auteurs latins - Notes du mont Royal

tous les vides du corps f qui ébranlent la iue
matière des âmesf et qui provoquent leur sensibilité.
Aussi voyons-nous apparaître "des centaures,
et des formes de scylles, et des gueules de cerbères
f et les fantômes des morts qui oit leurs ossements
sous la terre. Ces apparitions tiennent
aux images partout répandues, et dont les unes
naissent spontanément au milieu des airs 9 dopt
les antres échappent à tous les assemblages, ou
qui sont un effet bizarre de ces espèces réunies.
Car il est impossible que les images de centaures
soient faites de matière vivante, puisque la
matière ne créa jamais un tel monstre; mais
quand une forme de cheval rencontre par hasard
la forme des hommes, elles se joignent sans
peine f comme nous avons dit plus haut , à cause
de leur fine nature, de leur tissu imperceptible.
Toutes les apparences du même genre naissent
de la même façon; et comme tu as vu que ces
images déliées sont aussi mobiles que légères,
un seul de leurs coups ébranle facilement nos
intelligences, qui ont elles-mêmes une légèreté et
une finesse merveilleuses.
Ce fait que Je rapporte, veux-tu en apprécier
la justesse? Écoute, Si nous apercevons les mêmes
choses a\ec l'esprit et Pœil, Il faut bien que
tous deux soient affectés de même. Or, tu sais que
ies lions, par exemple, ne m'apparaissent qu'à
Faide d'images qui vont assaillir mes yeui ; tu
le vois donc, mon intelligence sera également frappée
de ces apparences de lion9 ou de tout autre
corps | qui sont aussi nettes pour elle que pour
Corporis haec qimmmm pénétrant per rara, deitque
Tonnera anitni natorarointits, mmumque lacessitnt.
Centaures itaque et Scyllarum membra ?iiemus,
Cerbereasque caution fanceis » simulacraque eorum, 735
Quorum morte obita telliis amplectitiir ossa :
Ouine geous, quoiiani passim simulacra feruntur,
Partim sponte sua qnœfiunt aère in ipso,
Partira quae Tariis ab rébus quomquc recédant»
El quae eonficiunt ex honim facla figtiris. 740
Nam cerle m TîVO Centaori non it Imago ;
Huila fait quoniamfalis nalura animai :
Veram nbi equi alque hominis casu convenit imago ,
tferescit facile extemplo, quod diximus anle 9
Propter snbtilem naturam et tenuia texta. 745
Calera de génère hoc eadem ratione creaiitur :
Qrae qooru mobiliter somma levltate ferunlur,
Ut prias osteodi, facile uno comraovet ictu
Quxibei sua animum nobis subtîfis imago :
Tenu» enfan mens est et mire mobilis ipsa. 750
Bacc ieri f ut roemoro» facile liinc cognoscere possis ;
Qaateaos hoc simîle est illi, quod mente vîdemiis,
âtqueocnliSi simili ieri ratione necesseest.
Hone iglter» docui quoniam me forte leonom
CerMrepersimulacra9or4iIosqu2Bqoomqiielaoa8Stiiit'; 755
Sein Ucetp menton simili ratione mo?eri
DE LA NATURE DES CHOSES, LIV. IV.
les yeux; seulement f elle reçoit de plus fines
images.
De même, quand le sommeil s'est répiududaas
nos membres, les intelligences ne veillent encore
que pour essuyer ces mêmes fantômes, qui assiègent
nos ireilles : au point que nous croyons être
sûrs devoir un homme qui a échangé la vie pour
la mort, et qui appartient à la terre. La Nature
nous impose ces illusions, parce que tous les sens
dorment engourdis au fond des membres, et ne
peuvent combattre le mensonge par la vérité*
En outre, la mémoire languit abattue par le
sommeil, et ne dément pas nos âmes, lorsque
cette proie de la mort et de la tombe leur apparaît
encore vivante.
Au reste» ne sois point émerveillé devoir que
les images se meuvent, et agitent avec harmonie
leurs bras et le reste des membres ; car le
sommeil nous offre de ces formes mobiles. Voici
comment. Les images, tour à tour évanouies et
remplacées par de nouvelles formes aux attitudes
nouvelles, semblent avoir changé de gestes.
Oui, leur succession doit être fort rapide : tant
leurs pieds sont agiles, leurs sources abondantes,
et tant la moindre durée sensible voit jaillir de
ces parcelles, qui alimentent leur fugitif assemblage
!
Il faut encore résoudre mille questions, éclaircîr
mille points, si on veut expliquer nettement
les choses.
On demande, surtout, pourquoi nos esprits
forment tout à coup les idées que nos caprices
leur imposent. On demande si les images, escla-
Per simulacre leoniim, cetera f qua» videt aeqiie,
Mec minus 9 alque oculei : nisi quoil mage tenuia cerniL
Nec ratione alïa, qnom somnus membra profudit f
Mens animi vlgîlal f nisi qua simulacra lacessunt 760
Hœc eadem noslros anlmos, qnie, quora vigilamos ;
Usqne adeo» cerle ut videamur cernere cura, quem,
Beddita vita, Jam mors et terra potita est.
Hoc ideo fieri cogit Nalura, quod omnes
Corporis olTcctel sensus per membra qiitescunt, 76$
Née possunt falsum ?erls convînecre rébus.
Praeterea, meminisse Jacet, languctque sopore;
Nec dissentit» eum mortîs letique polilum
Jam prîdem f quem mens vivum se cernere crédit
Quod superest, non est miram 9 simulacra mo?erî, 770
Brachîaque în numerutn jaclare et cetera membra :
Nam fit» ut in somnis facere lioe Tideator imago.
Hoc, ubi prima périt, alioqne est altéra nata
Inde statu , prior hic gestum mutasse videtnr.
Scilicet id fieri céleri ratione putaridura est : 77S
Tan ta est mobilitas 9 et rerum copia tanla f
Tantaque sensiblli qiiofisest tempore in «no
Copia particularum, ut possit suppeditare.
Multaque in lils rébus quœruotur, multaque nobis
Clarandum est, plane si res exponere a?émus. 7M
Quseritur in prlniis, quart, quod quoique libido
7»