auteurs latins - Notes du mont Royal

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LUCHttZ.
•es di notre volonté f accourent à son premier
appel; et sit dès que les ondes, la terre, le ciel
enfin, ou les assemblées, les pompes, les festins,
les batailles, nous font envie, la Mature nous apprête,
nous foirait au moindre mot toutes ces images.
Et encore faut-il songer que dans la même
région, dans le même lieu, les autres imaginations
évoquent mille pensées contraires!
Quoi! les spectres, enfants de nos rêves, qui
joignent à un pas harmonieux la souplesse des
membres, la souplesse des bras tour à tour agités
, et qui vont sous nos yeux répétant ces gestes
que leur pied accompagne, savent-ils donc
bondir avec artî Errent-ils alors, pour que la
nuit favorise ces doctes ébattements? Ou bien
en est-il des images comme des proies, et nos
sens embrassent-ils à la fois une série dont les
intervalles nous échappent, quoique la raison
admette leur existence? Sans doute. Voilà pourquoi
nos yeux rencontrent toujours et partout
des images toutes prêtes ; voilà pourquoi, tour à
tour évanouies et remplacées par de nouvelles
formes aux nouvelles attitudes», elles semblent
avoir changé de gestes.
Mais leur essence fine, pour être nettement
aperçue, veut des intelligences attentives.
Aussi toutes les images se perdent, hormis
celles que nous évoquons nous-mêmes. Or, nous
sommes toujours prêts et enclins à voir les choses
qui ont rapport à nos idées ; elles nous apparaissent
donc.
Venerit, eitemplo mens cogitet ejus M ipsum.
Anne voluntatein noslram slmulacra îumîm ;
11,siinul ac volumus,nobis occurril imago?
Si mare f si terrain, cordi est » si ienique cœlum , 785
Conventus hominom f pompam, coutivia, pupas;
Cmnia sut» verbone créât natura paratqoe?
Quom praenertim aliete eidem in regione locoque
Longe iissisnilcis anirnus res cogitet omneis?
Qnid porro, in numeruro procédera quom simulacre 790
Cernîmiis in soumis, et moMa membra movere;
Mollia mobititer quom altérait braehia mittunt,
Et répétant ocalis gestum pede convenieoti ?
Scilicel arte madent simulacre y et docta vaganturf
Nocturne facere wtpossint in tempore ludos? 7SS
an magis illud enl ?erum y quia tempore in uno9
Consentirons id, ut quom toi emittitur una,
Tempora multa latent»ratio quae comperit esse?
Propterca fit, jti quo?is in tempore quœqtie
Praesto siiit simulacra locos in quosque parata : 800
Tanta est mobilitas, et rerum copia lanla :
Hoc» ubi prima périt, alioque est altéra nata
liide statu, prior liic gestiim mutasse videtur.
El, quia tenniasont, nlsi quae contendit, acute
Cernerenon potisestanimtis; proinde omniat quae sont
Praeterea, pereant9 niai quae ei sese îpse paravlt 806
Ipse parât sese porro , spcralque futuram,
Ut ?iiett quod eonsequitur, rem qnamque : fit ergo.
Ne vois-tn pas que nos yeux même, quand
ils envisagent un corps délié, se préparent et se
fixent? autrement, la vue ne saurait être perçante.
Et encore remarques-tu que, faute de
tourner leur attention sur mille choses apparentes
, nos intelligences les voient dans un éternel
et profond éloignement. Émerveille-toi donc
ensuite, si toutes les images nous échappent,
hormis celles dont la pensée nous absorbe!
Souvent alors nous agrandissons démesurément
les formes» et nous courons de nous-mêmes au
piège des illusions.
Souvent aussi les images qui se renouvellent
ont changé de seie : nous avions une femme
dans les bras, et tout à coup nous y apercevons
un homme 1 Leur igure 9 leur âge subit encore
mille vicissitudes, que le sommeil et le défaut
de mémoire travaillent à rendre moins étranges*
Il est ici un système vicieux et faux 9 que tu
dois éviter avec horreur et fuir avec effroi.
Oui, garde-toi de croire que le lambeau des
yeux étincelle tout exprès pour la vue; que le
pied sert de fondement à la colonne flexible ém
jambes, ain que nos pas allongés dévorent la
route; que les bras, vigoureux assemblage de
muscles 9 et les mains , ces deux ministres du
corps, furent destinés à satisfaire tous les besoins
de la vie.
Toutes ces fausses interprétations de la Nature
bouleversent la raison. Le corps ne renferme
point un seul organe qui naisse pour nous ser-
Nonne vides 9 oculoseiam, quom, tenuïaquœsunt,
Cernere cœperunt f contendere se atqtie parare ; 810
Nec sine m ieri posse, ut œrmmm acute f
It tamen in rébus quoque apertis noscere possis 9
Si non advortas aniinum 9 proinde esse, quasi omni
Tempore semotum Aierit longeque remotum.
Quurigitur miram est, animus si cetera perdit 9
81S
Praeter quam quibus est in rébus deditusipse?*
Bëmlêf auopinamur de signis maxuma part Is,
Ac nos in fraudera induimos frustraminis ipsei.
Fit quoque f ut interdum non suppeditetur imago
Ejusdem generis ; sed femina 9 qus fuit ante 810
In manibus, vir uti fadus videatur idesse ;
Aut alia %% alla faciès aetasque sequatur :
Quod ne miremur9 sopor atqtie oblivia curant.
Illud in bis rébus vitium vehementer inesse
Ifïugere,- errorem vitareque pnemetuenter, 825
Lumina ne facias oculoram clara creata 9
Prospicere ut possimus; et, ut proferre fiai
Proceros passus 9 ideo fastigia posse
Surarum ac fetninum , pedibus fundata » plicari :
Braclik tuai prro y validis m apta laeertis, Hi
Esse manusque datas , utraqoe a parla mînistras ,
Ut facere ad vïtaro possemus quae foret usus.
Cetera de génère hoc 9 kter quœquomque pretântur»
ûrania pervorsa prapostera sunt ratione :
Niiideoquoniamnatumestin€oiforefututi ^ ,§3*