auteurs latins - Notes du mont Royal

DE Là NÀTUEE DES CHOSES, LIT. III.
kl mort, a pitié de soi : incapable de partager son
être f et d'abandonner sa triste dépouille , il s'imagine
que c f est lui ; il s'y attache, et l'empoisonne
d'une sensibilité pénible. De là son indignation
à l'idée qu'il est une créature mortelle ; il
M voit pas que 9 dans sa vraie mort, il ne peut y
avoir un autre lui-même qui assiste vivant à sa
perte, debout à sa chute, pleurant son corps que
la dent ou le feu ravage. Car si, une fois mort, il
souffre dans la gueule des bêtes qui mordent et
arrachent sa chair, je ne trouve pas qu'il y ait
une souffrance moins aiguë à briller sur un lit
ardent de flammes, à étouffer enseveli dans le
miel 9 à raidir glacé par la froide surface de sa
couche de marbre, ou à être broyé sous nos pas,
qui foulent et appesantissent la terre.
m Pour lui, désormais, ni joyeux accueil dans
sa famille 9 ni épouse si bonne, ni enfants si doux
qui accourent à ses baisers, se les ravissent, et
pénètrent ion âme d'une volupté muette; il ne
soutiendra plus, ni sa gloire déjà florissante, ni
ses proches : triste victime d'un triste sort, un
seul jour, un jour odieux lui enlève toutes ces
récompenses de la vie ! » Voilà ce que disent les
hommes. Ils n'ajoutent pas : « Ces biens ne laissent
aucun regret qui assiège 5a tombe. » Si cette
vérité entre dans nos intelligences, éclate dans
nos paroles, elle dissipera de vives angoisses et
mille terreurs des âmes. Mais non : tu vas dormir
pendant le reste des âges, comme tu dors
sur un lit, exempt de toutes les agitations mala-
Sed fnât esse sui quiddam saper inséras Ipm*
Huns enim sibi quota propoiit quisqtie, faturum
Corpus uti volacres lacèrent in morte ferœqne,
Ipse soi misent : neque enim se dividit hilnm ,
Née removet satis a projecto corpore; et illud 895
Se §Bgït» seasocfue suo contaminât adstans.
Rinc indignalur 8e mortalem esse créatif m;
ffec jièeî m vera nullum fore morte alium se 9
Qui posât vif os sibi se lugere peremtmn f
Stmsqiie Jacentem se lacerari uritet dolere. 900
ffun fi in morte nialtim est mais morsuqae feraram
Tractari ; non invenio , qui non sit acerbum,
ipiims ïmpositum t calidis torrescere flammis;
ait in mélle sttoin seffocari y atque rtgere
Frigore » qooro snmmo geJîdi ctibat aequore saii ; 905
Ufguerivef superne obtritum, pondère terne.
« Nam jam non demis accipiet te laeta 9 neque mm
Optoma 9 sec dulces occurreat oscilla natei
Pneriptre» et tacita peclns dolcedine tangent
Mon potens facteis loreotibus esse, tueisque ' 910
Pneôdifitti : misera misère 9 aiunt 9 omnia ademit
Hua dies infesta tibi M prtemia ¥itae. *
JUnd bi bis rebas non addunt : « Mec iibi earam
Jam desiderium reram insidet kisuper una. »
Qnod bene si videant animo t dictlsqoe sequantur, 915
HMI?aot a&imi magno se angore metuque.
Ti quidem 9 ut es » lecto sopitus , sic eris, «ri
dives; et nous, devant cet horrible bûcher qui a
fait de toi un peu de cendre, nous sommes insatiables
de lamentations, et aucun jour ne vient
arracher de nos poitrines ce deuil éternel I Or, je
le demande, si tout se réduit à un assoupissement,
à un simple repos, est-ce donc une perte si amère
qu'il faille éternellement sécher dans les larmes?
Voilà ce que font les hommes jusque sur la
couche du festin; tenant des coupes» et le front
ombragé par une couronne de fleurs, ils s'écrient*
du fond de l'âme : « Quelles courtes jouissances
pour les chétifs humains 1 Elles fuient déjà, et on
nepeutles rappeler ensuite. »—Comme si, à leurs
yeux, le premier fléau de la mort était une soif
aride qui brûle, qui dévore leurs misérables restes,
ou que tout autre besoin y survécût. Non,
ils ne cherchent point à recouvrer leur vie, leur
être, quand les esprits et les corps dorment du
même sommeil. Peu leur importe que ce soit un
éternel assoupissements ils ne sont jamais atteints
de regrets pour eux-mêmes. Encore nos
membres reposent-ils sans que les atomes soient
égarés bien loin du mouvement vital ; car, à peine
tiré du sommeil, un homme reprend possession
de soi. 11 faut en conclure que la mort est moins
encore pour nous, si elle peut être moins que
rien. En effet, les désordres de la matière qui
accompagnent notre fin sont plus graves; et aucun
ne se réveille, ne se lève, dans ces froides
interruptions de la vie.
loin, suppose que la Nature tout à coup parle9
Qnod su pèrestf cunctis privatu' doloribus spgris :
At nos horrilco cinefactum de prope busto
Insatiabiliter deflebimus; aeternuroque 920
lulk dies nobis mœrorem e pectore démet,
lllnd ab hoc igitur qamrandam est 9 qtiid sit amari
Tantopere, ad somnnro si res redit atque quietem 9
Qunrquisquam œterno possit tabescere luctu?
Hoc etiam faoinot f ubi discubuere9 teneotqne 92J
Pocula sœpe homines 9 et inumbrant ora coronîs ;
Ex animo ut dicantf « Bretis hic est fraetns bomultei* ;
Jam fuerit ; neque post unquam re?ocare licebit ! »
Tamqiiam in morte mali cum primis hoc sit connu»
Qnod sitte eiurat miseros atque arida torreat , 930
Aut altae quojus desiderium insideat rd.
Pec sibi enim quisqnam tam se litamqae requiretf
Quom pari ter mens et corpus» sopita, quiescunt;
lam licet aeternum per nos sic esse soporem ;
Nec desiderium nostri nos attïgit «Hum : 933
Et tamen haud quaqnam nostros fane oHa par artus
Longe ab sensiferis primordia motibns errant,
Quom correptusliomo ei somno se colligit ipse.
Multo Igilur morlem minus ad nos esse putandiim est :
Si minas esse potest9 quam quod nihU esse f idenius. 910
Major enim turbaa disjectus materiai
Consequitur leto ; nec quîsquam expergitvs eislat,
Fripda qoem semel est ?itaï pausa sequuta,
Deuiqiie9 si •ocem rernm ffatnra repente
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