auteurs latins - Notes du mont Royal

£2 LUCBÊCE.
Maintenant, afin de te convaincre que les esprits,
que les âmes fragiles naissent et meurent
avec les êtres f je prépare des vers f fruits de mes
longues recherches, de mes douces fatigues, et
dignes de ta -belle vie. Pour toi, aie soin de comprendre
leur double nature sous un même nom ;
et si, pour épargner un mot, je ne nomme que
les âmes, et que je te les montre périssables, applique
tout aux esprits sur ce point où un même
sort les enchaîne.
D'abord Je te le répète f les âmes sont un mince
tissu de petits atomes f et se composent de matière
beaucoup plus fine que la substance liquide des
eaui, le brouillard ou la fumée. Car elles sont
mille fois plus agites, et un choc plus faible les
meut plus vite ; les apparences mêmesde la fumée,
du brouillard, y suffisent : ainsi, lorsque dans
un rêve nous voyons se dresser un autel qui
«exhale la vapeur et que la fumée couronne, ce
«ont évidemment de simples images qui nous
frappent. Or, une fois que les vases sont en pièces,
le fluide sort en jaillissant, et va se perdre; le
brouillard et la fumée se dissipent dans les airs :
crois donc que les âmes se répandent aussi, que
leur essence meurt encore plus vite, que plis vite
se rompt leur assemblage, quand elles fuient arrachées
de nos membres. En effet, si le corps,
pulvérisé sous un choc ou amaigri par le sang ôté
des veines, ne peut contenir son âme, dont il est
en quelque sorte le vase, comment espérer de la
Oeciclit cxtemplo lumen» tenebrœqne sequuntur : 415
Incolumis quamfis alioqui splendidus orbis.
Hoc anima atque inimus jtmctei sont fiBdere semper.
Nuiic âge, natifos aniraantibus et mortaleis
Esse animos, animasque letds, ut ooscere possis j
Conquislla dio, dulcique reporta labore, 420
Digna tua pergam disponere carmina fila.
Tu face utrumque uno subjimgas lomine eoram;
Atque anima», verbi causa, qoom dicare pergam,
Mortalem esse docens, animum quoque dicerecredas ;
Qna tenus est unum Inler se y conjtmctaque res est. 425
Principio>quoniam tenuem constare minutis
Corporibusdocui f mulloque minoribus esse
Principlis factam 9 quai» tiqtiidus humor squat ,
Aut nabuia 9 aut furaus : nam longe mobilitate
Prœstat, et a tenui causa magis icta movetur ; 430
Quippe ttbi imaginibus ftimi nebulîeqiie moveutur :
Quod geaijsf in somnîs sopitei, ubi cernimus alta
jfthalare irapore altaria, ferreque fumum :
Nom procul hiec dubîo nobts simulacre genintur :
ffunc igitur9 quonlam y quassatis undique irasis, 435
Difluere humorem, et laticem dîscedcre cerais ;
Et nebula ac Aimas quoniam discedit in auras;
Crede animam quoque difftandi, multoque perire
Ocius, iccltliis dissoifi in corpora prima,
Quom ftemel ei homïnis membris ablata récessif. 440
Quippe êimlm corpus, quod ?as quasi constitil ejus9
voir contenue pr les airs? Un corps plus maigre
que le nôtre sera-t-il une barrière pour elle?
De plus, elle naît avec le corps, et les sens
attestent que tous deux croissent, que tous deui
vieillissent ensemble. Yois les enfants : la délicatesse
de leur corps tremblant et faible répond à
leur intelligence chétive. Puis, quand ils acquièrent
une maturité robuste, le jugement grandît
avec leur âme, dont la vigueur augmente. Mais
sitôt que le choc puissant des années brise le corps,
émousse les forces, abat les membres, la raison
chancelle, l'esprit et la langue s'embarrassent :
tous les organes dépérissent et manquent à la
fois. Il faut bien alors que tout ce qui est -de la
nature des âmes se dissipe, comme lafumée dans
les hautes réglons des airs ; elles que nous voyons
partager la naissance, partager les accroissements
du corps, et qui, je le répète, succombent
du même coup à la fatigue des ans.
Ajoutons un autre fait sensible. De même que
les maladies cruelles attaquent le corps et que
la douleur te travaille, nos âmes sont dévorées
par les inquiétudes, le chagrin ou la pur. Elles
doivent donc avoir part à la mort.
Que dis-je? Souvent une maladie du corps les
met en déroute, les égare ; le trouble des idées »
la folie du langage le prouvent Souvent une
léthargie les accable, les jette dans un assoupissement
profond et interminable ; les paupières
tombent, le front chancelle. Là, elles ne peuvent
Quam cohibere nequitf conquassatum ei aliqua re
Ac rarefactum, detracto sanguine veneis,
Aère qui credas posse liane coliiberier iillo?
Corpore qui nostro rarus magis incoliibessil? 445
Pneterea gigni pariter cum corpore f cl una
Crescere sentirons, pariterque senescere meuiem.
Para Telut inirmo puerei teneroque vaganfnr
Corpore, sicaniml sequitur sententia tennis :
Inde f ubt robustis adole?It viribus œtas , 450
Coiisilium quoque majusf et auctior est anîmi fis :
Post, nbi jam valîdis quassatum est viribus mî
Corpus, et obtiisis ceciderunt viribus arlus;
€laudicat iogenium 9 délirât Hnguaque roensque :
ûmnia deûciunf atque uno tenipore desunt. 455
Ergo dissoif I quoque con?enit omnem animai
Nattiram y ceu fumus in allas aeris auras :
Quandoquidem glgni pariter, pariterque videmns
Crescere, et y ut «lociil 9 simul aafo fessa fatisci.
Hue accedit, utï yideamus f corpus ut ipsum 4Si
Siiscipere immaneis morbos durumque laborem ;
Sic animum curas acreis luctumque tnetumque :
Quarc participera leti quoque convenit esse,
Qnin eliam morbis in corporis a?ius errât
Saepe'ânliBus ; démentit euim y deliraque fatur : 4§§
Interdumque gra?i lethargo fertur in affina
iEternumque soporein 9 oculis nuttique cadenti :
Unde neque eiaudit TOCOS, nec noscerc voltus