auteurs latins - Notes du mont Royal

fe terre, le ciel, la mer, les astres, le soleil, et
le globe de la lune ; quels sont les êtres qui ont
existé réellement, et ceux que la terre ne porta
jamais. Je dirai comment le besoin de nommer
les choses accoutuma les hommes à un échange
de paroles articulées, et comment fut insinuée
dus les âmes cette peur des immortels, sainte
barrière qui défend, par'tout le globe, les temples,
les fontaines et les bois sacrés, les autels
et les statues des dieux.
J f cxpliquerai aussi par quelle force la Nature
plie et gouverne la marche du soleil et les révolutions
de la lime, pour t'empêcher de croire
plis accomplissent librement et à leur gré leurs
courses étemelles entre le ciel et la terre, qu'ils
se prêtent eux-mêmes à la croissance des fruits,
des animaux , ou qu'ils roulent sous une main
divine. Car les hommes les mieux éclairés sur
la fie paisible des immortels viennent-ils à s'étonner
comment tout a lieu ici-bas, et surtout
les phénomènes qui éclatent au-dessus de nos
têtes dans les campagnes des airs, ils retombent
aussitôt dans leurs vieilles superstitions, ils évoquent
des maîtres impérieux, et leur attribuent
la toute-puissance : pauvres fous qui ignorent
pelle chose peut ou ne peut pas être,quelle loi
borne la puissance des corps et leur trace de profondes
limites.
Au reste f pour que nous cessions de t'orrêter
aux prémisses, examine d'abord les ondes, la
terre,le ciel : leur triple nature, leurs trois corpsf
6 Memmius, ces trois aspects si divers, ces
trois vastes tissus, un jour livrera tout à la des-
Lmiâïpe globum : tum, que tellure animantes • 70
Eistiterint; et, qna? nulle sint tempore natae :
Qio?e modo genus liuaiammi fartante loquela
Coferit îiitêf se fesci per nomioa reram :
Ety qiûbus illemodis Di?om metus insinuant
Pectora, terrarum qui in orbi sancla tuetur 7§
Fana, kcus9 lucos, aras9 sîmulacraque Difom.
Prœterea , solis cursus lunseque meatus
Eipeiiani qui vl fleetat Natura gubernans ;
He forte ttaee inter cœlum terramque reamur
Libéra sponte sua cursus lustrare pereitiels , 80
Morîpra ad fmges augendas atque animanteis :
Ni?e aliqua Difom fol?i ration® putemus.
Sam beoe que didicere Deos securum agere œvoni,
Si tamea intérêt mirantur, qua ration©
Qnaeque geri possint, prasertim rébus in ollis » S5
Quae supra capot aetheriis ccrnunlur in orisf
Bfirsiis in antiqoas referantar religione»,
Et dominos acreis adsdacunt , oinnia posse
Qios miscrel creduut : ignarei » qtiid queat esse ,
Qoid nequcat ; inita potestas denique qiioîqiiw 90
Qoaoani lit rationef atque aile terminus Immm*
Qaod sapèrent, ne te in promises plura moremor,
Priocipio maria, ac terras, cœlumque tuere :
Quorum uaturam triplieem, tria corpora* Memmi,
DE Là Nâf UiE DES CHOSES, L1V. V.
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truction ; et cette lourde machine du monde, demeurée
tant de siècles inébranlable, s'écroulera.
Il ne m'échappe pas combien c'est une Idée
merveilleuse et neuve que la ruine future du ciel
et de la terre, et combien j'aurai de peine à y
réduire les intelligences. C'est ce qui arrive,
quand on offre à l'oreille une vérité jusqu'alors
Inconnue, sans pouvoir la mettre sous les yeux,
ni la faire toucher du doigt, ces deux voies de la
prsuasion les plus sûres, et qui aboutissent de
plus près au cœur humain, au sanctuaire de la
pensée. Je parlerai cependant : put-être les faits
eux-mêmes viendront-ils appuyer mes discours;
put-être verras-tu avant peu la Nature bouleversée
sous les affreuses tempêtes du sol. Puisse la
Fortune, qui gouverne tout, éloigner ce désastre!
Puisse la raison, plutôt que l'événement,
t'apprendre que le monde vaincu peut s'abîmer
avec un horrible fracas!
Maïs, avant que je ne révèle sa destinée par
un oracle plus saint et plus infaillible que ceux
que la Sibylle tire du trépied d'or et des lauriers
d'Apllon, écoute de sages et consolantes paroles.
Je neveux pas que, sois le frein de là superstition,
tu ailles croire que la terre, le soleil,
le ciel, la mer, la lune, essences divines,
sont impérissables, et que pur cela tu invoques
mille supplices contre le forfait épuvantable de
ces nouveaux Créants, qui ébranlent avec leurs
systèmes les remparts du monde, qui veulent
éteindre le soleil, lambeau des airs, et qui impriment
le sceau de la mort à des choses immor-
Trais species tant dissimileis, tria talia testa, §S
Uoa dies dabit exilie ; muitosque per mmm
Sustentata, ruet moles et machina rouodi.
Nec me animi failli f quam res nota miraque menti
Accldat, eiitjum cœli terraqwe ftiturum;
Fi quam difficile id milti sit pervincere dictis :
Ut fit f ubi insolitam rem apportes auribus aote,"
Mec tamen banc possis oculorum subdere f isu 9
Mec jacere indu mmm ; fia qua munita fidel
Proiuma fert hiimanum in pectus templaque mentis.
loo
Sed tamen efiabor ; dicteis dabit ipsa fidem res
Forsitan ; et gra?iter, terrarum motibus ortis,
Omnia conquassari in par?o tempore cernes :
Quod procul a nobis fleetat Fortuna gubernans;
Et ratio polios quam res persuadeat ipsa 9
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Succidere horrisono posse omnia vicia fragore.
Qua prius aggrediar quam de re fundere fata
Sanctius 9 et multo certa ration© magis, quam
Pythia* qu« tripode e Ptaœbi baroque profatur;
Muila tibî eipediam doctis solatk dictk :
1 iê
Religione réfrénâtes ne forte rearisf
Terras, et soIem9 ciBlum9 mare, sidéra 9 lunam
Corpore difino, debere «tenu meare :
Proptereaqtie pûtes, ritu par esse Gigantun
Peldcre eos i»œnas immaiii pro scelere omDeis»
lis