auteurs latins - Notes du mont Royal
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€2<br />
LUCIECE.<br />
et gourmande ainsi in des nôtres : • Mortel,<br />
qu'at-tu donc de si triste pour l'abandonner à une<br />
douleur si amère? pourquoi accueiltes-tu la mort<br />
avec des gémissements et des larmes? Si tu as<br />
passé jusque-là une douce existence, si tous les<br />
avantages ne furent point accumulés dans un<br />
vase sans fond, qui les a répan<strong>du</strong>s et dissipés sans<br />
charme, que tardes-tu? Convive rassasié de la<br />
vie, va-t'en, et résigne-toi, pauvre fou, à dormir<br />
en paix. Si, au contraire, toutes les jouissances<br />
se prdent écoulées de ton âme, si l'existence<br />
ne t'offre qu'aspérités, pourquoi veux-tu<br />
entasser encore de misérables jours, encore sans<br />
fruit, et que tu consumeras sans joie? Ne vaut-il<br />
pas mieux achever ta vie, pour achever tes peines?<br />
Car enfin f je suis au bout de mes œuvres, et ne<br />
puis rien inventer qui te plaise : tout demeure<br />
toujours le même. La vieillesse ne iétrit pas ton<br />
corps, tes membres ne succombent point à la fatigue<br />
des ans : Eh bien I tu ne verras jamais que les<br />
mêmes choses, ton existence <strong>du</strong>t-elle triompher<br />
de mille siècles, ou plutôt échapper à la mort. »<br />
Que répondre, sinon que la nature nous fait une<br />
juste querelle, et plaide la cause de la vérité?<br />
Et si le trépas arrache des lamentations trop<br />
vives à un être misérable, n'est-il pas encore plus<br />
juste qu'elle l'attaque, et lui crie d f une voix irritée<br />
: « Insatiable gouffre, débarrasse-nous de tes<br />
larmes, étouffe tes plaintes 1 » — Et à cet homme<br />
si âgé, à ce vieillard qui ose se plaindre : « Tu as<br />
épuisé toutes les joies, et tu sèches de désirs ! à<br />
qui la faute ? sans cesse tu aspires à ce qui te<br />
Miltat» et hoc aliquoi nostrum sic increpet ipsa : 94S<br />
Quid tibi tantopere est, mortalis, quod nimis œgreis f<br />
Luctibus In<strong>du</strong>lges? Quid mortem ©ongemis f ac fies?<br />
Nim i si grala Ml tibi vita anteacta priorque,<br />
Et non omnia, prtusum congesta quasi in vas,<br />
Commoda perluxere, atque Ingrate inlerlere; 950<br />
Quiir non 9 ut pieatis ?itoe cou?iva ? recedis ,<br />
Mqm ani moque capte securam, stulte, quietem?<br />
Sin ea, quœ fhictus quomque es, perlera profuaa,<br />
Vitaqueia offenso est; quur amplius addere quaeris,<br />
lursuin quod pereat, mali9 et ingratom occidat omne? 955<br />
Non polius vite loein jacis alque laboris?<br />
Ham tibi praelerea, quod machiner inveniamque,<br />
Quod placent f nihtl est : eadem sont omnia semper.<br />
Si tibi non annis corpus jam raarcet, ctarlus<br />
Confectei languent; eadem tamen omnia restant, 960<br />
Omnia si pergas vivendo flncere secla;<br />
Atqne etiain poliosf si nunquam sis moritares : »<br />
Quid respondemus , IîïSî justam intendere lilem<br />
Natoram, et veram verbis eiponere causant ?<br />
At qui obitum iamentelur miser amplius aequo , 965<br />
Non merito inclamet inagis y et voce increpet acri?<br />
« Aufer abhinc iucrumas, Barathre, et compesceqnerelas. »<br />
Grandior hic vero si jamp seniorque qncratur ;<br />
m Omnia prfunctusvitaiprieniiat marces;<br />
manque t ta dédaignes ce que tn as : ton exbtone*<br />
coule donc sans être ni complète ni douce f et la<br />
mort imprévue se dresse à ton chevet, avant que<br />
tu ne sois prêt à partir, assouvi et plein de toutes<br />
choses. Lâche pourtant ces biens, qui ne sont<br />
plus de ton âge; cède-les à ceux qui ont grandi :<br />
allons, fais de bonus grâce « qui est néceaalre. »<br />
— Oui, elle dit vrai : ses reproches, ses attaques<br />
sont justes. Oui, la vieillesse recule toujours,<br />
chassée pr la leur renaissante des êtres; et il<br />
faut que tous se renouvellent les uns des autres.<br />
Aucun ne tombe dans l'abîme f dans le sombre<br />
Tartare. Ces matières sont inÉspensables à la<br />
croissance des races futures, qui elles-mêmes ne<br />
feront que traverser la vie pour te suivre. Ce qui<br />
fut avant toi a donc succombé, ou succomberi<br />
de même. La chatne des existences se prolonge<br />
sans interruption : nul ne devient possesseur de<br />
la vie, tous en font usage.<br />
legarde même le passé. A-Ml rien qui nous,<br />
intéresse, ce temp infini, antérieur à notre naissance?<br />
La nature nous le présente comme le miroir<br />
des âges, qui viendront après notre mort.<br />
De terribles images nous apparaissent-elles? Y<br />
voit-on quelque chose de triste? Le plus doux<br />
sommeil est-il aussi calme?<br />
Bien plus, ces tourments que les âmes, dit-on f<br />
essuient au fond des enfers, ce sont tous les fléaux<br />
de notre vie. Crois-tu à la fable de ce vaste rocher<br />
dont la menace épouvante, au milieu des<br />
airs, le malheureux Tantale, glacé par défausses<br />
alarmes? Dis plutôt que la vaine crainte des<br />
Sed, quia semper mm$ quod abest, praesentla temnis, 97§<br />
Iropcrfecta tibi elapsa est ingrataque vita;<br />
Et necopinant! mors ad eaput adstJUt ante »<br />
Qtiam satur ac plenus possis discedere rerum.<br />
Hune aliéna tua tamen aelate omnia mitle,<br />
i£quo animoque, age<strong>du</strong>ro, magnais concède ; necesse est : *<br />
Jure, «t opinor, agat; jure increpet, incîletque. 976<br />
Cedil eoim t rerum novilate extrusa, vetustas<br />
Semper, et ei aliis aliud reparare necesse est :<br />
Mec quisquam in baratlirum, nec Tartara deditur atra.<br />
Materies opos est» nt crescant postera secla : 980<br />
Quœ tamen omnia le, irlta perfuncta, sequentur :<br />
Mec minus ergo ante haecy quam tu, cecidere cadentq