auteurs latins - Notes du mont Royal

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LUCiÈCE
rien ne forme ce que nous avons coutume de
nommer ombre f sinon un air privé de jour. Ouï,
ta lumière du soleil abandonne tour à tour cha*
que point du sol, où notre marche lui fait obstacle;
puis, elle revient emplir la place que nous
avonsquittée. Voilà comment il se fait que les mêmes
ombres paraissent errer toujours à la suite du
corps. En effet, puisque les rayons étincelants ne
cessent de se répandre f pour se dissiper ensuite f
semblables à une laine dévidée dans le feu, il
est naturel que la terre soit aussitôt vide que
pleine de ce Ilot lumineux, qui balaye les sombres
nuages.
Et pourtant je suis loin de reconnaître que les
yeux se trompent. Il ne leur appartient que de
voir où sont les lumières, les ombres. Mais ces
lumières sont-elles toujours les mêmes, ou non?
Ces ombres passent-elles d'un lieu à un autre?
sont-elles plutôt ce que'nous avons dit? Il faut
que ton intelligence, que ta raison en décide.
Les yeux ne peuvent approfondir la nature des
choses : ainsi, ne va pas leur imputer la faute
du jugement.
Le vaisseau qui nous entraîne dans sa course
paraît immobile ; tandis que ceux qui demeurent
à la rade» nous croyons les voir passer, et
voir fuir à la poupe les collines, les plaines que
rase notre vaisseau, emporté sur les ailes de ses
voiles.
11 semble que tous les astres dorment attachés
à la voûte des airs, et tous obéissent à un mouvement
perpétoel : car ils se lèvent, et ils gagnent
un coucher lointain f après que leur globe
Indiigredt » motus bominum gestumque scquentcm :
Bfam nihil esse polest aliud, nîsî lumlûe cassus
Aer» id, quod nos umbram perliibere suemus. 370
Nimirom, quia terra locis ei ordiiie certis
Lumine privatur solis, quaquomqiia meantes
Officimus : repletur item, quod liquimusejus.
Propterea fit, uti videatur, qoae fuitumbra
Corporis» e regione eadem nos usque séquoia : 376
% Seraper en Ira nova se rariiorum lutnlna fundunt f
Primaque dispereunt, quasi in ignem lana traliatur.
Propterea faclte et spoliatar lumine terra t
Et repletur item, nigrasqoe sibi abluit umbras.
Nectamen hic oculos falli concedimus liilnm : 380
Nara, quoquomque loco sit lux atque umbra, lueri
Olloroui est : eadem vero sint lumina; necne,
Umbraque, quie fuit hic, eadem nom traiiseat illuc;
An pilas liai, paullo quod diiimus aille;
Hoc animi demum ratio discernera débet, 385
Nec possunt ocuteî naturam noscere rernm
Proinde» animi vitium hococalisadngere nolL
Qua vehirnur navif fertur,;quom stare ?idetur|
Quœ manet in statione, ea prœter crediinr ire :
Et fugere ad puppim colles, caropeique videntctr, 390
Quos agimus praeter navem, velisque volamu».
Sidéra eessare, iBtheriis allia cavernis,
resplendissant a mesuré les cieux. Le soleil et la
lune partagent aussi leur immobilité apparente,
quoique les faits eux-mêmes en attestent k
marche.
Entre ces montagnes qui apparaissent au loin9
jaillissant des gouffres humides, une lotte s'ouvrirait
un libre passage : et pourtant leurs cimes
enchaînées n'offrent à l'oeil qu'une lie immense.
Les enfants voient tourbillonner les salles et
bondir les colonnes, quand ils cessent de tourner
sur eux-mêmes : illusion si forte, qu'ils ont
peine à croire que tout l'édifice ne les mentes
pas d'un écroulement.
Sitôt que la nature se met à faire jaillir la
pourpre de ses feux tremblants, et la dresse sur
les montagnes ; ces montagnes, on dirait que le
soleil les couronne f les touche, les brûle luimême
de son lambeau : elles dont nous éloignent
à peine deux mille jets d'arc, souvent
même cinq cents courses de javelots! Mais, entre
le soleil et elles, de vastes océans se déploient
sous les vastes campagnes des airs, et il y a un
intervalle de mille régions, que mille peuples occupent
avec mille races de bêtes sauvages.
Un amas d'eau, profond d f un seul pouce, vientil
à séjourner entre les pavés de nos rues? il laisse
nos yeux se précipiter dans le sol, avec un essor
aussi vaste que les gouffres du ciel ouverts sur
nos têtes ; et il nous offre, sous la terre, le merveilleux
spectacle des nuages, du firmament, et
du corps que ses profondeurs recèlent.
Passes-tu un ieuve? arrête la fougue de ton
Cuncta ? Mentit r; et assiduo sont omnia motu ;
Quandoquidem longos obitus exorta rcvisunt,
Quom permensa stio sunt cœlum corpore claro : 3SS
Solque pari ratlone mapere et lona Yidetur
le stalione; eaf qtiae ferri resiudicat ipsa.
Eistanlesqiie preeul medîode giirgite moulest
Classibus inter quos liber palet exittis; luge us
Insula conjyociis tamen ex Iiis on a Yidetur. 400
Àtria vorsarl, et circunicursare columnœ,
Usque adeo fît uti puerais vidcantur, ubi ipsei
Desieruiit vorti, vix ut jam credere possinl,
Non supra sese ruere omnia tecta minari.
Jamque rubrum tremulis jubar ignibus erigcre alte 405
Quom cCsptat natura , supraque eitollere mouteis
Quos libi tum supra sol monteis esse videtiir,
Comminus ipse suo contingens fervidus igni f
Vix absunt nobis missus bis mile sagittae ;
Vix etiam cursus qtiingentos sœpe vcruti. 4 to
Inter eos solemque jacent îmmania ponti
iEquora, substrata œtberieis ingentibus oreis :
Interjectaque sunt terrartim milia mnlta »
Quae variae retineit gentes et secla f eranim.
At conjectus aquae, digitum non altior unum, 41S
Qui lapides inter ststit, per strata fiarum »
Despectuiu pnebet sub terras impcle tanlo,