auteurs latins - Notes du mont Royal

nouveauté? Est-ce que, par hasard, leur existence
languissait dans les ténèbres et rabattement, jusqu
9 au jour où brilla laieur naissante du monde?
Pour nous, enfin, quel mal y aurait-il eu à ne pas
naître? Car, une fois né 9 un être quelconque doit
vouloir rester au monde, tant que les douces
jouissances y retiennent son âme; maïs s'il n f a jamais
goûté à cet amour delà vie, s'il ne fut jamais
au nombre des vivants, que lui importe de
n'être pas créé?
Et le type de la création, et ridée même de
l'homme, où ces dieux font-ils puisée? Comment
ont-ils su et envisagé dans leur intelligence cequ'ils
voilaient faire? Eussent-ils connu fénergie des
atomes, et ce que pu vent leurs différentes combinaisons,
san? la Nature qui â fourni son propre
modèle? Car, depuis le terap immémorial que
les atomes, battus par mille choesde mille sortes,
et accoutumés à ni vif essor que leur poids aiguillonne,
forment toutes les alliances, essayent tous
les arrangements capables de féconder leur assemblage,
il n'est pas étonnant qu'Us aient enln
rencontré un ordre, établi un cours tel que celui
où s f opère et se renouvelle aujourd'hui encore la
grande masse des êtres.
Pour moi, lors même que je ne connaîtrais pas
les éléments des choses, rien qu'à voir le méca-,
nîsme céleste, j'affirmerais sans crainte, je prouverais
sans réplique que la Nature ne peut être
fouvrage d'une main divine, tant elle a d'imperfections.
4 D 9 abord, tout 1'espaee que le vaste tourbillon
Dunee âilniit reram genitaiis origo?
QfiMte mal! fuermt nobis non esse créai» ?
Matas enim débet 9 quMpomqne est t velle wmmm
M vite 9 douée retïaetrft bbnda voloptas :
Qui nonquam vero vite gustavît amorem t
DE LA NATURE DES CHOSES, LIV. V. •S
t Su
Mac fuit in numéro; quîd obest mm esseereatom?
Eionplum porro gignundis rébus f et ipsa
lotities horainum Bis onde est însita primum,
QiM vellent feoere 9 ut Mirent animoqae viderait?
Qoowe modo est raquant vis cognîta principioriiin 9 185
Qaidqie iuter mm permutât® mêîm possent,
Si non ipsa dédit spécimen ffatara ereandi?
Manque ita TOultimodis multis primordia reram
El înliiito jam tempore preite ptagis,
Ponderlbusqoe suis consueruot coneita ferrl y
190
Ouintmodiaque cuire » atque omnia prtentare,
Quaeqncunque inter se possint congressa creare;
CI non sît mirum si in taleis disposeras
Décideront quoque , et in taleis venere meattis 9
Qualibos hoc rerum gerilnr nunc sutiima novando. 1§5
Qwd si jam rerum Ignorera primordia qu« sint t
Hoc lumen ex ipsis eœli raHoiIlms ausiro
GoDfirmarey aliisqne ex rébus reddere multis;
ffequaquam oobis dît luîtes esse pralam
lataram rerum ; tanta stat praedita eulp ! 200
Prindpio, quantum codi tegit fanpetus ingensf
des deux enveloppe est avidement rongé par les
montagnes et les forêts des bêtes sauvages, ou
envahi par des rocs et des marais immenses, et
la mer enfin, large ceinture qui entrecoupe les
terres. Les ardeurs brûlantes ou l'éternelle chute
des frimas dévorent presque deux lones qu f elles
ôtent aux mortels. Ce qui reste de terrain, la
Nature, par sa propre énergie, le couvrirait de
ronces, sans la vigoureuse résistance de l'homme,
que les besoins de sa vie accoutument à gémir
sur un infatigable râteau, et à presser, à fendre la
terre de sa charrue. Si on ne retourne point avec
le soc les glèbes fécondes, et qu'un "bouleversement
du sol n'excite pas la végétation, elle ne
peut jaillir toute seule dans les airs limpides.
Encore souvent le fruit de nos pénibles travaux,
alors que toute la plaine se couvre de feuilles et
de leurs, est-ii brûlé aux feux trop ardents que
le soleil verse des hauteurs du ciel, ou étouffé
sous des pluies, des gelées inattendues, ou ravagé
par le souffla furieux et la tourmente des
vents.
Et la race terrible des bêtes sauvages f iéau de
l'espèce humaine, d f où vient que la Nature m
plaît à la nourrir et à l'accroître sur la terre et
dans l'onde? Pourquoi les saisons nous apportent-elles
des maladies? Pourquoi la mort erre-telle
sur nos têtes, avant l'âge mûr pour la tombe ?
Semblable au marin qu'ont rejeté les ondes
cruelles, l'enfant demeure couché sur la terre,•
nu, sans parole, dénué de tous les secours qui
aident à vivre, sitôt que la Nature le vomit avec
Inde avidam partem montes ay 1?«que ferarara
Possédera ; tenant rapes vasteque pludes
Et mare, quod iate terraram distinet oras,
Inde duas porre prop parteis fer?idus ardor
Assiduusque geli casus mortallbos aufert.
Quod suprest arvIf tamen id aattirt sua vi
Sentibusobducat, ni vis humana résistât,
Vitai causa p valido consulta bidenti
Ingénier© f et terrain pressis prosdndere artlrls :
Si non 9 feeundas vortaites vomere giebas 9
Terraique solum subigentes, eimus ad ortus;
Sprile sua nequeant liquidas eisistere in auras.
Et tamen 9 interdira magno quœsita laboref
Quora jam per terras frondent atque omnia florent f
205
110
11 i
Aiil niïïîlîs terre t fervoribus aetberius soi ,
ânl subite perimunt imbres gelidœque prainœ,
Flabraque ventorum violento turbine veiant.
Praeterea y genus horriferum Pâtura feraram »
Humanœ genti infestum 9 terraque marique 220
Quur aUt atque auget? qour anni tempora morbos
Apportant? quare Mors tmmatura vagatur ?
Tum porro puer, ut saevis projeetus ab undis
Navita, nudus liumi jacel, Mans, indigus omni
Vitali auxilio, quom primum in luminis oras 22ê
Mixibus ex alto matois Natora profudit :
Yagltuque locum lugubri complet, ut «puni est9