auteurs latins - Notes du mont Royal

70 • LOCEÈCE.
prattre, quand les images qui nous frappent
ne sont point isolément visibles. Battus par un
vent qui se déchaîne peu à peu, inondés par un
froid aigu, avons-nous coutume de sentir tour à
tour les premiers atomes du froid ou du vent?
Non, ils agissent en masse : nous les voyons
heurter nos membres, comme si nous endurions
le choc de quelque matière sensible. Nos doigts,
quand ils rencontrent une pierre f ne touchent
que la surface» que la couleur, écoree fine : estce
donc la couleur qui les affecte! non, ils sentent
la dureté enfouie dans les entrailles de la
pierre.
Sache maintenant pourquoi les images se peignent
au delà du miroir; car, évidemment, elles
semblent fort reculées. Ouï, comme de véritables
corps nous apparaissent derrière nos portes, qui
laissent le champ ouvert au regard, et lui fontapercevoîr
mille choses éloignées du seuil. Deux airs,
deux courants prolongent ainsi la vue. Nos yeux
reçoivent d'abord le vent qui est en deçà des
portes, ensuite les portes elles-mêmes qui arrivent
de chaque côté, ensuite les atteintes du jour
extérieur, et un second air que suivent les objets
réels de cette vue lointaine. De môme, sitôt que
le miroir décoche son image pour atteindre nos
organes, elle bat et refoule les vents intermédiaires,
longue colonne qui se fait sentir avant elle.
Mais à peine le miroir nous frappe-t-il, que nos
propres images, déjà échappées, y arrivent, y
échouent; et, rejaillissant àpos yeux, elles précipitent,
elles roulent un autre tourbillon, et nous
le montrent avant de se faire voir elles-raênries.
Yoilà comment elles paraissent si écartées do
miroir. Je le répète donc, nos adversaires ne
peuvent crier merveillef de voirie rejaillissement
des images à la surface du miroir expliqué
par les deux airs; car ils assignent au même fait
la même cause.
Mais pourquoi le miroir représente-t-ïl à gau»
che le côté droit de nos membres? Parce que les
images, quand elles pgnent et heurtent la surface
polie, ne reculent pas sans altération. Elles
se retournent pour fuirf comme si on appuyait
sur un piller de bois un masque de terre qui ne
fût point encore sec, et que la face, demeurée
pure, quoique refoulée par le choc, vint se peindre
derrière : tu verrais aussitôt ce qui occupait
la droite passer à gauche, ce qui était à gauchi
envahir la droite. '
Souvent aussi les images, renvoyées de miroir
en miroir, offrent cinq on six fois la même ressemblance.
Toute reculée, tout enfouie que soit
une chose, fût-elle de travers, elle peut encore
jaillir de sa retraite profonde sons les rayonnements
obliques de plusieurs glaces, qui la font
apercevoir dans la salle : tant les Images étîncellent
de miroir en miroir! Celles qui émanent de
gauche rebondissent à droite; puis, elles m
tournent de nouveau, et reprennent le même sens.
Quur ea, qu» ferlant octilos simulacre, tideri
Penrenit, ac nostros oculos rejecta remit :
Singula quom neqtieant, res ipsœ perspiciantur.
Atque ilium prœ se propelleii aéra iolvit,
Ventus enim quoqiic paullatim quom verberat, et quom %êO El facit » ut priuihune9quam se, videamus: toque
Acre Huit Aigus, non primant quainque soleuius
Distare a speculo tactum semott videtur.
Particulam venti seolire* et frlgoris ejus»
Quare etiam atquç etiam minome mirarier est par 2if
Sed magis unrorsum : lierîque periude • idemua
Ollïsf quse reddunt speculorum en «pore flsiitii
Corpore tutn plagasin iiostro, tamquam alîquœ res Aeribus biais; quoniam tm confit ulraque.
Verberet, atque soi det sensum corporis extra. !IC5
Pracierea, lapidem digîto quom tiiadimtis, ipsttm
Tangimusextremum sa*i, summuniquecolorem:
Nec senlimws euro taeto $ verum magis ipsani
Durîtiem peniluê saxi sientimufi In alto.
. Hune âge, qnur ultra spéculum vIdeatur imago, 270
Percii>e; nam certe penitus remota videtur;
Quod genus olla f fori* quai vere transpiciuntur,
Janua quom per se transpectum pwebel aperium f
Huila facitque foriseï œdibuti iitvideanliir :
1s quoque enim duplici geminoqtie fit acre visus. 275
Primiis enim cilra postais coucernitur aer :
Inde fores ipsas ttextrà tevaque seqnuntur :
Post extraria lux ©eulos |ierliiiget, et aer
Aller, et olla » loris qu» f ère traiwpiciuntiir.
Sic f ubi se primuin speculi prujecit imago , 280
Dura ?enit ad nostras actesf procudit agitque
Aéra f qui inter se quomqtie est oculosque locatus :
Et fatit» ut prius banc omnem seirtire queamns, ppuin,
Quam spéculum : sed, ubi in spéculum quoque sensimus
Continue a nobis in euin » quai fertur, imago 2S&
Mime ea, quae nobis membrorum dextera fais est»
In speetilis fit, uti lœ?a fideator» m quod
Planiliem ad speculi veniens quom offendil imago f im
Non contorlitur incolumis; sed recta retrorsum
Sic elidilur, ut si quis , prius arida quam sîl
Crelea persona, allidal piii»?e trabife :
Atque ea continu® 9 rectam si Croate figurait!
Servet, et élisant rétro sese eiprimat ipsa, 300
Fiet ut, ante octilos fuerit qui deiter, hic Idem
HUDC sit te?us, et a te?o sit mutua débiter.
Fit quoque, de speculo in spéculum ut tradatur imago :
Quinque, etiam set f otfieri simulacra suerint.
Nam quaequoraque rétro t parte interiore » latebit, 305
Inde tamen, quanifis forte penitusqoe remola,
Omnia, per ieios adJtus eductaf licebtt
Pluribus base speculîtiideantur in œdibus esse ;
Usqueadeo e speculo îa speeiilin translucel imago ;
Et, quom teva data est f It rursumut deitera fiât : 310
Inde rétro ruraum redit et oooTortit codera,
Quin etiam» quaeqiioroque ktuscula sunt spectilortin
âssimiii lateris ileiura praedita nottri;