auteurs latins - Notes du mont Royal

§4 LUCEÊCE.
que des remèdes la calment : tant la raison et la » Bailleurs, elles font prtie du eorp humainf
vérité heurtent un faux système, lui coupent elles ont leur poste fixe, leur asile déterminé,
toutes les issues, et le repussent avec un di­ comme les oreilles, les yeux , et les autres sens
lemme qui confond le mensonge
qui gouvernent la vie. Mais les yeux, la main
Souvent, enfin, nous voyons un homme s'en ou les narines, isolés du reste, sont incapables
aller peu à pu. Il prd membre par membre le de sentir et de vivre ; la corruption gagne bientôt
sentiment et la vie. Le pied commence : ses ces matières abandonnées : de même les esprits
doigts, ses ongles deviennent livides. Puis, il ne puvent exister à prt et sans les hommes,
meurt avec la jambe. Puis, les froides empreintes
de la mort gagnent successivement le reste.
sans le corp, qui en est au moins le vase9 si on
- ne trouve ps de rappris plus intimes entre deux
Or, comme les âmes sont aussi morcelées, et que substances qui se tiennent enchaînées.
leur existence ne demeure pas tout entière, tu A cette liaison elles doivent leur force, leur-
dois les croire périssables. Diras-tu : Elles puvent activité , et la jouissance de la vie. Un esprit sans
se replier au sein des membres, et concentrer corp,un esprit abandonné à sa nature, puHl
leurs atomes sur un même pint, qui absorbe tout engendrer le mouvement vital? Un corps sans
le sentiment du corps ? Mais un lieu qui contient un âme peut-il avoir quelque durée, ou faire usage
amas si riche de matière vivante déploie néces­ de sens? Non ; comme les yeux que tu déracines
sairement une sensibilité plus exquise. Ce lieu, où et que tu isoles du corps entier, prdent la vue;
est-il ? Nulle part : il faut donc, comme nous le de même les âmes, réduites à elles-mêmes « se
disions, que nos âmes en lambeaux se disprsent montrent impuissantes. Car tant que leurs ato­
hors de nous; et, par conséquent, elles meumes, mêlés à la substance des veines, des entrailrent.les,
des os, des nerfs, et emprisonnés par la
Bien plus, si je veux admettre ton idée fausse, masse, ne sont ps libres de rejaillir à de vastes
si je leur accorde le puvoir de se ramasser dans intervalles, elles se contiennent et se plient au
le corps des hommes qui abandonnent le jour, et mouvement vital : mouvement qui leur est im­
qui expirent en détail, tu seras purtant obligé possible dans le vide des airs, où la mort les re­
de convenir que les âmes sont mortelles. Peu imjette, pree que les obstacles tombent devant elprte
comment elles meurent, et si elles sontéparles. Autant dire que l'air seul enfante les corp
pillées au vent ou étouffées en masse, puisque animés, si les âmes y maintiennent leur assem-
chez un homme le sentiment eipire pu # pu blage, si elles y bornent leur essor au mouvement
dans tous les organes, et que dans tous la vie accompli jusque-là dans les nerfs et dans le corp
diminue, diminue sans cesse.
lui-même. Je le répète donc, après la ruine de
Miltit, ut edoctii ; seu flectitur a medicina :
Usque adeo falsœ rattonis fera videtur
les occorreref et efTupum preecludere euotl;
Ancipitîqiie refutatu convincere falsum.
Deniqtie saepe dominera pullatim cernimus ira, 515
Et membralim filaient deprdere sensum.
Il pedibus primum dlgitoê lifescere et iinguets;
Inde pedes et crora mori ; pst inde per artus
Ire alios tractim gdidi festigia leti.
Scinditur atque animo lise quoniam natura, nec un® 530
Tempre sincera exsistit, mortalis liabenda est.
Quod si forte putas ipsam se posse pr artus
Inlrorsiim traliere, et partais conducere in uotiin,
Atque ideo cunctis sensum deduœre membris;
âl locus Htetamen, quo copia tanta animai 535
Cogitur, in sensu débet majore videri :
Qui quoniam nuaquam est9 nimirum s ut diiimus ante,
Dilaniata foras dkprgitur. Inlerit ergo.
Quin etiam 9 si jam lubcat concedere falsum 9
El dare» posse animam glomerari in corpre eoruin, 540
Lumina quai linquunt moribundei prticulatim ;
Mortalem tameu esse animara fateare necesne est :
Nec refert, ulrotn preat dispersa per auras»
An contracta suis e prtibus obbrutescat ;
Qnando iiominem totem magis ac magis undiqiic sensus
Déficit ; et titai minus et minus undiqtie restât. 540
Et quoniam mois est homûtis para unaf locoque
Fiia iBâtiei certo ; velut aures atque oculei sunt,
Atque alid sensus 9 quei fitam quomque gubernant :
Et f elutt manus atque OCQIUS naresve seorsum 9
% Ml
Sécréta ab nobis» nequeunt sentîre, neque esse ;
Sed tamen in prvo linquuntur tempre tabi :
Sic animus pr se non quit sine corpre et ipso
Esse homine y illius quasi quod vas esse f idetur,
Site aliud quid fis poilus conneiios ei SIS
Fingere ; quandoquidem conneiu corpus ailiwet.
Denique corpris atque animi vivata ptestas,
Inter se conjuncta9 valent, vitaque fruuntur :
Nec sine corp» eiilin vitaleis edere motus
Sola pôles! animi per se natura ï nec totem iiO
Cassum anima corpus durare, et seosibus uti«
SciUcet, atolsus radiclbus ut nequit iillam
Dispicere ipse oculus rem seorsum corpre loto,
Sic anima atque animus pr se ail posse vicie! ur :
Himiram quia pr fenas et fiscera mixtim, 5§§
Per ner?os atque ossa 9 (enentur corpre ab omni 9
Mec magnis inter?allis primordia possunt
Libéra disnultare ; ideo conclusa moteotor
Sensiferos ntotas ; quos titra corpus in auras
Ams haud' possunt post mortem éjecta morae : 57§
Proplerea quia non simili ratïone tenentur.
Corpus enim atque anwam seril ter, si cobibert