auteurs latins - Notes du mont Royal

DE Là NATUfiE DES CHOSES, UV. EL
leur enveloppe, do corpf et la prte du souffle
vital9 il faut avouer que le-sentiment se dissipe
chez les esprits comme chez les âmes, puisque
leur existence tient aux mêmes causes.
Enfin, si nos corps, incapables de supporter
leur fuite, tombent en lambeaui fétides, comment
douter que ces essences vives, chassées du
fond de leur asile, ne jaillissent éparses, comme
la fumée? Ce bouleversement des êtres qui croulent,
et ne sont plus que ruine, que poussière, ne
vient-il pas de ce que leurs fondements se dérobent
avec les âmes écoulées par les membres, et
les issues tortueuses, et les pores qui sillonnent la
chair? Ainsi tout indique que ces matières sont
en pièces quand elles sortent du corps, et que
mille déchirements intérieurs précèdent le jour
où elles se répandent et nagent sur la Yague des
aks.
Bien plus, elles habitent encore le sanctuaire
de la vie, que déjà mille secousses ont paru les
abattre, les.rompre dans tous nos organes : elles
donnent au visage cette langueur du moment suprême,
et les membres flottent, prêts à tomber du
corps que le sang abandonne. Voilà, par exemple
, ce que nous appelons se trouver mal, ou
perdre ses esprits, alors que tous sont en émoi,
et cherchent à ressaisir le dernier fil de l'existence.
Car il y a un ébranlement qui énerve nos
esprits, nos âmes, et ils partagent la défaillance
du corps : ils succomberaient donc à des attaques
un peu plus vives.
Sese anima , atque in eos poterit coiciudere motus 9
Qiios ante in nervis et in ipso corpore agebat.
Qware etiani atque etiam resoliito corporis orani 575
TegiBiiie, et ejectis extra fltaiibusaurls,
Dis&olfi sensus anîrol fateare, necesse est,
âfcpe animam ; quoniam conjuncta est causa duobus.
Denlque, quom corpus iiequeat perferre animai
Dkcidiuni 9 .quin in tetro labescat odore ; 580
Quid dubitas» quia ex îmo peuitusque coorfa
Emanant, nii fiimus, diffusa animse fis?
Atqne ideo taitta Diiitalum piitre ruina
Gonciderit corpus penitus, quia mota loeo suiil
Fundaraenta; foras anima émanante per artus, è85
Perqiie viarum omneis leios, in corpore quei sunt,
âtqu# fonunina? mullimodfe ut noscere possis
Dispertilam animae natoram exisse pr arlus;
El prias esse sibi distraetam corpore in ipso,
Quam 9 prolapsa forasf enaret in aeris-auras? ô§0
Quin etiam» lineiadura vite ?orlitur intrat
Saepe aliqua tamen e causa labefacta vldetur
Ire anima, m toto membratim eorpore suffi;
Et qtiasi supreroo laoguescere tempore volh»,
Molliaqae eisangui cadere oninia eorpommemlira. &9H
Qood garnis est» animo maie factam quom perliibeturf
Aot aniraam liquisse; ubi jam trepidaturf et émues
Eztremwn cupiunt vite reprehendere ?inclum,
Oioquassatur enim lum mens anitnœqua potestas
tennis; et km ipso cum corport cnHafaelunt : OflO
Eh bien ! crois-tu que rejetés du corps, et sauf
force quand ils volent sans obstacle ni rempart,
ils puissent avoir, non plus toute la durée des
âges, maïs un instant, un seul instant de vie!
Jamais on ne volt de mourants qui sentent
leur âme fuir tout entière de toutes parts f ou
remonter d'abord vers les embouchures de la
gorge. Non ? ils savent que la défaillance lui vient
aux endroits marqués pour la demeure, comme
les autres organes sont anéantis dans leur siège.
Si la mort épargnait nos intelligences, gémiraientelles,
à son approche, de tomber en ruines? Elles
aimeraient plutôt à sortir, à quitter leur enveloppe,
comme le serpent 9 ou le cerf que les ans
déchargent de son bois immense.
Enfin la pensée, le jugement, essence des âmes,
ne viennent jamais à la tête, ni dans le pied ou
la main. Ils occupent chez tous un même point,
ils sont à demeure fixe. Pourquoi, sinon parce
que tous les organes ont un lieu affecté à leur
naissance f Là, ils sont capables de quelque durée;
là, -ces mille puissances dominent, absorbent
les membres, et empêchent que leur ordre
soit jamais interverti : tant la succession des êtres
est invariable ! La flamme peut-elle jaillir des
ondes, ou la glace naître du feu?
in outre, si les âmes sont des natures impé»
rissables, si elles ont la force de sentir, isolées
du corps, il faut, je pense, les enrichir de cinq
organes, autrement, on ne peut se figurer les
âmes du Tartare qui errent au bord de l'Aché-
Ut grafior paullo possit dissoltere causa.
Quid dubitas tandem, qui» entra prodita corpus
Imbectlla foras, in aperto, tegmine demlo,
Non modo-non omnem possit durare per œvom,
Sed rolfttifstiïa quodfis nequeat consistera tempus? i0§
Mec sibi enira quisquam moriens sentira ?idetur
Ire foras aiiiraaro incoltimem de corpore loto;
Ncc priu» ad jugulum et superas succédera faucesj
Veram deficere in cerf a regtone locatam ,
Ut sensus allos in parti quemque sua scii §10
Dissol?i : qtiod si hnmortalis nosfra furet mens,
Non tain se moriens dissol?i conquereretur ;
Sed magls ire foras, vestemque relioquere, ut anguis»
[Gauderet, praeloiga senex aut coriua eervus.]
Denique quur animi Dunquam mens consiliumque §11
Gignitur in capite, aut pedibus manibusf e ; sed unis •
Sedibus, et cerfîs regionîbus, omnibus haeret ;
Si non certa locaad nascundum reddîta quoique
Sunt, et ubi quidquid possit duiarc creatum;
Atque ita multimodis pro totia artubiu esse, 020
Membrorum ut nuiquam eisktat pneposterus ordo?
Usqua adeo sequitur res rem, neque flamma creari
Fluminîbus solita ast» neque in ipi gignier algor.
Prœtereaf si immortalis naturaanimai est,
Et sentire potest f seertta a corpore nostro ; 62»
Quïique » ut opinor, eam facionduon est sensibus auctâm :
Nec ratione alla nosmet proponere nobis
Possumiis ûifSniiai-aiiiiiias âcbtnnla- tapri.
&S