât lempora rerum :. 1275
qui avait du prix ¥oit le terme de sa gtoire : une
autre lui succède » et jaillît de la fange; plus enviée
chaque jourf et brillante d'éloges que sa possession
attire», elle jouit d'un merveilleux éclat
parmi les hommes.
Maintenant, comment la substance du fer futelle
découverte? TIL peux sans peine, cher Meramius,
le démêler toi-même.
Les premières armes furent les mains, les ongles,
les dents, et aussi des pierres ; des fragments
d'arbres, des branches-; puis, quand on eut connu
la flamme, le feu, on trouva bientôt le fer et
le cuivre. Le cuivre précéda le fer: on l'employa
d'abord, parce que la nature en est plus souple,
et la masse plus abondante. On travaillait le
sol avec le cuivre ; avec le cuivre on soulevait les
tempêtes de la guerre, on semait au loin de larges
blessures, on ravissait les troupeaux etleschaéip;
car tout être nu et sans armes cédait facilement à des
mains armées. Ensuite l'épée de fer s'introduisit
peu à pu ; la faux d'airain ne fut plus que la forme
honteuse d'un instrument Impur : on se mit à
déchirer les campagnes avec le fer f et le sort des
batailles flotta sous des chances égales.
On sut monter en armes sur les flancs du cheval,
plier son essor au frein, et combattre de la
main droite, avant de se hasarder aux périls de
la guerre sur un char à deux coursiers ; et on les
attela par couples, avant de joindre deux couples
ensemble, avant de bondir tout armé sur un char
muni de faux. Puis les éléphants chargés de tours,
monstres énormes qui ont pour main un serpent
Quod fuit in pretio 9 it nollo denique honore|
Porro aJiud soccedit, et e contemtibus exil,
bique dies magis appetitar, loretque repertum
Laudibus 9 et ntiro mortaleis inrter honore est.
Nunc tibi » quo pacto ferri nature reperta 12»
Sit f facile est ipsi per te cognoscere » Memmi !
Arma antiqna mamis, ungnes dentesqiie tueront;
Et lapides , et item, sylvarom fragmina, ramei;
Et lamina atqne ignés postquam sunt cognita primum 9
Posterius ferrî vis est aerisque repertiL 128&
Et prîor œris erat, quam ferri, cognîtas UNI*;
Quo facilis magis est nattira, et copia major.
/Ere solum terrae tractabantf œreque belli
Miseebaet fluciiis et volnera vasta serebant 9
Et pecos atque agros adimebani ; nam facile olleis 1290
Omnia cedebant armateis niida et inerma.
Inde mfnutatim prœessE ferreus ensis f
Vorsaque in obscœnum speies est falcis alienœ,
Et ferro ccepere solum proscindere terra*;
Exsequataque sunt crêper! certamina belli. 1295
Et prîos est armattiro la eqtii conscendere costas,
Et moderarier liunc frenis v deitraque figera,
Quam bijugo cnmi belli tentare periela.
Et b|jugom prius est9 quam bis conjungerebinoa,
Et quam faleiferos armatum ascendere curras. 1300
Inde bo¥es Lucas f tarrito corpore, tetros,