auteurs latins - Notes du mont Royal

ÎS
LUC1ECE.
tomme les formes élémentaires; et voilà pur- ,
quoi, ai sein des airs, le miel attire de si loin
les abeilles, et un cadavre les vautours ; pourquoi
tes cWens1 une fois leur nez subtil au vent,
nous guident sur la trace des bêtes au pied fourchu;
pourquoi enfin les prdiennes du Capitale,
les oies au blane plumage, éventent la pste
lointaine des hommes.
Ainsi tel odorat, donné à tel être, le conduit
vers sa nourriture propre, le rejette loin du
noir poison ; et cet instinct conserve toutes les
espèces vivantes.
Quant aux odeurs mêmes qui vont assaillir les
narines, il se peut que les unes aient un essor
plus vaste que les autres ; mais aucune ne court
aussi loin que le son, que la parole, ni surtout
(ai-je besoin de le dire?) que les images qui frappent
les yeux et provoquent la vue. Car elles
marchent errantes et lourdes ; et encore loin du
but elles expirent peu à peu, éparpillées sur la
molle vague des airs. Pourquoi! D'abord, elles
s 9 arrachent péniblement aux entrailles des êtres.
Car les odeurs ne débordent, ne fuient point
à la cime: toutes les substances le prouvent,
alors que rompues» que broyées, que minées par
le feu, elles jettent de plus fortes exhalaisons.
Ensuite, tu peux voir que leurs atomes sont
moins fins que ceux de la parole; car elles sont
exclues des murailles, que percent aisément la
voix et le son. De là vient qiie le corps odorant
lui-même nous offre moins de facilité pour découvrir
son asile : ses impressions se glacent, à
force de traîner dans les airs, et ne volent point
Yolturieique cada?tribus : tura issa feraram
Uogtila qoo tulcrit gressum , permissa casiim vis
Ducit ; et humanum longe prsesentil odorem ,
Momulldartim arcis serfator, candidns anser. 685
Sic alieis aliiis nidor datos ad sua quemque
Fabula ducit f et a tetro resilire Teneno
Cogit ; coque modo ser?ailur seela feranim.
Hic odor îpse igiiur9 nareis qiïlqtioiiique lacessli,
Est alio lit possit permitti longpus aller : §90
Sed tamen haud quisquaoi tam longe fer far eorum f
Quam sonltus, quam TOX ; mittojam diceref quam res9
Qtm ferlant ocuiorum actes, Tisumque lacessunt ;
•Errabtmdus enim tarde venit t ac périt taie
Paallalim, faciles distractus in aeris auras. §95
Ex alto primum quia TîX emittitur ex re ;
•Ham penitits fltiere atque recédera rébus adores
'Significat, quod fracta magis redolere videntur
Omnia, quod cootrita 9 quod ignl collabefacta.
Deînde f fidere licet majorîbus esse creatum 700
Principiis, quam TOX; qiianiam per saiea saepta
: Non pénétrât, qua mx vulgo soiitusque feruntur.
IJuare etlarii quod olet9 non tam facile esse tîdebis
lotestigare» in qua sît reglone locatum :
Befrigescit erJm eotietando plaga per auras ; 705
Mm faida ad seosuni decurrant 9 iirntia rerara.
au sens avec de nouvelles toutes ebauies. aussi
les chiens, souvent égarés, vont-ils quêtant à la
piste.
' Bu reste, cela ne se voit que dans les parfums
ou dans le monde des saveurs. Toutes les couleurs
ont-elles un rapport si harmonieux avec
tous les organes, que les unes ne soient plus douloureuses
à voir que les autres?
Bien plusf dès que le coq, chassant la nuit au
battement de ses ailes» appelle le jour de sa voix
éclatante, les lions agiles sont incapables de lui
tenir tête f de le regarder en face : tant ils songent
alors à la fuite I Oui, prce que la substance
du coq renferme certains atomes qui, une fois
dardés à Fœil des lions, percent les fibres, et y
causent une douleur assez vive pur abattre ces
fiers courages. Et pourtant les mêmes atomes
ne blessent^aucun homme : soit que nos jeux
les repoussent, ou que, trouvant à leur entrée
même des issues libres, ils ne puissent endommager
far un long séjour aucune partie des
organes.
Poursuis, et vois maintenant la nature des impressions
, la source des idéei^qui arrivent aux
intelligences : quelques mots suffisent.
J'affirme d'abord que toute sorte d'images
errent à milliers de mille façons, et de toutes
parts, en tous sens : images si déliées, que leur
rencontre dans les airs suffit pour les attacher
ensemble, comme les feuilles d'or, ou les fils
d'araignée. Car les formes qui envahissent les
yeux, qui harcèlent la vue, sont bien moins
délicates que leur tissu, à elles, qui entrent par
Errant saepe canes flaque, et westigk qnœrtmt.
Nec tamen hoc solis in odoribus atque saporom
In génère est : sed item speries rertim atque colores
Non ita con?eniunt ad sensus omnibus omnes 9
71 i
Ut non sint alieis qiia3dam magis acrïa ?isn.
Quin eliam plluray noctem eiplodentibus ails»
Auroram ciara consuetum voce Tocare,
Nenu queunt rapidei contra constareleones,
lnque tueri : ita continuo meminere fagat 71 i
Nimirum, quia saal gaiiorum in corpore quasdam
Semîfîa 9 qtue, qtiom siint oculeis immissa leonum f
Pupittas interfodinDt, acremque dolorem
Prœbent, ut lequeant contra durare frroces ;
Quom tamen hœc nostras actes lil laedere possint : 72§
Aul quia non pénétrant, autquod peueioallbos ollels
Eiiias ex oculis liber datury in remorando
Liederc ne possint et uila lumina parte.
Nune âge » quae moveant animnm res f acclpe ; et onde f
Quœ ? eniunt f Tentant in mentem, percipe paucls. 725
Principio Iioc dicof rerum simulacre fagarl
Multa modls multis in cunctas andiqoe partais
f ennia ; quae facile inler se juuguntur In anris »
Obtia quom Tentant ; ut aranea bricteaque auri.
Quipp etenim malto magis haec sont tenuia texte, 73#
Quam qme preipiunt oenlot, TisoinqDe taotsiiint ;