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auteurs latins - Notes du mont Royal

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le<br />

LUCRECE.<br />

fléaux f ainsi que la mort f attaquent surtout la<br />

chair, et un esprit ne les en<strong>du</strong>re tous que par son<br />

se rompre dans les membres 9 et le oorp les enveloppera<br />

tout entières dans sa mine.<br />

contact avec elle. Pourtant, je le veux bien , il Si on prétend que celles des hommes se fixent<br />

leur est avantageux de construire leur asile; toujours dans le corps humain, encore faut-Il<br />

mais le peuvent-elles? Je ne vois pas comment. me dire pourquoi de sageselles deviennent folles,<br />

Ainsi donc elles ne fabriquent point un corp et<br />

des membres. Ont-elles, au moins, la ressource<br />

pourquoi l'enfant est sans prudence f et le poulain<br />

d<br />

de pénétrer dans un corps tout fait ? Non ; car<br />

elles ne peuvent y adhérer par une chaîne si Une<br />

que les impressions se partagent et se gagnent.<br />

Enfin, pourquoi les emportements fougueux<br />

sont-ils prpétués avec la race cruelle <strong>du</strong> lion,<br />

et avec le renard la ruse ? Pourquoi la fuite,<br />

la peur et le tressaillement sont-ils le patrimoine<br />

<strong>du</strong> cerf? Pourquoi toutes les espèces de ce genre<br />

se dessinent-elles, sitôt que la vie commence,<br />

par la forme comme par les habitudes 9 sinon<br />

parce que les âmes ont aussi leur germe, leur<br />

race, leur essence ^déterminée qui, partage les<br />

accroissements de la chair ? Si elles étaient impérissables<br />

, si elles changeaient de corps 9 quel<br />

désordre dans les mœurs des êtres ! Souvent un<br />

chien d'Hyreanie fuirait la rencontre <strong>du</strong> cerf au<br />

bois terrible; le vautour fendrait les airs d'une<br />

aile tremblante, à l'arrivée de la colombe; et la<br />

raison, quittant les hommes f passerait aux espèces<br />

sauvages, aux bêtes.<br />

Car un faux raisonnement abuse ceux qui veulent<br />

que les âmes, immortelles quoique changeantes<br />

, se plient à la nature des corps. Tout<br />

changement amène la dissolution, et par suite la<br />

mort qui accompagne le bouleversement, désordre<br />

des parties. Les âmes seront donc exposées à<br />

9 nne cavale inhabile aux généreux efforts<br />

<strong>du</strong> coursier robuste : sinon f parce que les âmes<br />

ont leur germe, leur race, leur essence déterminée<br />

f qui partage les accroissements <strong>du</strong> corps.<br />

Ou bien, dans un jeune corps, se font elles jeunes<br />

et tendres? Voilà ton seul refuge; mais alors<br />

il faut reconnaître la mortalité des âmes : car,<br />

pour essuyer une telle révolution dans les membres<br />

, elles dépouillent leur eiistenee 9 leur senst*<br />

bilité première.<br />

Comment leur essence pourra»t-elle, se fortifiant<br />

avec le corps, avec lui atteindre la douce<br />

leur de Fâge, si elles ne sont pas ses compagnes<br />

de naissance? Pourquoi aussi aspirent-elles à<br />

quitter nos membres vieillis ? Ont-elles peur de<br />

se voir emprisonnées dans une chair corrompue,<br />

ou que leur demeure, fatiguée par les ans, ne<br />

les écrase dans sa chute ? Mais un immortel ne<br />

court aucun danger.<br />

Ainsi, dès que Vénus joint les bêtes, et que les<br />

bêtes enfantent, les âmes sont à leur poste. 0 le<br />

plaisant spectacle ! Ces immortelles briguent un<br />

corps qui meurt, et un innombrable nombre se<br />

hâtent, se disputent à qui aura le pas sur les autres;<br />

à moins que, par une sage conventionf<br />

la première qui accourt au vol ne se glisse la<br />

première ; ce qui empêche toute bataille.<br />

Sed tamen liîs eslo quanivis facere utile corpus f<br />

Quod sobeant; aty qua possint, via nulIa videtur ;<br />

llaud igltur fociunt animae sibi corpora et arttis.<br />

Nec tamen est, qui jain perfecteis insinueutur<br />

C^orporibus : neque euitii potenmt sebtiilier esse<br />

Ç'Oumum ; neque consens» contagia fient.<br />

Denique qunr acrjs violenta triste leonura<br />

Scmlnium sequitur, volpeis dolos; et fuga cervîs<br />

A patrlbus datur, et patrius pa?or incitât artus?<br />

JSt jam cetera de génère lioc, qunr otnnîa membris<br />

Ex ineunte aevo geoerascuitiogenioqoe;<br />

Si non, certasoo quia semine seminloque<br />

Vis animi pariter crescît cum corpore quoque?<br />

Quod si iminortalis foret» et mutare soleret<br />

Corpora, par mixtis animantes raoribus esseot :<br />

Effngeret canîs Hyrcano de semine saepe<br />

Cornlgerî incursum cer?i ; tremeretque i>er auras<br />

Aeris acclpiter fugiens» veniente coluroba :<br />

Desiperent tiomines, sapèrent fera secla ferarum.<br />

lllud enim falsa fertur ratione , quod aiiint<br />

lramortalem animamjnulato corpore flecli;<br />

Quod mutatur euim, dissol?îtur : interit ergo :<br />

Trajiciuntiir eaim partes, atqueordlne migrant,<br />

Quare dissolvi quoque debent posse pcr artus,<br />

Penique ut ûitereant nna cum corpore cunctoe.<br />

735<br />

7*0<br />

7ô§<br />

755<br />

Sio anima* hominum cliceet in corpora semper 7§ê<br />

Ire liumana 9 tamen quœram f quur e sapienll<br />

Stolta «peut fieri » née prudens sll puer tilles ;<br />

Nec tam doctus equap pullus, qiiam fortis equl vis?<br />

Si non, certa stio quia semine seiuînioque<br />

Vis animi pariter crescit cum corpore quoque. 7êS<br />

Scilicet in tenero tenerascere corpore <strong>mont</strong>era<br />

Cortfugient; quod si jam fity ftteare necesse est<br />

Mortalem esse animam ; quoniatii , mutata per artus<br />

Tantopere, amiitil vitam sensumqtie priorem.<br />

QuofC modo poterit» pariter cum corpore quoque 770<br />

Confirmata, cupitum œtatis tangere florem<br />

Yis animi, nisi erit consors in origine prima?<br />

Quidte foras sibi foltmembrîsexireseneclis?<br />

An metuil conclusa manere in corpore putri ? 77S<br />

An f domus aetalis spatio ne fessa ?etusto<br />

Obruat ? At non sunt jam iinmortali ulla pericla.<br />

Denique connubiaad Yeneris partusque ferarum,<br />

Esse animas praesto, deridiculum esse videtur;<br />

Eispectare immortaleis mortalia membra<br />

Innumero numéro 9 certareque pneproperanler 710<br />

Inler se» quae prima pottssimaque insinuelur :<br />

Si non forte ita supt animarum foedera pactay<br />

Ut, quae prima volans advenerit t insinuelur<br />

Prima, neque inter se coaten<strong>du</strong>it viribus hilmii»

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