auteurs latins - Notes du mont Royal

DE Là NATURE DES CHOSES, LIV. IV.
liras, elles sont accablées de sa pourpre jaillissante!
Ainsi donc un homme, percé des ièches de
Yéeus que lance soit un enfant à la molle beauté,
soit une femme qui darde l'amour par tous ses
membres, court aux êtres qui le blessent, avide
de joindre, de mêler à leur essence les lots de
ses voluptueuses écumes ; car le désir fougueux
est un pressentiment de la jouissance. Yoilà ce
que nous entendons par Vénus, ce que nous avons
uommé Amour. Yoilà comment il épanche dans
nos âmes cette goutte de volupté, qui tourne sitôt
en inquiétudes glaciales, puisque les êtres chéris,
dans leur absence, nous laissent de vives images
et un doux nom toujours retentissant à nos
oreilles.
Mais on doit fuir ces images, écarter de soi
tout ce qui alimente de folles envies, détourner
le cours de son intelligence, répandre sans choix
une sève trop abondante, loin de la retenir, enchaîné
par un seul amour, et de fomenter un
germe de soucis, de tourments inévitables. Car,
une fois nourrie, la plaie s'aigrit et s f enracine :
chaque jour augmente nos fureurs, appesantit
nos misères, à moins que de nouveaux coups
n'étourdissent les premières blessures, à moins
que de fugitives, de vagabondes amours ne les cicatrisent
encore fraîches, ou que nous puissions
tourner ailleurs les mouvements de nos âmes.
Un homme qui évite l'amour, ne renonce point
à sa douce moisson. Au contraire, sans essuyer les
peines, il recueille les fruits. Car, évidemment,
Idque petit corpus mens, ufide est, saitcia amure.
Manque omiies plerauiquecaduiit in volnus; etollatn 1045
Emkat in partent sanguis , tiode icimur ictu :
Ët9 ri eomminus est» liostem raber occupât humur.
Sic fgMnr, Venerls qui telis accipit ictus »
Site puer metubris muliebribus IIUDC jaculattir,
San routier, toto jactans e corpore amorem ; 1030
Uode feritor, en tendit, gesûlque coire,
El jacere humera» in corpus de corpore ductum :
Namqne ?oluptatem prœsagit multa cupldo.
ItacJVenus est nobls ; bine duetum est nomen Amoris :
Ëinc olla et priroom ¥eaeris dulcediois in cor 1 dàS
SUlla?il gotta f et successit frigida cura.
Nam y si abest y quod âmes » prœsto simulacra tamen sutit
lllim» et nomen dulce obf orsatur ad aurais.
Sed fogitare decet sinuilaera, et patola a morts '
Absterrere sibi ; atque alio con?«tere mentem » ! OGO
Et jacere humorem conjectum in corpora qiucqtie.
Net retkiere 9 semel coniorsum umïui amure 9
Et sert are sibi cura» certumque dolêvem.
Ulcus eniai ilfescil et iiifeterascîl aluado,
Inqiedtes gliseit fiaror». atque «raina gra?escil, it>C5
Si non prima novis ccioliirbes volnera. piagis-,
Volpvagaque Yagus Venere aiite récent» cures,
Aut alio possis airimi tradticere moitié.
Sec Ycneris fractn caret is, qui ? liât amoreut}
les pures voluptés attendent plutôt les âmes saines
que de misérables fous. Aui heures mêmes de
la possession, les amants promèuent1 égarent de
mille côtés leurs flottantes ardeurs : leurs yeux,
leurs mains ne savent de quel trésor jouir avant
les autres ; ils pressent violemment les charmes
ou ils fondent; ils blessent un faible corps, et
leur dent fatigue ces lèvres meurtri» de leurs
baisers. Tant leurs jouissances sont imparfaites,
tant un aiguillon caché les anime contre tous les
appas qui engendrent et soulèvent ces rages
amoureuses ! Mais Vénus amortit la douleur au
sein du plaisir, et y mêle la douce volupté qui
combat les morsures.
Hélas 1 on espère que la source même de nos
ardeurs put en éteindre les flammes : espoir que
la nature dément et repousse. Cette passion est la
seule dont une jouissance complète redouble les
embrasements et la fougue terrible. La nourriture,
le breuvage que nos membres absorbent,
y envahissent des places fixées ; aussi apaise-t-on
facilement cet amour du paîn et des ondes. Mais
la beauté, la fraîcheur, notre corps ne peut en
jouir que par des formes légères ; et encore le vent
nous dispute ces maigres espérances. Ainsi, dans
le sommeil, un homme brûlé de soif cherche
vainement un fluide capable de rafraîchir ses
membres : il ne boit que des images jaillissantes ;
il a beau se tourmenter, un torrent inonde ses lèvres,
et il a soif encore 1 Telle, dans l'amour,
Vénus se joue des amants par de stériles images.
Leurs yeux ne peuvent se rassasier du corps qui
SS
Sed potius, qu» sunt sine pœaa,oommoda stmiL 1§7§
Naai certe pura est saoeis magis iode vuloptas,
Quam miseras : etenbn potrandf tempore ia ipso
Fluctuât incertis erroribus ardor amntuoi :
Mec constat, qufd primumoculis manibuaque fruantor :
Quod petlere, premimt arete ; faciontqiie dolorem 1075
CorporiSi etdeuteis illidunt sœpe labelleis,
Osculaque aflligunt, quia non est pura toluptas :
Et stimule! subsunt, quel insligaot Isedere id ipsum f
Quodquoraque est, rabies ondeolbegermina surguut.
Sed leviter peenas frangît Venus inter amorem i §»n
Blaidaque refrénât raorsus admixta ?oluptas.
Nanique ia m spes est, unde est ardorls origo,
Restingui quoque posseab codent corpore flammam :
Quod ierî contra totum nature répugnât ;
IJnaqiie res haec est 9 quojus quo plurima liabemusy I osa
Tarn magis ardeseit dira cupecHne peetus.
ffam cibus atque liunmr menibris assumitur intus :
Quae quonlim certas imssuat obsidere partais,
Hoc facile eipletuir laticum ûrtigunique cupido :
Ex bomiûis fero lacie puleliroque colore f 090
Nil datur in corpus pr»ter simulacra fruiindiim
Tenula; qmm ?eol»spes rapta est saape miselfa.
Utbibere iasomiiis siliens quom quœrityel liiunor
Non daturf trdorani qui ineinbris stinguere possil;
Sed laticum sÉnulaera ptiltJ'ustimqiie laboralv MiPi