auteurs latins - Notes du mont Royal

DE LA NATURE DES CHOSES, LIV. V.
rameaux irnisins, la force du choe lui arrache
des étincelles; souvent même, la flamme jaillit
et bouillonne sous le frottement mutuel des
branches. Voilà deux choses qui peu?eut avoir
donné le feu aux hommes.
Ensuite , le soleil leur apprit à cuire la nourriture
f à l'amollir aux chaudes vapeurs de sa
Ëamme; parce que, sous leurs yeux, mille
fruits des campagnes s'adoucissaient, vaincus
par les coups de son ardeur brûlante* Puis, de
jour en jour, guidés par les intelligences supérieures
et les têtes les plus fortes, ils modif aient
leur subsistance et leur vie, à l'aide du feu et
d'inventions nouvelles.
Les rois commencèrent à bâtir des villes, à
fonder des citadelles, boulevard et asile pour
eux-mêmes. Ils divisèrent les troupeaux, les
champs ; et ils tinrent compte, dans'ce partage,
de la beauté, de la force et de l'intelligence. Car
la beauté ûorissait alors, et la force pouvait
beaucoup ; plus tard, la richesse fut imaginée,
for découvert, et ils ôtèrent sans peine leur éclat
à ceux qui étaient beaux et forts, puisque la vigueur
et la beauté même s'attachent le plus souvent
au parti du plus riche.
Quand la saine raison gouverne les existences,
•Ivre content de pu est un trésor inestimable :
car à qui se borne , rien ne manque. Mais les
hommes ont voulu être puissants et illustres,
aln d'asseoir leur fortune sur une base impérissable,
et de se ménager une vie tranquille au
sein de l'opulence. Vain espoir I En luttant pour
atteindre le faite des honneurs, Ils ont rendu la
Emictt intérim!! iammai fertidus ardor,
Mutai dam ùitar se rtmei itirpesque terontur :
Quorum utromque dédise potest mortalibus igaem. 1100
laie dbum eoquere ac Ëammie mollira f apure
Sol âocuit; quoniam mitescere multa videbant,
Yerberibug radiormn tique aestu viete t per agros,
loque àmê réagis lii f iclum vItamque priorem
Commutare novîs moiistimbant rébus et igui 9
i 105
Ingenio quel prastabaat, et corde vigebant.
ConderecœperanturbdSjarceinque locare
Praesidium reges ipsei sibi perfuglumque;
Et pecudes et agros difisere, atque dedere
Pro fade qaojusque et tiribus ingenioque. 1110
Nain faciès multom taluît, ¥iresqoe vigebant :
Posterius res intenta est, auromque repertum,
Quod facile et ¥alidë§f et pulcbreis demsit honorent.
Dftitioris enini sectam plerumqne sequuntur
Quamlobet et fortes et pulcbro eorpore cretei. 1115
Quod si quis fera fitam ratloiie gubernatf
Wf Itl» grandes horalnl sunt , ?ï?ère parce
j£quo animo ; neqiie enira est traquant penuria parvL
AI claros bomiiies foluerunt se atque potenteis ,
Ut fundamento staMH fortuna maneret, 1120
Et pkeiiem possent opuleotei degere fitam :
Wcqiidqiain; quoniam, ad summum succédera honorent
111
voie périlleuse; et une fois à la cime, l'envie les
frappe encore comme la foudre, et précipite leur
grandeur humiliée dans le sombre Tartare. Aussi
vaut-il mieux obéir en paix f f ue d'aspirer au
gouvernement d'un empire et à la possession
d'un trône. Laisse-les donc se fatiguer d'un effort
inutile, et suer le sang à se débattre sur le
chemin étroit de l'ambition » puisque l'envie f à
l'exemple de la foudre» embrase les hauteurs
et tout ce qui dépasse le reste ; puisque ces hommes
ne jugent que par la bouche des autres f et
que leurs désirs naissent de faux récits plutôt que
de leurs impressions mêmes ; éternelle folie de
notre temps comme du temps à venir, comme du
temps écouté.
Ainsi, quand on eut massacré les rois, on
renversa dans la poussière l'ancienne majesté du
trône et l'orgueil du sceptre ; le brillant insigne
des têtes les plus hautes roula ensanglanté tous
les pieds de la foule, pleurant ses beaux honneurs
détruits : tant on écrase avec joie l'objet
d'une peur trop vivel
Les affaires retournaient donc aux mains de
la populace, de la dernière lie; chacun tirait à
soi le pouvoir et le rang suprême. Bientôt quelques
hommes instruisirent les autres à créer des
magistratures, à étabMrledroit commun, à reconnaître
des lois : car le genre humain, las d'une vie
pratiquée sons l'empire de la force, et tout languissant
de haines meurtrières, n ? aspiraît plus qu'à
tomber dans l'étroite chaîne des lois et de la jus**
tice.Oui, ces ardeurs de vengeance que la colère
poussait au delà des bornes fixées maintenant
Cédantes , fier infestum fecere fiai.
Et laroen e siimrao t quasi fulmen , dejicit ictoa
ifîfldk iDlerdum contemtira in Tartan tetra : 1125
Ut satius multo jam ait parère quietum y
Quam regere imperio res telle, et régna tenere.
ProInde sine, ineassum défasse! f sanguine sudent,
ângustum per iter luctantes ambitionis :
ïnvîtiiâ quoniam , ceu fulmine y summa tapèrent f f 3§
Plerumqne» el qu» sunt allis magis édita quomque :
Quandoquidem sapiunl alieno ei ore ; plunlque
les ex auditis potius, quam sensibus Ipsis ;
Mec magfs idnune est, neque erit moit quam fuit ante.
Ergo , regibus oceîsis f sob?erse jacebat 1135
Prislina majestas soliorum, et sceptra-superba;
Et capitls summî praeelarum insigne cruentum
Sub pedibus volgi magnum lugebat honorem ;
Nara cupide conculeatur nimts ante raetutura.
les itaque ad summam fmmm turbasque redibat ; 1140
Iroperiura sibi quom ac suromatum quisque petebat.
Inde magistratum partim docuerecreare;
Juraque constituera y ut veUent iegibus uti.
Nam genus humanum, iefessem vi colère ie?om 9
EIL inimicitiis linguebat : quo migis ipsum f l IS
Sponte sua eeciill sub ieges, arctaque jura.
Âcrius ex ira quod enim se quisque prabat