auteurs latins - Notes du mont Royal

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LUC1ECE.
est impossible de bien vivre. Nouvelle raison de
croire que ce fut un dieu, celui dont émanent
ces douces consolations de la vie, répandues chei
les grands peuples, et qui maintenant encore
charment les âmes.
Si on met au-dessus les exploits d'Hercule,
certes on s'égare loin de la vérité. Quel mal
nous feraient aujourd f hui le lion de Némée et le
gouffre de sa gueule immense , l'horrible sanglier
d f Érymanthe, ou enfin le taureau de Crète f
et le fléau de Lerne f cette hydre hérissée d f un
rempart de couleuvres au dard empoisonné?
Qu'aurions-nous à craindre de la triple poitrine
du triple Géryon? Et les chevaux de Diomède,
soufflant le feu par les narines, près de la
Thrace, sur les côtes Bistoniennes, au pied de
l'Ismare, nous gêneraient-ils si forff ainsi que
les formidables griffes des oiseaux d'Arcadie,
hôtes du Stymphale? Et le farouche gardien qui
veille sur les pommes d'or étincelantes des Hespérides,
ce serpent au regard terrible, au corps
énorme, dont les replis embrassent le tronc de
l'arbre, serait-il capble de nuire, relégué sur
les plages de l'Océan, au bord de ces tristes mers
où nul Romain ne se hasarde, et que le barbare
même n'ose affronter!
Tous les monstres semblables jadi3 étouffés,
à défaut de vainqueur, existeraient encore; que
pourraient-ils nous faire? Rien, que je sache. Car
aujourd'hui même les bêtes sauvages pullulent
à foison ici-bas ; elles agitent et peuplent de mille
terreurs les bois, les hautes montagnes, les fo­
At bene non poterat sine puro pectore vif L
Quo magis hic merito nobis Deus esse videtur;
Ex quo nunc etiam, per magnas didita genteis, 20
Bulcia permulcent anlmos solatia vilœ.
Hcrctilîs antistare autem si racla putabis,
Longîus a vera mullo ratione ferere.
Quid Nemcœus enim nobis nunc magnus hiatus
111e leonîs obessel, el horrens Arcadius sus? %5
Denique quid Crelœ taures, Lernœaque pestis,
Hydra, venenatis possel vallata colubris?
Quldve Iripectora tergemini fis Geryonai?
El Dîomedis equei, spîranles naribus igoera,
ïliracen Bîstortlasque plagas atque Ismara propler, 30
Tantopere oflicerenl nobis [unclsque timendœ
Unguibus, Areadiœ volucres,] Stymphala colenles?
Aureaque ilesperidum servans fulgenlia mala,
Asper, acerba tuens, immani corpore, serpens,
Arboris aroplexus stirpem, quid deniqtie obesset, 35
Oceanum propter litus pélagique severa,
Quo neque noster adil quisquam, nec barbares audet?
Cetera de génère hoc qute sont portenla peremla,
Si non ?kla forent, quid tandem viva nocerenl?
Nil, ut opinor ; ita ad satiatem lerra ferarum 40
Knnc eliam scatit, et trepido terrore replefa est
Per nemora ac tnonleis magnos sylyasque profundas :
QUïB loca vilandi plerumque est nostra potestas.
rêts profondes; mais ces Uctn, qui nous empêche
de les éviter?
Au contraire, si Ton n f a point un cœur pur,
que de combats f que de périls il faut essuyer
malgré soi 1 Quels soucis rongeurs, quelles inquiétudes,
quels déchirements cause la passion 1 Que
de craintes 1 Et l'orgueil, la débauche; l'emportement
, que de ravages ne font-ils pas , ainsi que
leluie, la paresse?
Et un homme qui a dompté tous ces fléaux,
qui les eitirpe du coeur avec les seules arma
de la parole, ne sera pas jugé digne d'être mis
au rang des dieux 1 Surtout quand cet homme
nous parle toujours des immortels eux-mêmes en
termes divins, et que sa voix nous découvre la
nature des choses.
Attaché à ses traces, je vais poursuivre mes
raisonnements, et enseigner combien il est nécessaire
que tous les êtres se bornent à une du*
rée que fixent les conditions de leur existence,
sans pouvoir enfreindre les lois immuables du
terop. Ainsi, en première ligne, nous avons
trouvé la nature des âmes : elles se composent de'
matières qui naissent avec nous, elles ne peuvent
fournir sans atteinte de longues années ; et dans
le sommeil, mille fantômes les abusent, puisque
nous croyons apercevoir un homme qui a cessé
de vivre.
Pour achever, le développement du système
me conduit à faire voir que le monde, amas
de substance périssable, naît et succombe. Je
dirai comment la rencontre des atomes a formé
At nisi purgatum est pectusy qua pnelia nobis,
Atque pericula sunt ingrates insïnuanduin !
QuanUe tum scindunt hominem cupedinis acres
Sollicitum cura! quanteique perinde timorés !
Quidve siiperbîa, spnrcitia ac petulantia, quanlas
Elïîciunt cladeis? quid luius, desidîaeque?
flaec îgitur qui cuncta subegerit, ex animoque
Expulerit dictis» non armls, nonne decebit,
Hune hominem numéro Difom dîgnarier esse?
Quom bene prœsertitn multa ac diviûitns ipsls
linmort&Iibu' de Diiis dare dicla suerit,
Atque omnem rerum naturam pandere dictis.
Quojus ego ingressus vesfigïa » dum ratione*
Persequor ac doceo dictis, quo quaeque creata
Fœdere sint, in eo quam sit durare necessum,
Nec validas valeant aefi rescindere leges.
Quo génère in primis animi nalura reperta est»
Nativo primom consistere corpore creta ;
Nec posse incolumem magnum durare per revoit) :
Sed sïmulacra solere in somnis fallere mentent,
Cernerequoni fideamnr euro, quem vite reliquit.
Quod superestf nunc hue rationis detnlit orclo.
Ut mibi mortali consistere corpore munduin f
Nativumque sïmul, ratio reddonda sit, esse :
El f quibus itle roodis congressus materiai
Fundarit terram, cuelum • mare s sidéra, solem ,
45»
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