auteurs latins - Notes du mont Royal

êm dam toute retendue, envahir la terre, les ondes,
et baigner les hauteurs du ciel : tant leur
essor est prompt, et leur aile légère! Mais alors
ceux qui occupent la cime, prêts au départ, une
fois livrés à un élan que nul obstacle ne retarde,
combien ne doivent-Us pas aller plus vite, plus
loin, et franchir un espace plus vaste, dans cet
intervalle que met un rayon de soleil à dévorer
les cieux!
Voici un exemple plus frappant encore de
cette rapidité qui entraîne les images. Dès que
tu exposes le cristal des eaux à la face riante
des nuits étoilées, aussitôt les astres, lambeaux
étiacelants du globe, répondent au miroir. Voisin
dès lors avec quelle promptitude leur image
tombe des régions célestes aux régions de la
terre î Je le répète donc, ces merveilles nous obligent
à reconnaître des émanations qui frappent,
qui harcèlent les yeux, et qui sont un écoulement
perpétuel des mêmes assemblages. Le froid
émane des eaux courantes; la chaleur, du soleil ;
etdu bouillonnement des vagues, un sel qui ronge
les murailles autour de la plage. Mille sons divers
ne cessent de flotter au vent. Enfin, une vapur
au goût salé attaque nos lèvres, quand
nous sommes au bord de la mer ; et l'absinthe
qu'on délaye, qu'on mélange devant nos yeux,
nous blesse de son amertume. Tant il est vrai
que toute chose vomit une matière flottante qui
se répand de toutes parts, en tous sens : ni
trêve ni repos qui interrompe le flux des êtres »
CJuod super est ; nbi tara volueri levitate feruntar :
*]ukt? qim saut igilur Jam prima freinte parait, 205
Quomjaciuritur9 et emissum res euîla moratur,
Quone vides eilius debere et longius ire ;
ilulljpleiqiie loci spalium transcurrere eodem
Tempore » quo solis pervolgaot iumiiia cœlum ?
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Hoc elkm in primis spécimen verum esse vtdetur, 2 10
Quam céleri motu rerum simulacre ferantur :
Qnod, situai acprimuni sob clin splendor aquai
Ponitor, extemplo, eœlo slellantesereno,
Sidéra respondent in aqua radianUa mundi.
Janine ? ides igîtur» quant puncto tempore imago 9
DE Là NATURE DES CHOSES, LIT. IV. 69
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iEtheris ei or» in terraram aecidït oras?
Qaa re etiam atqtie etiam mira fateare necesse est
Corpora, quie ferlant ocutes^ vîsumque lacessant,
Perpetnoque Huant certis ab rébus oborta ;
Frigos ut a lu?ils, calor ab sole, aestus ab undit 320
jCquorisf exesor mœrorumlitora circuai :
Nec vari» cessant voces volitare per auras :
Penique in os saisi venil hnoior ssepe sapons f
Quom mare vorsamur propter; dilutaqtie contra
tjiiooa tulmur mïseeri absintliiitj tangltamaror. 225
Usqne adeo omnibus ab rébus res'quteque fluenter
Yertur, et in cunctas dimittitur undiqiie partei&;
Kec mora, nec reqnies inter datur ulla fluundi
Perpetoo qoonlam sentimns f et omnia semper
Ctrnere, odorari licct9 et sentfre sonart. 230
puisque nos organes jsont toujours en éveil, et
que toujours* ils peuvent voir, ou sentir, ou en«r
tendre mille retentissements.
En outre» com me nos doigts, maniant une forme,
dans les ténèbres, la reconnaissent pour la même
qui se voit à la blanche lumière du jour, une
cause semblable doit émouvoir le tact et la vue.
Mais alors, si nous explorons la nuit un carré
qui nous affecte, le jour peut-il envoyer à nos
regards autre chose que son image carrée? Les
images sont donc le germe de la vue ; rien de
plus clair, et sans elles tous les corps demeurent
invisibles.
Je dis maintenant que ces images tourbillon*
nent et jaillissent éparses de tous côtés; mais
les yeux seuls étant capables de voir, il arrive
que là où le regard se tourne, mille corps y
donnent avec leur couleur et leur forme. La
distance même nous est révélée par les images,
qui ont soin de marquer leur intervalle ; car,
à peine dardées, elles battent et foulent les airs
qui sont entre nos yeux et elles. Ce courant
glisse tout entier sur nos prunelles, les balaye
en quelque sorte, et passe. Voilà comment nous
apercevons toutes les distances : l'abondance du
vent que chassent les images, la longueur du
souffle qui effleure nos yeux, est la mesure do
leur écartement. Admire l'extrême vitesse de ces
opérations, qui montrent à la fois de quelle nature
sont les êtres, et à quel intervalle.
Ne sois pas étonné de voir les corps nous ap-
Preterea t quoniam manibus traef ata figura
In tenebris quœdam cognoscittir e^se eadem f quai
Cernitnr in lace y et claro candore; necesse est
Consimili causa tactum, vîsumque moveri.
Nunc igitur, si quadratum tentamus f et id nos 23S
Commovet in tenebris; in lucï quae poterit res
âccideread speciem, quadratanïsi ejosimago?
Esse in imaginibus quapropter causa vîdetur
Cernnndi, naque posse sine hte res ulla vider i.
Nunc ea, quae dico» rerum simulacre feruntur 240
Unilique » el in cunctas jacluntur didita parteis ;
¥erum, nos oculis quia solïs cernere quimus,
Propterea it, uli, speciem quo vortimus, omnea
les ibi eanf contra ferknt forma atqtie colore.
Et, quantum qupque ab nubis res absit, imago Ma
Eflicit ut fideamus» et internoscere curât.
Nam, quom mMtuf9 eitemplo procudit agifquo
Aéra f qui inter se quomque est acutosqiia lecatus;
Isque îta per ntstras acies perlabitur omnis9
Et quasi pertergil pupillas f atque lia transit. 2S0
Propterea fit, utl fideamos quam procul absil
les quœque; et quant» plus aeris ante agitatur,
Et nostros oculos perterget loagior aura»
Tara procul esse magîs res-qtiœque remota videttir.
Scilicet haec summe céleri ration© gerantur, 2ài
Quale sit, utvideamus; et una9 quam procul absit.
Ulud in iiis Kbus minuit mumbite hafatndiw e»t«.