auteurs latins - Notes du mont Royal

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LUCRECE.
comme pour y saisir la trace des bêtes 1 Déjà Les hommes altérés se voient ai bord de fleu­
éveillés, ils poursuivent encore mille fantômes ves, de sources ravissantes, que leur gosier ab-#
de cerfs, ils les voient abandonnés à la fuite; sorbe presque tout entières. Que de fois un en­
puis enfin ils reviennent à eux, et secouent fant, enchaîné par le sommeil, a cru lever sa
ces douces illusions. Les jeunes dogues, race robe devant un réservoir, un bassin I et le flot
caressante, habituée au logis, tressaillent, et ar­ impur, jaillissant du corps, souille les étoffes resrachent
vivement leur corps de la terre, comme plendissantes que fournit Babylone.
si des traits, des visages nouveaux inquiétaient Puis, quand les vives humeurs de sa jeunesse
leur vue. Plus le germe des images est ride f commencent à bouillonner dans les pores, que
plus elles doivent irriter le sommeil.
Les oiseaux de mille couleurs partent tout à
la sève croit et mugit avec les ans f mille formes
venues de mille corps extérieurs lui offrent, mes­
coup la nuit, et agitent las bois sacrés de leur sagères lascives, de beaux visages, de fraîches
aile retentissante, lorsque des vautours sem­ couleurs, qui ébranlent et irritent les organes
blent leur apporter la guerre* les batailles, au sein tout gonflés de semence, qui suppléent à mille
de leur mol &ssoupissement| et voler à leur pour­ douces opérations, qui excitent de longs épansuite.chementsf
et qui ensanglantent la robe des vier*
De même DOS intelligences, accoutumées à de ges.
vastes enfantements, exécutent et soutiennent Elles vont solliciter le fluide générateur an
ie grandes choses jusque dans nos rêves. Les fond de nos membres Y je le répète, sitôt que les
rois emportent des villes, on les prend, ils en- années mûrissent les forces ; et, comme les orgapgent
la mêlée, ils poussent le cri des malheunes divers sont harcelés par divers mobiles, la
ceux égorgés sur place. Mille autres combattent, semence des hommes ne fermente que sous des
à qui leurs blessures arrachent des gémissements; Influences humaines. À peine renvoyée de ses
ou, comme si leurs membres palpitaient sous la demeures, elle traverse les membres, les articu­
dent des tigres, des lions cruels, ils remplissent lations , tout le corps enfin, et se ramasse dans
tout de lamentations. Beaucoup révèlent alors de les nerfs qui lui sont affectés. Là, elle frappe les
terribles mystères, et dénoncent leurs propres organes mêmes de la génération. Irrités par elle,
attentats. Beaucoup essuient la mort. Beaucoup les organes se gonflent; ils aspirent à rejeter ce
croient tomber de hautes montagnes sur la terre : qui provoque leur fatal emportement, et nos âmes
leurs corps frissonnent épouvantés, et au réveil tendent vers le corps qui les a blessées d'amour.
leur âme, frappée de vertige, se remet à peine Oui, elles gagnenthabituellement la source même
des émotions soulevées par ces tempêtes de la du coup : notre sang inonde les douces enne­
chair.
mies qui nous frappent, et, vaincues dans nos
ilitttmt, et crebro redocnnt narihua auras»
Ut vesligia si tcneant intenta ferarom ; 995
Eipergeficteique sequuntorinania saepe
Cerforom simulacre, fugae quasi dedita cernait;
Dooec disenssis redeant errurilms ad se.
A! y consueta domu , catutoram blinda propage
Discuter© et corpus de terra corripre instant ; f 000
Proinile quasi ignolas faciès atque ora tuantur.
Et9 quo qu«quc m^gis suit aspera seminiorattt f
Tarn magis in soumis «idem sae?Ire necessum est.
At variœ fugfrint votnem, pinnlsque repente
Solicitant DivDm noeturao tempore lucot 9
l 005
Accipitres somno in leai si prdia pugoasqna
Edere suit persectantes tiswpe volantes.
Porro, homioam mentes» magnls qua» motibns edunl,
Mapa itidem sœpe in aoranis faciuntqiie gcruntqne.
leges expugnant, capiuniur, prœlia miscent ; 1010
Tollunt clamorem, quasi si jugulenttir ibidem»
Multei dèpugnant, gemitusque doloribus edunt;
Et quasi panlberœ morsa sae?î?e leonis
Mandantur, magnis claraoribus omnia comptent.
Maltei de magnis per somiium rebu* loquuntiir : 1015
Indicioque soi facti pers«pe fuere.
Multei mortem obeunt : multei, de montibnsaltis
fît quel précipitent ad terram, curpore toto
Exterreitur ; et ex somoof quasi mentibu* capiei f
Vin; ad se redeunt, permute! corporis aestu. 10î6
FJuraen item sitiens aut fonlem propter amœnum,
Assîdet, et totum prope faucibua occupât amnem.
Pureî guêpe lactun propter ac dotia curta t
Somno detinctei , credant se eitolers •estem ;
Totius humorein saccatum corpari% fnsdunt » io?S
Quom labylonica, magnifie© spleniorc, rigantnr.
Tum f qnibus aetatis fréta primitus însiniiantur,
Semen ubi ipsadies membris matura créatif t
Conveniunt simulacre forîs e corpore quoque,
Muntia praeclari voltus pulchrique coloris 9
i oM
Qui ciet Irritons loca turgida semine multo ;
Ut f quasi Iraiisactis sœpe omnfbu 9 rebu f f profundant
Fiiimiais ingenteïs Éoctu§f •esteonque cruentent.
Sollicitator id In nobis, qood diiinms ante,
Semeii ; adulla aetas quom primum roborat arlus. 103J
Mamque alias aiiud res commovet atque laeessit ;
Ei liomine humaoum semen ciet una hominis fis :
Quod si ni « I atqiie suis ejactum mêïbmemî$
Pcr membra atque artus decedit «irpore toto,
lu loca coofcnieiis nerroriim certa ; cîetqae i oli
Continuo parteis genitaleis corporis ipsas :
Irritata tnmmî k>€â semine 9 Stqne •olunias
Ejïcere id 9 quo se contendit dira libido ;