auteurs latins - Notes du mont Royal

104 LUCEÈCE.
pagne. Puis les tempêtes jaillissent, et les vents
orageux, le Vulturne à la voix retentissante, et
l*Auster chargé de foudre. Puis, enfin, le solstice
nous apporte les neiges, nous ramène les gelées
engourdissantes, suivi bientôt de l'Hiver, et
du Froid qui claque des dents. Faut-il donc t'émerveiller
de voir la lune si exacte à naître , si
exacte à mourir, puisque tant de choses ont lieu
si exactement aux mêmes époques?
Crois bien aussi que la défaillance du soleil et
les obscurcissements de la lune prêtent à mille
explications. Quoil tu demandes comment la
lune peut nous exclure des feux du soleil, et
comment elle lui voile la terre de son front sublime,
qui oppose un disque aveugle aux rayons
étincelants ; et tu ne crois pas que le même effet
puisse venir d'un autre corps, qui roule éternellement
privé de lumière!
Pourquoi enfin ne pas admettre que le soleil,
à des époques fixes, laisse tomber à peine ses feux
languissants, et ranime bientôt sa lumière, quand
il a franchi au sein des airs ces régions, ennemies
de la fiamme, qui étouffent un momentses lueurs
expirantes?
Et si la terre peut à son tour ravir les clartés
de la lune, en tenant le soleil plongé sous elle,
tandis que l'astre des mois flotte dans son ombre
épaisse et conique : pourquoi ne veux-tu pas
qu'un autre corps se glisse sous la lune, roule prdessus
le globe du soleil, et intercepte ses rayons,
ses torrents de lumière?
El même, si la lune brille d f nn éclat qui lui est
Iode Auctumous adît t graditiir simul Efius E?an :
Indt alte Tempestales, Venleique sequuntur ;
Allitonans Volturaus, et Âuster fulmine pollens.
Tandem Brama ni?eis alfert f pigromque rigorem 74§
Beddit; Hyems sequitur," crepitans ac dentibus Aigu.
Qno minus est mirom f si certo tempore loua
Gignitor, et certo deletur tempore rorsus ;
Quom fieri posrfnt tam certo tempore mulfa.
• Solis item quoque defectus, lunœque latebras, 750
Plurîbus e catisis fieri tibi posse putandum est.
Namf quur luna queat terrain secludere, poscis»
Lumine, el a terris altum caput obstruera et »
Ûbjidens caecum radiis ardentibus orbem ; -
Tempore eodem aliud facere id non pusse pntetnr 755
Corpus, quod cassum labatur lumine semper?
Solque siios etlam dlmittere languidus igneis
Teropore quur eerlo nequeat, recreireque lumen f
Quom loca prœleriit, flammeisinfesta, per aurasy
Quac faciunt igneis ioterstlngui ttqne prîre? 7i0
Ety quur terra queat lunam spoltare ?icissîm
Lumine» et oppressons solem saper ipsa tenere,
Menstroa dum rîgldas cosi perlabitur umbras;
Tempère todem aliud nequeat succurrere fuuae
Corpus, tel supra sois perlabier orbem f
tjticxi radios interrpmpatlumenqoe profîisum?
Ht fameo , ipsa sw% si fulget luna nitore y
7ê5
propre, l'empécheras-ta devoir ses propres langueurs
dans certaines parties du monde, quand
elle traverse les régions ennemies de sa propre
clarté?
J'ai maintenant expliqué par quelles lois tout
s'accomplit dans le vaste azur du vaste monde :
nous avons pu reconnaître quelle force, quelle
loi produit les évolutions variées du soleil et les
phases de la lune ; comment leurs feux, voilés tout
à coup, expirent, et plongent la terre dans une
nuit inattendue; comment ils semblent fermer et
ouvrir de nouveau leur oeil resplendissant, qui
enveloppe le monde de sa blanche lumière. Je
reviens donc à l'enfance du monde, à la tendre
jeunesse de nos campagnes et j'examine m que
leur fécondité naissante osa mettre d v abord au
berceau du jour, et confier au souffle incertain
des vents*
La première espèce créée fut l'herbe et son
verdoyant éclat dont la terre revêtit les collines;
et dans toute la campagne, les prairies étincelèrent
de ces vertes couleurs; et les différents
arbres, une fois la bride lâchée, luttèrent de
vigueur à pousser, et à se répandre dans les airs 1
Gomme la plume, le duvet et le poil naissent
d'abord sur les membres des quadrupèdes ou sur
les corps à l'aile rapide, de même le sol encore
vierge fit jaillir des herbes et des broussailles.
Puis, il enfanta les êtres par milliers de mille
genres, et sous mille combinaisons ; car il est
impossible que les animaux de la terre soient
tombés du ciel, ou sortis des gouffres salés.
Quur nequeat certamundi languescere parte,
Dum loca liiminibusproprieis intime* per eut?
Quod superestf quoniam * magni per caeruto mundi 77û
Qtia ieri quidquid posset ratione, resel? i ;
Salis «Il varios cursus lunœque meatus
Noseere possemns , que lis et causa cieret ;
Quo?e modo soleant offecto lumine obîre,
Et nec opinanteis tenebris obducere terras ; 775
Quom quasi eenaifenl, et tperto lumine rursum
Omnia eoovlsunt clara loca etndida îuce :
Hune redeo ad mundi novitafeon et mollit terne
Ar?a;no?o fétu qoid primum in luminis oris
Tollere» et incerteis credunt commîttere Tenteis. 7So
Princîpio, genus berbarum wiridenique nitorem
Terra dédit circum colleis; camposque per Bmmh
Florida fuberunt viridanti prata colore :
Arboribusque datum est Tarieis eiinde per auras
Crescundi magnum immissk certamen habenis. 7i5
Ut pluma atque pilei primum setoque cretattir
Quadrupedum membrls et corpore pennipotentum';
Sic nova tusn talus herbas viigultaque primum
Sustulit : inde loci mortalia corda créa?it
Multa modis multis, varia ratione coorta. 79*1
Ifam neque de eœlo cecidisse animait possunt 9
Hec terrestrta de saisis eiisse lacunis.
Linquilur, ut merito materaum ooaten adtpfa