auteurs latins - Notes du mont Royal

et toute surface brillante nous offrent, étant
semblables aux corps, doivent provenir de formes
qui en émanent. Car pourquoi tombe-t-il des
êtres mille débris échappés de leur matière sensible,
plutôt que de fines émanations! Je le répète,
ta demeures bouche close. Il existe donc
de subtiles images9 ayant la forme plus que la
nature des corps, Invisibles quand elles sont
éparses, mais quiv incessamment foulées par
mille chocs f rejaillissent ensemble du miroir aux
yeux. Vols-tu un antre moyen qui leur permette
de subsister, et de reproduire tous les êtres!
Apprends ici de quelle fine matière se composent
les images : surtout puisque leurs germes
sont mille fols plus écartés de nos sens, plus imperceptibles
que les êtres qui commencent à
franchit les bornes de la vue. Mais d'abord examine,
sous une forme palpable, la délicatesse
des éléments de toutes choses : quelques mots
y suffisent.
Déjà, parmi les êtres, il y en a de si menus
que le tiers de leur corp ne se verrait pas. Que
penses-ta donc que soit un intestin, le globe de
l'œil on du cœur, les membres, les articulations ?
Quelle petitesse! Songe maintenant aux atomes
qui doivent être la base de leur esprit et de leur
âme : vois-tu comme tous sont fins et grêles?
Les corps qui exhalent de piquantes odeurs f
l'absinthe ai goût affreux f le panace, la rude
aurone et la triste centaurée, à la moindre
secousse que tu leur imprimes, éveillent une
Qoom fadtar » nihil est f qnod eam dlscerpere possit'j
In promtu quoniam est 9 In prima frente locata. 95
Postremo épecoiis in aqtia, splendoreque in omni t
Quaeqnoroqiie apparent nobis simulacre, oecesse eslf
Qoandoquidem simili specie sont praedifa rerum 9
Esse in îwaginibiis missîs consistera eorum.
Htm qunr olla cadaot magis, ab rebusqwe recédant 100
Corpora f tes multœ qoœ mitlnnt corpore aperto,
Qoam qu« tenula sunt y liiscundi est nulla potestas.
Sont ifptar tenues formarum dissimilesque
Effigies, singtllatîm quas cenere nemo
Quom possit, tameo t assîduo crebroqoe repulsn 105
ieject», reddont speculorum ex npquore vlsum ;
Mec ratione alia sertart posse Tidentur
Tanlopere, ni slmiles reddantur quoique ligur»
Hune apf quant tenui natura coistet imago ,
Percîpe; et in primis » quoniam primordia tantum 110
Sunt inf rm nostros seisus, tantoque minora y
Qoatn qo» primum oculei cœptant non posse toeri.
lune tamen , id quoque uti conformem 9 eiordia reram
CQDetaram quant sint sublilia, percipe paueis.
Prinmin, animal» sint jam prlim tantula, ut liorom 115
Tertia pars nnlla possit ratione iriderl.
fforam intestinum quodfis quale esse putandum est?
Quldcordîsglotius, autocuki? qwid membra? qoid arias?
Qnantnlt sunt? qnM! praterea» primordia qiweqie,
Vide anima iMpe **ni courte! natara necessnm eslf 120
DE LA NAT11E DES CHOSES, LIV. IV.
Idée encore vive de ces apparences qui errent à
milliers de mille façons, dépourvues d , énerglef
d'action sensible, et dont la petitesse, relativement
aux corps, esl Inexprimable : aucune langue
ne, peut en rendre compte.
Mais ne va pas croire que ces Images vagabondes
soient toujours la dépouille des êtres. Non ;
il en existe qui, spontanément éclosesf s'établissent
elles-mêmes dans la région céleste nommée
les airs, levêtues de mille formes, elles nagent
à la cime des nues, essences iuides qui changent
Incessamment d f aspectf et dont les .contours
se plient à mille ressemblances. Les exemples
sont faciles. Vois grossir un amas de nuages qui
troublent la face riante du monde, caressant les
airs de leur molle agitation. Tantôt il semble que
des fantômes de géants traversent le ciel, et
prolongent au loin leur ombre ; tantôt de vastes
montagnes, et des rochers qui tombent de leurs
fanes, précèdent le soleil ou flottent derrière :
puis vient un monstre qui traîne, qui amasse de
nouveaux orages.
Bisons maintenant avec quelle facilité, quelle
vitesse les images se forment, et leur écoule*
ment, leur chute, leur fuite perpétuelle des êtres.
Il monte toujours, à fleur de corps,, une substance
que dardent les assemblages, et qui, ar*
rivant aux choses extérieures, traverse les mies,
surtout le vêtement; mais que les aspérités du
roc ou la dure essence du bols, quand elle les
heurte, déchirent et empêchent de renvoyer ai-
Nonne ?Ides, qnara sint subfllk quamqtie minuta?
Frœterea, quœquomqiie sue de corpore odorem
Eisplraatacreni, panâtes» abslnlliia telra>
Abrotoneique grates, et trislla cenlaurea :
Quorum unumquodfis leviter si forte cîebls, 121
Quin potios noscas rerum simulacre ?agare
M «lia modis mollis» nulla vi, cassaque sensu :
[Quorum quantula pars sit Imago, dicere nemo est
Qui possit y neque eam ralionem reddere dietis.]
Sed » ne forte putes ea demum sola vagari', 13§
Quœquomque ab rébus rerum similaera reeeduntf
Sunt etiam 9 qiue sponte sua gignunlur» et Ipsa
Constitpuntur in fane codo 9 qui dicitur aer :
Qu», mollis formata modis , sublime feraitur,
Nec speciem mutare suam liquentia cessant f
6?
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Et quojusque modi formarum vortere in oras.
Ut nubeis facile ùtterdum concrescere in altum
Cernimus, et mundî speciem fiolire sereatm,
Aéra mulcenteis motu : nam siepe ppntum
Ora ¥oIare ?identur9 et umbram ducere late| 140
Interdum magni montes a?olsaque saia
Montibus anteiref et solem succédera propter ;
Inde alios tratiere atque inducere bellua nimbus.
Nunc ea» quam facili et céleri ratione gerantur,
Perpetuoque iuanl ab rébus f lapsaque cédant. 1 êè
Semper enim summum qiiMquid de rébus abundat «
Quod |aeuleutur; et hpe9 alias qunm perreait iu rtt9
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