auteurs latins - Notes du mont Royal

SS LUCIÊCE.
ion. Aussi les peintres et les écrivains ie la vieille
race nous les représentent-ils armées ie sens.
Mais il est impossible que les yeux, les narines f
la main ou la langue subsistent à partf môme
ians un esprit; et les oreilles ne peuvent, à elles
seules, ni percevoir le son, ni vivre.
Puis, comme tout notre corp éprouve les tressaillements
ie la vie, comme nous voyons que
tout y a part aux âmes ; si une force quelconque
donne rapidement au milieu et le tranche, le se*
pare tout à coup , il faudra que nos âmesf rejaillissant
au loin , se déchirent avec le tronc en deux
moitiés éparses. Or, tout être qui se rompt et se
disperse proteste lui-même contre son immortalité.
Souvent, dit-on, un char hérissé ie faux et
brûlant ie carnage, dans la mêlée, coupe si précipitament
les membres, que tu vois palpiter à
terre les débris des hommes, alors que leur peosée9
leur essence vive demeure insensible au
mal, tant le mal est rapide 1 Le feu du combat
absorbe les intelligences. Tout ce qui reste du
corps, elles le précipitent dans la bataille meurtrière.
Les uns ignorent la perte de leur main
gauche que les chevaux emportent avee le bouclier,
au tranchant des roues et des faux dévorantes;
un autre, dans la fongue des escalades,
ne sent pas que sa droite lui tombe. Tel essaye de
soulever une jambe qui manque, sans voir le pied
mourant qui remue les doigts à quelques pas sur
la terre* Là, une tétef séparée du tronc encore
vivant et chaud, a dans la poussière même le
Pictores ftaque, etscriptonim sacla priera»
Sic animas introduiront sensibus auctas. 630
ât neque seorsum oeulei, neque tiares f nec roanus îpsa
Esse potest anima, neque seorsiim lingua; neque aurai
Audilum per se possunt senUre, neque esse.
fit quoniam toto sentimus corpore inesse
Titalem senstim t et totom esse animale f idemus ; 635
Si subito médium céleri praeciderit fctu
Vis aMqua9 ut seorsum partem secerntt ntrafique 9
Dispertita proculdubioqooque'tis animai ,
Et diseissa simul cum corpore disidetur.
At quod scinditur et partais discedit in nias , 640
SdUcet œteraam sibi nituram abnuit esse.
Falciferos memorant ciirros abscidere membra
Saepe fta de subito 9 pemkta caede calentels,
Ut trémere in terra videatur ab artubus M qood
Becidit abscisum ; quoi» mens tamen atque hominis vis
Mubilitate mali non qoit sentire dolorein : 646
Et simul in pognœ studio quod dedita mens est,
Corpore cum relique pupam caedeisque petessit;
Mec tenet9 amissam laevam cum tegmine saep
Jnter equos abstraie rotas falceisque rapaceis : ê.iO
Nec ceekilsse il os i}eitrani9 quom scandit et instat.
Inde alîus conatur ademto surgere entre,
Quum digitos agitât propter moribundus humi pes :
Et eaput, abscisum ealido vi venteque trunco 9
front animé y les yeux ouverts f et n'exhale la fit
qu v avec les restes de soi âme.
Bien plus : mi serpent qui éarie la langue te
menace de sa queue 9 de son corp aux longs replis.
Veux-tu que le fer partage chaque bout en
mille tranches ? On voit aussitôt ces débris épars,
saignant encore du coup qui les mutile, se tordre9
baigner la terre de leur venin ; et la tête se re*
tourne pour attaquer et mordre son propre lambeau!
avec un transport de rage que ses blessures
allument
Dira-t-on que chaque fragment a son âme,
son âme tout entière f Mais alors un seul être
contenait plusieurs âmes. Donc, tu as rompu la
seule qui habitât un corp unique ; donc f 11 faut
croire que tous deux meurent, puisque mille déchirements
les épuisent tous dcui.
En outre, si l'âme est une essence qui demeure
Immortelle , si elle se glisse au fond du corp
naissant, pourquoi ne gardes-tu aucun souvenir
de ta vie passée, des choses que tu as faites, et ne
peux-tu en lier la trace ? Car si les puissances de
ton âme sont altérées au point que la mémoire de
ses propres actes lui échappe tout entière t ce
bouleversement ne me semble pas déjà fort éloigné
de la mort Ainsi, tu dois le reconnaître f
celle qui était jadis a^pérl, et celle de maintenant
fut maintenant créée.
Quoi! le corp est déjà formé lorsque cet
agent si vif y pénètre, et nous sommes en traitf
de naître, nous avons le pied sur le seuil delà vie I
Mais alors convient-il que tu le voies grandir,
Sertat faumi voltum vitalem oculosque patentas : §55
Donec reliquias animai reddidit omneis.
Quin etiam tibi si, lingua vibrante, minant!
Serpentis cauda et procero corpore, atrumque
Sil lubitam in mullas parlasdiscidere ferra;
Omnia jam seorsum cernes, ameisa recenti
GGG
Vplnere, tortari» et terrain conspergere fabo j
Ipsam seqie rétro partem petere ore priorein,
Volneris ardenti, ut moren premat, îeta dolore.
Omnibus esse igitur totas dicemus in ollls
Particulis animas? at ea ritione sequetor, ^
Unam animantem animas habuisse in corpore mullas.
Ergo dif isa est «sa, qu« fait una simul cum
Corpore : quapropter mortali itrumque ptitandum est-
In multas qaoniaro partais disciditur asque.
Pneterea , si immortalis nattra animai §JQ
Constat, et in corpus nascentibus insinuatur;
Quur super ante actam œtatem meminlsse nequimu^
Nec vestigia gestarum rerum ulla tenemus?
Kam si tantopre est animi mulata potestas ,
Omnis ut actarum exciderit retinentia rerum ; C7§
Non, ut opinor9 id ab leto jam longiler errai.
Quapropter fateare necesse est , quar» fuit ante,
Interlisse; et, qoœ nunc est, nunc esse cieatam.
Praeterea, si, jam perfecto corpoie, nobis
lafetri solita est aniini vivata potestas, %^