auteurs latins - Notes du mont Royal

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des montagnes, et qu'une voix retentissante
appelle leur troupe dîsprsée. J f ai entendu même
six ou sept paroles rejaillir d'un endroit à qui on
en jetait une seule : tant elles se multipliaient à
bondir de collines en collines I
Les peuples voisins de ces lieux y# font habiter
les satyres et les nymphes. Ils parlent aussi
de faunes ; et tous affirment que leurs bruissements
nocturnes f leurs ébats folâtres troublent
le morne silence des bois* Et des cordes harmonieuses
y résonnent, avec ces douces plaintes
que répand la flûte sous le doigt du chanteur, et
les enfants des campagnes sont avertis au loin,
lorsque Pan secoue la couronne de pin, rempart
de son front qui tient à moitié des bêtes f et que
sa lèvre recourbée, volant sur des pipeaux ouverts
f épanche les intarissables accords de sa
muse champêtre. Que de prodiges, à les entendre!
Craignant de paraître relégués dans une
solitude que les dieux mêmes abandonnent, ils
forgent de merveilleuses histoires; ou bien un
autre motif les guide : car les oreilles des hommes
ne sont que trop avides de fables.
Au reste f ne sois pas étonné si de tel endroit
qui arrête la vue, qui nous dérobe les corps visibles,
il nous arrive des sons assez éclatants pour
fatiguer nos oreilles. Nous apercevons bien des
hommes qui causent à travers les portes fermées.
Oui, parce que la voix franchit sans blessure des
issues tortueuses ; mais les images s f y refusent.
Elles se déchirent, à moins de couler tout droit,
LUC1ÈCE.
Saxa pares formas verborum ex ordine reddant »
Palanteis comités quom montels loter opacos
Quacrimus, et magna dlspersos voce ciemns.
Sex etiam, aat septem f loca ?idi reddere voees f
UûâiB quom jaceres : ita colles collibus ipsei 580
Verba repuisantes iterabant dicta referri.
llaec loca capripedes Satyros Mympbasque tenere
Finitumei fingunt, et Pannes esse loquuntur,
Quorum nœtifago strepitufludoquejocântif
Aflirroanl volgo taciturna silentia rumpi ; 585
Chordarumque sonus leri dulceïsqiie querelas,
Tibia quas fundit digitis pulsatacanenlum :
Elgenus agricolumlaie senliscere, quom Pan,
Pinça semiferî eapttlsvallaminaquassaeâ,
Uiico sœpe labro ealamos percurrit bianteis, 590
Fistula sylvestrem ne cesset funderc musam.
Cetera de génère hoc raonstra ac portenta loquiinlur,
Ne loca f déserta ab Difisqiioque, forte putentur
Sula tencre; ideo jactant iniracula dictis :
Aut aliqua ratione alia ducuntur; ut omne 595
Htimanum genus est avîdum nimis auricularum.
Quod superest, non est mirandum, qua ratione
Per loca qua nequeuntoculei res cernere apertas,
Haec loca per voces veniant, aureisque lacessant :
Colloquium clusls foribus quoque sa*pe videmus : 600
Nimîruro, quia ?ox per fie ta foramina renitu
Incoluniis transire potest, siinulacra rcmilattl ;
comme dans les près du verre que fend le vol
des moindres apparences.
En outre, la voix se distribue de tous côtés,
prceque le son engendre le son. Aussitôt qu 9 il
éclate, il se multiplie, comme l'étincelle de feu
va s'éparpiller en mille étincelles. Aussi la voix
remplît-elle tout aux alentours, même les enfoncements
cachés, que son éclat ébranle. Ai contraire
les images, à peine dardées, volent en
droite ligne. Voilà pourquoi l'œil est incapable
de franchir les barrières, tandis que le son extérieur
nous arrive. Encore la voix, émoussée quand
elle perce les murs, est-elle confuse quand elle
gagne nos oreilles; et on voit que le retentissement
nous frappe plus que les mots eux-mêmes.
Les instruments du goût, le palais et la langue,
sont d'un mécanisme plus compliqué et
d'une explication plus rude.
D'abord, nous sentons un goût dans la bouche
lorsque nos dents expriment le suc de la
nourriture, comme une main qui presse et dessèche
une éponge imbibée d'eau. Les matières
exprimées circulent ensuite dans les interstices
du palais, dans les voies tortueuses et les mille
pores de la langue. Alors, pour peu que les sucs
flottants aient des germes lisses, leurs douces atteintes
caressent mollement toutes les fibres sous
les voûtes humides et ruisselantes de la bouche.
Les autres, au contraire, piquent et déchirent les
organes où ils jaillissent, suivant la mesure de
leur aspérité.
Perscindunlur enim f nisi recta foramina tranant :
Qualia sunl vitri , species quae transvolat omais»
Prœterea, parteis in cunctas diftditur ¥oi f
êoS
Ex aliis aUœ quoniam gîgnuntur; ubi nam
Uissiluit semel in rnultas, exorta quasi ignis
Saepe solet scintilla suos se spargere in igneis :
Ergo replentur loca vocîbus 9 abdita rétro
Omnia quae circum fuerunt, sonituque cientur. 61§
Ât simulacra vis de reetis omnia tendunt9
Ut sunt missa semel : quapropter cernere nemo
Sœpta supra potis est, at ¥œes accipere extra.
Et lames ipsa quoque hœc, dum transit clusa viarumt
Vox obtunditur, atque aureis confusa pénétrât ; 615
Et sonitum polios f quam ?erbaf audlre videmur.
Hoc 9 qui sentimus sac OUï 9 lingot atque palaturo
Plusculum babent in se rationis 9 plus opersrqtie.
Principio, sucum sentimus in ore, cibom quom
Bîandundo exprimimus : ceu plenani spongiam aquai 630
Si quis forte manu premere ac siccare cœpit.
Inde, quod exprimimus, per caulas omne palali
Diditur, et rara per pleia foramina lingiiœ.
Hoc, ubi tefîa sunt manantis corpora suci »
Suaviter attîngunt, et sua?iter omnia tractant f
If umida Imgaal circum sudantk templa ;
Al contra pungunt sensum lacerantque coorta»
Quanto quaeque inagis sunt asperilate repteta.
Deindc, voluptas est t sic© fine palat! *•
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