auteurs latins - Notes du mont Royal

lit LUCRÈCE.
Pour que la terre repoie, Immobile f au centre
du monde, M faut que sa pesanteur diminue et
s'évanouisse insensiblement; il faut que l'extrémité
inférieure ait pris une essence nouvelle,
étant unie et incorporée > depuis la naissance des
âges, aux parties de l'air ou elle trouve sa base-
De là vient qu'elle ne leur est point à charge,
que les airs ne iéchissent pas sous elle. De même
la membres d'un homme ne le chargent pas; la
tête ne pèse point au cou9 et les pieds ne sentent
pas le faix de la masse. Au contraire, tout poids
extérieur qui nous est imposé nous incommode f
fût-il beaucoup moindre que nous : tant il faut
considérer ce que peuvent toutes choses! Ainsi
donc la terre n'est point une étrangère, venue
du dehors, et lancée tout à coup dans un air
étranger pour elle. Également conçue dès l'origine
du monde, elle en est une partie déterminée,
comme tu vois que les membres sont une
prtle de nous-mêmes-
D'ailleurs, ébranlée soudain par un vaste coup
de tonnerre, elle ébranle de son agitation tout
ce qui est au-dessus d'elle. Or, pourrait-elle le
foire, si elle n'était enchaînée aux parties aériennes
du monde et au cîelî Oui, ces essences se
tiennent et ont, depuis la naissance des"âges,
les mêmes racines, les mêmes nœuds, les mêmes
accroissements.
legarde le corps humain : ce poids énorme
n'est-il pas soutenu par la fine et vive essence
de rime? C'est que tous deux sont unis et attachés
ensemble. Et qui pourrait, d'un saut agile,
Ivanescert paullatiiïi et decrescere pondus
Coovenit; atque allatn naturam subter liabtre»
Ex inennte œ?o conjunctam atque imiter apt&ra
Partibus aerieis mundi , quibus insita vif it.
Propterea non est ooeri f neque deprimil auras ; 1*40
Ut sua quoique homini uullo sunt pondère membra f
Mec caput est oneri collo, née deaique tolum
Corporis in pedibus pondus sentiinus inesse.
âlf quacquomqoe foris ventant, impostaque «obis'
Pondéra sunt 9 laednnt perroulto sœpe minora : 6*5
Usque adeo magni refert, quid quaeque queal res.
Sic igllur tellus non esl aliéna repente
Allala y atque aurais aliunde objecta aliénais;
Sed pariter prima concepta ab origine mundi,
Certaque pars ejus; quasi nobis mcmbra videnlur. 550
Praeterea, grandi tonitrti concussa, repente
Terra, supra se qiiie sunt, concutit omnia motu ;
Qaod facere haud ulla posset ratlone, nisi essel
Parlibos aerîis mundi cœloque revïncta ;
Haut communibus inter se radicibus liœrent 9 555
.El ineunte œvo conjuncla atque unlter aucta.
Nonne vides etiam 9 quain tnagn® pondère nobis
Susiieat corpus tenuissimi iris animai ;
Pi'opterea quia tam conjuncta atque imiter aptaest?
Deniqiie, jam sait» petnici tôlière corpus &H0
CJifb potis est, nisi ?ls animaey qnsc membra gubeinat?
soulever le corps, sinau Pâme vive qui gouverne
les membres ?
Yois-tu maintenant toute l'énergie d'une frêle
nature, quand elle est jointe à un être pesant,
comme l'air au sol, et l'âme au corps.
Le disque et Tardent foyer du soleil ne peuvent
être beaucoup plus grands ou beaucoup
moindres que nos organes nous les montrent.
Car de si loin que les feux attirent encore nos
regards, et envoient à nos membres Je «rafle de
la vapeur chaude, tout l'espace que dévore le jet
de lamme ne les entame point» et à l'œil la masse
n'en est pas plus resserrée. Donc, puisque la
chaleur du soleil et ses torrents de lumière parviennent
à nos sens, et illuminent la terre, il en
résulte que nous devons apercevoir aussi sa
forme, ses contours, dételle sorte que la vérité
ne permette ni de l'accroître, ni de l'appauvrir.
Et la lune, soit qu'elle roule inondant Pespace
d'un éclat emprunté, soit qu'elle darde la lumière
de sa propre essence, ne marche point avec une
plus vaste figure que son disque visible ne le fait
juger à nos yeux. Car tous les objets qu'une vue
lointaine saisit à travers une épaisse couche
d'air, brouillent plutôt leur image qu'ils n'amoindrissent
leur contour. 11 faut donc que la
lune, qui nous offre une apparence claire et
nette de sa forme, et qui dessine jusqu'aux
traits de son visage, nous apparaisse dans toute
sa grandeur à la cime des airs.
Enfin, pour connaître tous ces feux qui éclatent
dans le ciel, examine tous les feux de terre.
Jamne vides quantum tennis nalnra valere
Possit, ubi est eonjuncta gra?i euro corpore ; ut aer
Conjunctus terreis, et nobis est anîmi vis?
Nec nimio solis major rota, nec mînor ardor SâS
Esse potest, nostris quam sensibus esse vldetur.
Nam , quibus e spatiis qnonique îgoes lumina possuol
MMcere, et calidum membris alflare vaporem;
Mi lïîïssus Ifltervailis de corpore librant
Flammarumy nihil ad speciem est contractior ipk. 570
Proinde, calor quoniam solis lumenque profusum
Perveniunt nostros ad sensus, et loca fulgent ;
Forma quoque hinc solis débet iluœque videri f
Nil adeo ut possis plus y aut minus t addere vere.
tuaacfne, site notbo fertur loca lumine lustrins» s?a
Sivesuo proprio jaclat de corpore lucem;
Quidquid id est, nihilo fertur majore igura y
Quam nostreis oculeis 9 qua cernimus y esse videtur.
Nam prius omnia f quae longe semota tuemur
Aéra per multum , specie confusa fidentur, 5S§
Quam minui filum ; quapropter luna necesse estf
Quandoquidem claram speciem certamque Iguram
Praebet 9 nt est ons extremis quomque notata,
Quanta quoque est quanta, hinc nobis videatur in alto.
Postremo 9 quosquomque vides hinc Mheris igneis 9 SS§
Qnandoquidem f quosquomque in terris cernimus igneis $
Dun tremor est clarus , dum ceinitur ardor eorum ,