auteurs latins - Notes du mont Royal

Bien plus, tout miroir à facettes recourbées
comme le flanc humain renvoie sais intervertir
; soit que les images, promenées de facettes en
facettes» nous arrivent après une double conversion;
soit que» dans le trajet, elles roulent sur
elles-mêmes, instruites par la courbure du miroir
à nous tourner la face.
Les Images semblent aussi marcher avec nous f
suivre nos pasf imiter nos gestes. Yoici pourquoi.
Dès que tu abandonnes un coin du miroir,
aucune no put en rejaillir : la nature voulant
que toutes émanent et rebondissent à angles
égaux*
Ni» yeux redoutent et fuient la vie des corps
éclatants. Le soleil aveugle même ceux qui osent
le regarder en face : tant il a de force f tant les
Images que sa hauteur précipite violemment à
travers un ciel pur heurtent et bouleversent le
frêle tissu des yeuxl Et puis, souvent un vif
éclat brûle le regard, parce que mille germes de
feu y sont contenus, et blessent les yeux ou
ils pénètrent.
En outre, tout est jaune pour un homme tourmenté
de la bile, parce que son corps vomit une
fouie de piles atomes, qui rencontrent les images;
et aussi, parce que Pœil est mêlé de
ces germes dont le reiet contagieux imprime sa
pâleur à toutes choses. Dans les ténèbres f nous
apercevons ce que le jour éclaire : voici pourquoi.
Aux noirs brouillards de fair environnant
qui assiège, qui occupe d f abord les conduits
Beitera ea propter nobis simulacra remiUunt :
Ait quia de specylo in spéculum traesfertur imago» 315
Inde ad nos» elisa bis, ad volât; auteiiamquod
Creontagltor» qtiom venit imago : propterea quod
Flexa figura docct specult convorticr ad nos.
Iwfogredi porro pariter simulacra, pedemqae
Poiicre, nobiscum credas, gestumque imilari j 3*20
Propterea quia, de speculi quaparte recédas*,
Contimio nequeunt illbic simulacra re?orti :
Omnla quandoquidem cogitnatura referri,
Ac resilîre ab rébus» ad œqtios reddita flexus.
Splendida porro oculei fugitant, vitantque toeri ; 325
Sol etkm oecat, contra si tendere pergas :
Propterea quia vis magna est ipsîusy et aile
Aéra per purum graviter simttlacra feruntur.
Et feriunt ocnlos» turbantia composituraa.
Pneterea splendor, quiqoomque est acer, adurii 330
S»pe oculos; ideo, quod semina pos^idet ignîs
Huila, dolorem oculis quae gignunt iosinuando.
Lurida prœterea fiunt, qu&qiiomque tucntur
Arqoatei ; quia lurorisde corpore eorum
Semina mutta fluunt » simulacris obvia remm ; 33S
Mullaqoe sunt ociilis in eorum denique inixta,
Qu* eontage sua palloribus timnia pingunt.
E tencbrîs autem » quae sont in luoe » tuemur§
Propterea quia, quom propior caliginis aer
Aler inlt ocoloi prioiv cl possedit apertos f
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DE LA NâTUEE DES C10SES, LIY. IV. fi
ouverts de l'œil, succède tout à coup une lumineuse
blancheur, un vent qui nettoie pour ainsi
dire les yeux, et dissipe les sombres vapeurs du
premier souffle ; car il est mille fois plus agile f
plus fin, plus énergique. Dès que sa lumière remplit
et ouvre les sentiers que bouche le vent obscur,
les images qui s'épanouissent étalées au
jour le suivent, et-harcèlent la vue. Du grand
jour au contraire, les yeux ne peuvent agir sur
les ténèbres, parce que le vent épais et sombre,
qui arrive le second, emplît les pores, obstrue
les voies, et arrête le mouvementées images que
sa nuit emprisonne.
Pourquoi les tours carrées des villes, que nous
examinons de loin, nous semblent-elles rondes!
Parce que, de loin, tous les angles se montrent
obtus ; ou, pour mieux dire, ne se voient pas.
Leur impression, leur coup expire, sans atteindre
le foyer de notre vue : car l'abondance di
l'air que traverse leur image les soumet à un
choc perpétuel qui les éroousse f les rend insensibles;
et alors ils nous apparaissent comme
des amas de pierres arrondies, moins distincts
pourtant que les véritables corps à forme ronde
que tu as sous les yeux, et dont ils ne présentent
que les vagues esquisses.
On dirait même que nos ombres bondissent
au soleil, et, attachées à nos traces, imitent nos
gestes : si on pouvait croire que du vent obscur
fût capable de suivre les pas et de reproduire
les mouvements, les attitudes des hommes. Car
Insequitur candens confestim luddusaer,
Qui quasi purgat eos , ac nigras discutit ambras
Aeris iillus : nam multls partibos liic est
Mobilior» multisqoe minutior» et mage pollens.
Qui sîmul atque vias oculortim luce replevit, 34#
Atque ptefecil, qtias anle obsederat alcr ;
Continuo remm simulacra adaperta sequuntiir»
Quœslta sunt in luce» lacessunlque, ut videamus.
Quod contra faccre in tenebris e luce nequimus ;
Propterea quia poslerior caliginis acr 35§
Crassior insequitur,qui cuncta foramina completf
Obsiditque vias oculorum 9 ne simulacra 9
Possînt ullarum rerum contecta moveri.
Qiiadratasque procul lurreïs quomcernimusurbîi,
Propterea it, uli videantur saepe rotundœ » 35S
Anplus obtnsus quia longe cernitur omnis ;
Sive etiam potïus non cernitur, ac périt ejus
Plaga, nec ad noslra acles perlabitur Ictus;
Aera per muittim quia d nm simulacre feruntury
Cogit bebescere eu m crebris ofTen&ibus aer. 3ê§
llocf ubi siiffiigît sensum simnl angulns omnis f
Fit, quasi ut ad tornum saiorum slructa tuantur :
Mon tamen, ut coram qua? sunt f vereque rotunda;
Sed quasi aditmbratïra paulluro simolata videnlur.
Umbra videtur item nobis in sole moveri 9
Et vestigit nostra sequif gestumque imitant
Aera si crédit, privatum lundi© 9 potM
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