auteurs latins - Notes du mont Royal

antres sens eiercent chacun leur sensibilité propre
Y nous avons déblayé la route.
D'abord le son et la voix se font entendre
dès que leur corp se glisse dans nos oreilles, et
va heurter le sens : car il faut bien admettre la
nature corporelle de la voix et du son 9 eux qui
ébranlent nos organes. Aussi écorchent-ils souvent
le gosier, et la feite*du cri irrite-t-elle les
artères. Voici pourquoi. Lorsque les germes de la
voix, déchaînés trop abondamment pour des issues
étroites, se mettent à fuir, ils comblent les
embouchures de la gorge, qui deviennent rauques
f et endommagent les voies par où ils gagnent
les airs. Or, pour nous blesser, il est
incontestable que le son et la proie veulent être
des essences corporelles.
Et puis tu sais que de matière nous Atent, et
que de nerfs, que de vigueur usent les conversations
soutenues, allongées, depuis les feux naissants
de l'aurore jusqu'aux ombres de la nuit
obscure : surtout quand les cris accompagnent
ce fox de paroles. Ainsi la voix forme nécessairement
un corps, puisque de longs discours
appauvrissent notre substance.
Les oreilles ne reçoivent pas des atomes de
même forme, quand gronde le sourd éclat des
trompettes mugissantes, ou la conque recourbée
des barbares; où sçrpentent de rauques bourdonnements;
et lorsque, dans les vallées de rHélicon,
un cygne tourmenté par la mort roule le
lot plaintif de sa voix mélancolique?
Les sons arrachés de notre corps f et que nous
SenUit, haud quaquam ratio scraposarelictaest.
Princfpiô 9 audîtor soties et von omnis, in aureis
lisûwata suo peptilere ubi corpore sensum.
Gorpoream quoque enim vocem eonstare fatendum est ,
Il aonitniii; quoniam possuni impellere sensus*
Prepterea radil fox fauceis saep; facitque
Asperiora foras gradient arteria clamor.
Qoippe per angustum, lurba mAjore^coorta,
Ire forts ubi coopèrent primordia f ocum
Stilket, expletis quoquejanua redtlilur oris
lança f lis ; et ïter bedit qua ?ox il in auras.
Haud igiliir dubium, quin voces verbaqu« constant
Corporels e prineiplls» ut federe possint.
Nec te falÛt item 9 quid corporis anferat, et quid
Detrahat et bomiouin nerflsac ?iribus ipsis
Perpétuas sermo, nigrai nocUs ad utnfaram
Airoraeperduetus ab «oriente nitore;
Pneseftiai, si cum surnino est claroore profosus.
Erp eorpoream TOcem constate necesse est »
Holta toquées quoniam amlttit de corpore partem.
Née simili pénétrant aureis primordia forma»
qmm y^ depresso graviter stibmurmure mugît,
Et retocat raueum rétro cita bàrbara bombum ;
VaHibus et eycnei f nece tortei » ex Helieonis
Ho» liquidai» tollunt lugubri vocequerelam.
iasce fgitur penitus toces, quom corpore nostro
DE LA NATU1E DES CHOSES, LIV. IV.
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envoyons par la bouche, notre languet mobile
ouvrière de la parole, les articule, et l'inflexion
des lèvres concourt à les façonner. La rudesse
de la voix tient à la rudesse de ses éléments, et
sa douceur est engendrée par les plus doux atomes.
Si un court espace sépare le berceau de la voix
du lieu où elle vole, les paroles elles-mêmes
doivent être claires, et les articulations distinctes;
car la voix garde ses inflexions, elle giirde
sa forme. Mais si elle parcourt un trop long intervalle,
l'abondance de Pair confond nécessairement
les mots, ej bouleverse la voix qui le'fend de son
ailel II en résulte que tu peux entendre le bruit,
et non distinguer le sens des paroles : tant le son
arrive confus et embarrassé!
En outre, souvent un mot, échappé du héraut,
frappe les oreilles de tout un peuple. Une
seule voix est donc éparpillée tout à coup en
mille voix, puisqu 9 elle se distribue à mille organes,
et y imprime des mots aux formes nettes, au
retentissement distinct. Une partie de ces voix,
qui ne rencontrent pas les oreilles mêmes, passent
et eipirent sans fruit, disséminées au vent.
D'autres» heurtant une masse solide, pierres
rebondissantes, envoient un son qui nous abuse;
car il n'est que limage d'une parole.
Une fois éclairé sur ce point, ami, tu peux te
rendre compte, tu peux expliquerait! autres pourquoi,
dans les solitudes, les pierres renvoient
eiactement et la forme et Pordre des mots, lorsqu'on
cherche ses compagnons égarés sous l'ombre
Kxprimimos, reetoque foras emittimasore, 550
Mobiiis articulât verborum daedala linguaf
Formaturamque labrorum pro parte figurât.
Asperitas autem vocis fit ab asperitale
Prineipiorani, et item ïmwor bevore creatur. 554
Hoc, ubi non longum spalltiinest, utide una profecta
Perveslal vox quaeque » necesse est verba quoque ipsa
Plane exaudiri 9 discernique articulatira :
Serrât enfin formaturam f serf atque figurant.
At si interpositum spatium sit longius aqoo 9
Aéra per muitum confond i werba necesse estf
îi
5ê§
Et eonturbari vocem, dum transvolatauras.
Ergo fit, sonitnm ut possis senlire f neque ollam
Internoscere» ¥erboram sentenlia qnœ sit t
Usque adeo eonfosa ?enit ?ox inque pedita.
Pmeterea f verbum saepe unum perciet aureis 5ê§
Omnibus in populo f missum prœconls ab orc.
la muitas igitur voces vox uoa repente
Diffugit , in prif as quoniam se dividit aureis f
Obsignans formam verhisclaruroque sonorem.
At , qu« pars vocum non aureis incidit ipsas 9
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Praetertata périt frustra, diffusa pr auras :
Pars solideis allisa, lapis rejecta» sonorem
Reddit, et interdum frastratur imagine ?erbi.
Quœ» bone! qtiom videas, rationem reddere possff
Tute tibi alque alieis, quo pacto per loca sola 5?5
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